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Contes cruels

Publié le 06/04/2013

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Le volume des Contes cruels est édité en 1883 chez Calmann-Lévy après que la plupart des récits eurent été publiés plusieurs fois auparavant dans des journaux et des revues. Après la publication des Contes, avec lesquels Villiers connut un certain succès, il publie L' Ève future (1886) et signe la même année un contrat avec la maison Quantin pour la publication d'Axel. Parmi ses ouvrages suivants, citons : Tribulat Bonhomet (1887), Nouveaux contes cruels et propos de l'au -delà ( 1888).

« Villiers de L'I sle-Adam est né à Saint-Br ieuc l e 9 novembre 1838 et, ayant mené une vie mouvementée et misérable , il meurt le 18 août 1889, après avoir épou sé, in extremis, Marie Dantine afin que soit l égitimé leur fils Victor.

« Le vertige lui ôtait la faculté de parler .» EXTRAITS L'illusion présente Il ne pouvait que la trouver toujours pré­ sente, ta nt la forme de la je un e femme était mêlée à la présente, sienn e.

Tantôt , su r un banc du jardin, les jou rs de soleil , il lisait, à haute voix , les poésies qu'elle aimait; tan­ tôt, le soir, auprès du feu , les deux tasses de thé sur un gué ridon, il causait avec l' Illusion souriante , assise, à ses yeux, sur l'autre fauteuil.

Les jours , les nuits , les semaines s' envo l è­ rent.

Ni l'un ni l 'autre ne savait ce qu 'ils accomplissaient.

Et des phéno mèn es singu­ liers se passaient maintenant, où il deve nait d iffi cile de distingue r le point où l' ima­ ginaire et le réel étaient identiques.

Une présence flottait dans l'air : une forme s'efforçait de transparaître, de se tramer sur l'espace devenu indéfinis­ sa bl e.

Songe ou réalité ? « En ce mom en t, l'heure sonna , de­ hors , à l'église, dans l e vent nocturne.

»- Qui es t là ? de­ mandai-je , à voix basse .

» La lueur s' étei­ g nit : j'allais m' ap­ procher ...

» Mais la port e s'ouvrit, largement, l enteme nt, silencieu­ sement.

» En face de moi, dans le co rrid or, se tenait , debout, une forme haute et noire, -un prêtre, le tricorne sur la tête.

La lune l'éclairait tout enti er à l'exception de la figure: je ne voya is que le feu de ses deux prunell es, qui me co nsidé ­ raient avec une solennelle fixit é.

» Le so uffle de l'autre monde env elo ppait ce v isite u r, son attitude m'oppressait l'âme.

Paral ysé par une frayeur qui s'enfla instantanément jusqu 'au paroxysme, je contem plai le déso­ lant pers on na ge, en s il ence.

» Tout à cou p, le prêtr e éleva le bra s, avec le nt eur , vers moi.

Il me pr ésentait une c h ose lourde et vagu e.

C'était un manteau .

Un grand mant eau noir , un manteau de voyage.

Il me le ten­ dait , co mm e pour me l' offri r! ...

» Je fe rmai les yeux, p o ur ne pa s vo ir cela .

Oh! je ne voulais pas vo ir cela ! Mais un oiseau de nuit, avec un cri affreux, passa entre nous, et le ve nt de ses ailes, m' effl e u­ rant les paupières, me les fit r ouvrir.

Je se ntis qu'il voletait par la chambr e.

» Alors, -et avec un râ le d'ango isse, car l es forces me trahis saient pou r cr i er, -je repoussai la porte de m es deux main s cr is­ pées et éte ndues et je donnai un vio le nt tour de clef, fréné tique et les cheveux dr essés! » Chose singulière, il me sem bla que tout ce la ne faisait aucun bruit.

» C'était plus qu el' organisme n'en pouvait su pp o rt er.

Je m'éveillai.J'étais sur mon séan t, dans mon lit, les bras tendus devant moi ; j'é tais g lacé; le front trempé de su eur ; m on cœ ur frappait contre les par ois de ma p oitrin e de g ros coups sombres.

» « N'espère pa s me per s uader que tu n'as connu de l'amour que ces va ins abandons ...

» NOTES DE L'ÉDITEUR « Dépassant les apparences, il fait du conte un e sorcellerie évocatoire et pratique l 'art du symbo le.

Il a vo ulu su ggérer des rapports intimes entre les choses, des correspondances entre la natur e hum a ine et sa demeure , son vête ment , ses meubles et objets fam iliers, indiqu er ses lien s avec la natur e, Je monde anim al et l e mond e spiri tuel.

Non content de saisir les comportements extérieurs des homme s de so n époque, il a tâché de pénétrer leurs a rrièr e-pens ées ; il les a confrontées avec les grande s loi s de la vie , de la mort et de 1 'au-delà .

Il a constamment rappelé que la Terre est habité e par des pa ssa nts égarés e ntre l 'abîme de leur origine et celle de leur avenir inconnu .

» Présent ation des Œuvres de Villiers de l'Isle-d'Adam , A lan Raitt et Pi erre- Georges Castex , Gallimard , 1986.

« Voici donc ce qu' il lui arrive tout à coup, dix-sept ans après qu' il s'est endormi .

La Gloire vient, la gloire toute nue, sans aile ni auréole , la gloire des mi sérable s.

Elle le tire de son sé pulcre et dressant le cercueil, elle en arrache les planche s d'une irrésis tible main ..

.

Le pauvre grand poète qui n'es t pa s mort , pui sque nul ne peut mourir , entrouvre l es yeux comme un criminel mal éveillé qui se demanderait si c'est l'heure de son jugement ou ) 'heure de son supplice.

» Léon Bloy, La Rés urr ection de Villiers de L'I sle-Adam, 1906.

1 Photo de Loys Delteil , Goldner/S ipa lcono 2,3,4,5 Eaux-fortes de P.

Maurice Vigoure u x, Kieffer Libraire, 1925 VILLIERS DE L 'I SLE-ADAM 02. »

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