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Les romans champêtres : la Mare au diable, les Maîtres sonneurs, etc. (SAND)

Publié le 13/10/2018

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Les romans champêtres : la Mare au diable, les Maîtres sonneurs, etc.

 

Il fut un temps, pas très éloigné, où la production romanesque de George Sand se réduisait presque à la trilogie la Mare au diable (1846), la Petite Fadette (1849), François le Champi (1850). Cette réduction s’accompagnait d’une admiration que consacraient les distributions de prix et les programmes d’enseignement : George Sand, écrivain pour classe de quatrième! Et cette admiration, Proust la partage, qui voit dans François le Champi l’« essence du roman», pour des raisons qui tiennent plus peut-être aux souvenirs d’enfance et à l’esthétique de la Recherche du temps perdu qu’à celle qui régit l’œuvre de George Sand. Celle-ci a bien failli mourir une seconde fois, et de cette réduction et de ces consécrations.

 

Qu’en est-il aujourd’hui? Pour avoir disparu des programmes scolaires, George Sand a retrouvé une plus large audience, bénéficiant en particulier de l’essor du livre au format de poche. Le cycle même des romans champêtres s’est étendu, sans qu’il apparaisse souhaitable de fixer des limites précises de genre et de dates. Surtout il devient possible de les aborder autrement. Le plus célèbre d’entre eux : la Mare au diable, n’est ni le conte rose auquel on tendait à l’identifier ni le roman diabolique auquel son titre pouvait faire penser.

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« Ce n'est sans do ute pas l'entr ée principa le dans une œuvre qui, avec ses dimensio n s modestes, la simplicité de sa structure, les dix-sept stat ions de ses chap itres, ressem ble, de l'ouverture de son po rche à son dén oue­ ment en abside, à l 'égl ise de Nohant.

Un peu l'équ iva len t du Saint-André-des-Champs de la R echerche.

Et de même que Proust, à propos de Françoi s le Champi, par le d'« essence du roman », de même nous pouvons dire que la Mare offre, dan s ses quelque ce nt pages, la quin tes­ sence du r oma nesq ue ...

ch am pêtre.

No n pas un romanes­ que déb ridé ou chimériq ue : d ans ce mo nde du tra vail et de la pauvreté, la mo rt impose d'abord sa prése nce à travers le tableau d'Holbein, et la menace e n cou rt à travers tou t le roma n , liée à la vie quotidienne .

Mais u n romanesque qui repose tout en tie r sur la question d u remariage de Germain co mme assu rance sur la vie.

C ' est ce roma nesque qui préside à l'expéd ition qui doit ame ner Ge rm ain à contracter un nouveau mariage avec une riche veuve des environs et qui , b ascula nt autou r de la péripé­ tie d'une nuit à la belle étoile, lui fait déco uvri r la ric hesse mora le de l a jeu n e voisine qu'il a emmenée avec lui pour rendre service.

L'a ller et retou r du roman est à l 'image de cette inversio n heureu se à l aq uelle l'enfant, Pe tit-Pierre, appo rte la cautio n de l'inno cence.

La ma re au diab le au r a été, con tre o u selon to u te att en te, celle du bonheur.

Il se peut que 1 'art du sec ret ne so it pas la quali té majeu re de cette œuv re.

Tout est dit de ce que la r~ma n­ cière a vo ulu faire(« la miss io n de l'art est une miSSIOn de sentiment et d'amo u r » ), de la façon do nt elle veut qu' on la lise (le roman comme «parabo le>>), de l'ant i ­ dote qu'elle préte nd apporter à des œuvres comme le P aysan perverti et les Liaisons dangereuses .

_!.-e lectl~ur n'a guère de doutes sur l'issue du voyag e, meme si, ICI ou là, il a un peu peur.

Le rêve virgilien (« 0 fortu_natos nimium ...

»)s'est e n richi d'une p romesse messiamq ue: « U n jou r vie ndra où le laboureur pourra être aussi u n artiste ...

».

Dans cette atte nte, la romancière n e cherche pas à forcer son tale n t et préfè re rester à 1 'u niss on des êtres et des choses qu'elle déc rit e t r aco nte.

Ainsi le roman, écrit en quatre jours, va, au pas de la Gri~e (la jumen t emblématique), son bonhom m e de chenun.

Il n'en aura pas moins traversé, «sous les grands chênes», des zones plu s ombreuses : non q u ' il faille pri vilégier nécessairement les ombres, mais c'es t un fait qu'elles donnent de la profondeur a u tablea u , profondeu r de cette nui t où s'en trecroisent, da ns la natu re et entre les êtres, la tombée du broui llard et la montée du désir.

S i 1' on est plus porté vers ce q ue le roman champ êtr e peut avoir de vraim ent my s té ri e ux , symboliqu e, ini ­ tia tiqu e m ême, c'est aux Maîtr es ~onneurs q_u,'on s'ad ressera : réd igé en sept o u hm t sema mes et publie en 1853, ce roman, dans sa relation entre deux régions tou ­ tes proche s (le Berry et le Bourbonnais, la p laine et la forêt, avec u n clin d'œil du côté du pays de l'As trée) et au f il d es trente-deux veillées de sa narration , op ère m u sica leme nt la synthèse des vertu s du ge nre , vérit able raccourci de Consuelo et de la M are au diable, c'est-à ­ dire du grand roman et du « petit chef- d'œuv re» (Sainte­ Be uv e).

T oute l'âme de George Sand résum ée, son art porté à la perfec tion fon t des Ma ftres ~onneur s son n:a~­ tre roman, peut-être parce que son écnture, dans un rec1t qui donne une grande place au dial ogue d'essence dra ­ matiq u e, atteint u ne q ualité de poés ie remarquable.

Les Maître s sonneurs.

- Autant lïntrigue de la Mare au diable est simple .

autant celle des MaÎtres sonneurs est complexe.

Nous reproduisons ici le résumé proposé par Marie-C laire Bancqua rt dans rédition citée (p.

6) : .

.

"Ëtien ne Depardieu raconte en 1828 cett e h1sto1re QUI se déroule à part ir de 1770.

quand on rappe lait "T ienne !"" et qu'i l préparait au bourg de Sain t-Chartier.

dans rlndre .

sa prem iè re communion.

avec sa cousine Brulatte et Joseph, d it ··Joset l'ébervi gé ··.

Tout en n·oub llant pas la pâle et cha r­ mante fillette inc onnue qu' il a rencontrée au cours d"un voyage.

T iennet tombe amo ureux de Brulette.

Joset a la r évélat i on de ses dons de mus icien grâce à un mu letier du Bou r bon nais.

Hurie l.

qui l'e ngage à aller appre ndre aupr ès de son père.

le grand bûcheux, le véritable art de la cornem use.

«Dix-hu it mo is plus tard.

J ose t.

ma lade.

réclame Bru­ lette.

qui part le rejoindre avec Tiennet et Huriel.

Jose t est soigné par Thé renee.

en qu i T ie nnet reconnait la fillette de jad is .

Nombreux inciden ts.

rixes avec un mu let ier.

qu"Hurie l tue; voyage de retour jusqu" à Samt-Chart i er.

«La fam ille d"Hurie l s'installe dans le Berry.

Hu riel épouse Bru latte et Tie n ne t Thérence.

cependant que Joset.

qui non sans difficultés et violences a forcé rentrée de la corporatio n des maitres sonneurs de Saint-Chart ier.

prend la route avec le grand bOcheux pour se donner tout enti er et librement à l a musique .

Quelques mois après.

le grand bOcheux revient seul : Joset a été assassiné dans le Mor­ van par un groupe de sonneurs que sa ja lous ie et son orguei l avaient provoqués"· Certains passages, par le sys tème d'opposition des cou leurs que soulignent la for me (sy ntaxe , all itérations) et l a poésie qui s'en dégage, fon t songe r à tel passage de Sylvie .

Il n'y a rien de sca nd aleux à faire le rappro che ­ ment ent re George Sa nd et N er val qui, d an s une lettre du 5 novemb r e 1853, trois mois après la p ubl icat ion des Maîtr es sonneurs, dema nd ait à M a urice Sand des croquis pour illust rer sa nouvelle, qu'il définissa it a insi: «C'est une sor te d 'idylle, dont votre illustre mère est un peu cause par ses bergeries d u Ber ry».

Bel hommage à l'au­ teu r des romans rustiques.

En tout cas, il vau t la pei n e de pratiquer auss i sur eux et, en particulier, su r les Maîtres sonneu rs Je jeu de la « micro lectu re» (J.-P.

Richard ).

BffiL IOGRAPHIE Pour les romans champeLres, on se reportera aux > qui accompagnent les nombreuses éditions de poche et qui sont souvent bien faites.

Nous voudrions signaler celle de Marie­ Claire Bancquart pour les Maftres sonne11rs dans la coll.

«Folio,.

(1979} : 6dition copieuse, bien informée, alertement écrite.. »

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