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LETTRES de Dante.

Publié le 31/08/2015

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LETTRES de Dante. Ces treize lettres en latin de Dante Alighieri (1265-1321) sont les seules que nous possédions de toutes celles qu’il écrivit pendant son exil. Sur chacune d’elles, on n’a guère que des renseignements assez vagues. Dans celles, par exemple, que Dante adressa au peuple de Florence et à certains membres du gouvernement, il se plaint de son exil injuste et rappelle tous les services qu’il rendit à sa patrie, à commencer par sa participation à la bataille de Campaldino. Gentilhomme et lettré, citoyen et homme de parti, penseur et poète, Dante a toujours conscience de sa dignité et de sa grandeur morale. Sur le plan chronologique, la première de ces lettres est celle que Dante adresse au cardinal Niccolô da Prato, légat du Saint-Siège en Toscane (1304). Il l’avait écrite au nom du capitaine Alessandro da Romena, des comtes Guidi et du Conseil du Parti des Blancs. Avec une fermeté pleine de dignité dans ses propos et ses vues, il dit la reconnaissance des Blancs pour l’œuvre de pacification patronnée par le cardinal dans leur cité malheureuse. Il déclare que les Blancs sont prêts à coopérer avec lui et qu’ils se défendent d’avoir pris les armes pour autre chose que pour rétablir les lois de la vie civile et assurer au peuple florentin la liberté et la paix. De la même année (1304) est la lettre de condoléance adressée par Dante, avant de se séparer de la ligue des émigrés Blancs, aux comtes Oberto et Guido da Romena à l’occasion de la mort de leur oncle Alîssandro. « Chassé de sa patrie et exilé sans raison «, Dante exalte la glorieuse mémoire de cet Alessandro et avoue qu’il avait mis en lui toutes ses espérances. — Deux autres lettres, l’une adressée à Cino da Pistoia et l’autre, au marquis Moroello Malaspina, nous ramènent à des sujets de méditation plus agréables : la poésie et l’amour. Dans la première, sur la demande de Cino, Dante s’efforce à résoudre la question de savoir si notre âme peut se donner tout entière à quelque nouvel amour qu’il lui advient de ressentir. Pour illustrer sa conclusion, il compose le sonnet qui commence ainsi « Je m’en fus avec l’Amour « [Io sono stato con Amore insieme ]. Dans l’autre lettre, l’auteur nous dit comment, ayant quitté la cour de

 

Malaspina (1307) pour se rendre en Valdarno du Casentino, il tomba follement amoureux de certaine jeune femme. Amour « despotique et tyrannique «, comme en témoigne la belle chanson qu’il écrivit à cette occasion : « Amour dont il faut bien que je me plaigne « [Amor, da che convien pur ch’io mi doglia]. — Mais entre toutes les lettres qui nous sont parvenues, il faut admirer surtout celles qui furent écrites lors de l’arrivée en Italie de Henri VII de Luxembourg. Ici, l’on demeure confondu devant la beauté du style et la richesse de l’inspiration. Toute la personnalité de Dante se détache avec fermeté sur le fond des pires événements historiques. Dante nourrissait l’espoir que sortirait de ce désordre un ordre nouveau, un ordre qui assurerait le salut de l’Italie et de la catholicité tout entière. Cet Henri VII de Luxembourg, « divin, auguste et vrai César «, venait délivrer l’Italie des mécréants. Dante exhortait les Lombards à accueillir avec ferveur ce roi magnanime, car son pouvoir venait de Dieu et, de ce fait, il avait barre sur tout le reste. Il exhortait les Italiens à se porter en masse à la rencontre de ce roi, qui était le leur, étant tout à la fois le roi universel et leur gouverneur direct. Des Alpes à la nier, tous devaient voir en lui leur maître, car sa juridiction était celle-là même de l’empire romain, cet empire que Dieu a prédestiné au gouvernement du monde à travers la parole du Christ. 

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