OVIDE : Les Tristes

« Illustrati on J.

S imon O vid e n'est pas se u ­ l e m ent un des plus ém o uvants parmi le s po ètes latins en rais on de son destin tragique ; c' est aussi un des plus célè ­ br es et ce la dès son vivant .

Hormis Les Tri stes e t Les Ponti­ ques , œu vres comp o­ s é es durant /'exil, les principau x re cueils d 'O v ide so nt L 'Art d 'aimer e t Le s Mét a­ morpho ses.

Dans so n e n se mbl e, la poés ie d 'Ovid e a beau coup marqu é la littératur e occ identale, prin ci­ pal em ent au M oyen A ge et à l' âge clas­ siqu e.

Le livre L'exil 0 vide , célèbre poète à la cour de l'empereur romain Au­ guste , est contraint par ce dernier à l'exil définitif .

Le recueil Les Tristes décrit son départ, le nouveau pays qui le rend nostalgique de Rome, ses activités dans l'isolement.

Il lui faut d'abord se séparer de sa famille, de ses amis, de sa ville, qu'il aime, pour se rendre à Tomes ; cette bourgade, située sur les rives du Pont-Euxin , l'actuelle mer Noire, est la patrie des Gètes, peuple barbare soumis à l'autorité romaine.

Commence alors l'horreur de la traversée, au cours de laquelle Ovide prie pour ne pas périr, tant les tempêtes sont violentes.

Une fois arrivé à Tomes, Ovide, poète de cour mondain et raffiné, subit la rudesse des mœurs des Gètes , chasseurs et paysans, et la rigueur du climat, surtout l'hiver, où il affronte un gel inconnu à Rome.

Il décrit dans un long poème toute 1 'horreur que lui inspire l'hiver dans ces contrées lointaines et sauvages .

Là, il passe son temps à méditer, sur la mort et la vieillesse, à écrire à sa femme et à ses amis et à clamer sa détresse.

Une autobiographie élégiaque L es Tristes qui, avec Les Pontiques, forment une manière de cycle poétique tout entier consacré au thème de l'exil et aux lamentations d'Ovide, s'apparentent à deux genres litté­ raires à la fois : l'autobiographie et l'élégie.

Ovide connut un exil réel, dont on sait malles causes : il s'agit sans doute d'une intrigue amoureuse ayant déplu au prince tout-puissant de l'empire .

La thèse souvent admise, et aussi la plus vague, re­ tient l'idée qu'Ovide aurait assisté à un événement auquel il n'aurait pas dû participer.

Nous comprenons mieux alors le caractère élégiaque et nostalgique de beaucoup de poèmes du recueil.

Car la façon dont Ovide conçoit l'exil se distingue tout à fait de la vision traditionnelle qui est donnée dans la littéra­ ture occidentale.

Aucun poète ne s'est plaint de l'exil comme Ovide , aucun peut-être n'en a souffert comme lui.

Nombreux furent ceux qui évoquent un exil symbolique ou choisi de plein gré .

Pour Ovide , l'exil n'est pas une source de création, mais la mort.. »