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PENSÉES, 1670. Blaise Pascal, 1623-1662. Recueil de fragments et d’aphorismes, rassemblés et publiés par ses amis.

Publié le 29/09/2018

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pascal

S’il est vrai que notre intérêt pour les Pensées doit sans doute beaucoup à l’état d’inachèvement de certaines d’entre elles, qui nous permet de les goûter dans toute la fraîcheur de leur éclosion, sans nous priver pour autant des admirables séquences, celles-là entièrement rédigées, où s’affirme le génie de l’écrivain, nous n’en sommes pas moins condamnés à ne jamais savoir quelle fut l’œuvre que Pascal avait réellement l’intention d’écrire. En effet, si l’on considère les diverses interprétations auxquelles ont donné lieu ces fragments posthumes, de même que les multiples façons dont on les a classés et publiés, on se trouve en présence, non pas d’une œuvre, mais de plusieurs. Ainsi, depuis trois siècles, les érudits se disputent — sans pouvoir appuyer sur des

arguments définitifs leurs diverses opinions — sur l’importance respective des preuves que Pascal entendait donner de la religion chrétienne dans les Pensées.

 

Au lieu de fonder en raison la vérité de la religion chrétienne, comme l’avaient fait avant lui d’autres apologistes, et notamment Descartes, Pascal en trouve les preuves dans la faiblesse même de l’homme, égaré par l’amour-propre et la concupiscence, faiblesse qui ne saurait s’expliquer que par le péché originel. L’homme étant incompréhensible sans Dieu, c’est donc à partir de la nature humaine que l’on sera conduit à admettre les vérités divines.

 

Sans doute est-ce là la méthode adoptée par Pascal pour ramener à la foi les sceptiques et les libertins. Mais ce qui a fait la fortune exceptionnelle des Pensées, ce n’est assurément ni leur force démonstrative ni leur valeur apologétique. Tout au contraire, si cet ouvrage a exercé et continue d’exercer une telle fascination sur les esprits les plus divers, c’est en raison du spectacle qu’il offre de l’homme : créature chimérique égarée au sein d’un univers inintelligible, déchirée par ses propres contradictions, privée de points de repère et qui, selon l’expression de l’auteur, «cherche en gémissant».

 

Ce n’est donc pas en exposant, de manière dogmatique, ce qu’il pense être la vérité que Pascal nous oblige à réfléchir sur notre propre condition, mais en nous montrant, par des exemples qui s’imposent d’eux-mêmes tant ils sont exposés dans leur plus concrète et leur plus troublante évidence, que l’homme reste pour l’homme un mystère et que Dieu lui est désespérément caché.

 

Certains fragments sont la simple notation d’une idée qui, faute d’avoir été développée, demeure obscure ; d’autres sont l’expression d’une pensée plus accomplie, mais qui pourtant intrigue encore. Dans l’un de ces longs développements, Pascal souligne l’importance de «l’esprit de finesse», qui seul est capable d’embrasser d’un seul regard des phénomènes complexes et délicats. Ainsi c’est lui qui nous fait connaître l’homme dans la double perspective de sa misère et de sa grandeur, celles-ci étant indissolublement tributaires l’une de l’autre.

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« Le plan détaillé est rapp elé entre crochet s pour vous aider, mais il ne do it en aucu n cas figu rer sur votre copie.

[I ntr oduc tion] La notion de « class icisme >>, si elle fut inventée au XIX" siècle pour les besoins de la cause romantique, correspond bien à une réalité, à une recherche esthétique qui caractérise le XVIIe siècle : la périod e du règne personnel de Louis XIV est marquée par la quête d'un ordre social, poli­ tique qui influ ence la vie culturelle.

Les règles de symétrie, de mesure, de rigueur fondent la littérature.

On a tendance à cons idérer Pascal, dont les Pe nsées ont été publ iées en 1670, comme un pur représentant de cette conception rationnelle de l'art d'écrire.

Or, un double problème se pose : la réda ction de l'œuvre, que l'on s'accorde généralement à fa ire débuter en 16 56, et qui s'achève en 1662, précède historiquement l'apog ée du courant artistique ; en outre, le texte, malgré sa forme brève, fait pa rfois preuve d'une exubérance qui s'écarte apparemment des préceptes classiques.

C'est po urquoi on peut se demander dans quelle mesure les Pensées relèvent de cette esthétique qu'on leur attribue a prio ri.

Si celle-ci est semble-t-il à l' œuvre dans la recherche d'une écriture de l'épure et de la variété, l'œuvre se caractérise également par ses accents baroques, utilisés peut-être précisément pour rejoindre l'idéal classique de naturel et de transpar ence.

[1 -Une écritur e classique ?] [1 .

Les idéaux classiques] La culture classique se caractérise par les idées de naturel, de clarté, de mesure.

Ses théoriciens empruntent notamment leurs concepts à Aristote qui professe le ju ste milieu dans son Éthique à Ni comaque.

C'est le fameux > entre « deux infinis >> que figure l'homme dans le fragment 38.

Le jugement des contemporains de l'auteur paraît corroborer cette thèse.

En effet, Madame de Sévigné, dans sa lettre du 15 janvier 1690, témoigne de l'a dmiration de Boileau pour cet « auteur si merveilleux >> qui surpasse «a nciens >> et «m odernes >>.

Or, Boileau, auteur d'un Art poét ique paru en 16 7 4, a été considéré comme le théoricien du classi cisme.

Il convient donc de rechercher dans le texte la preuve de la mise en œuvre de cette esthétique.. »

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