RÉSUME ''LES BONNES'' DE JEAN GENET
Publié le 27/01/2011
Extrait du document


«
Il y a donc unité d'action, unité de temps ( car tout se passe en une soirée ), et unité de lieu ( c'est à dire la
chambre ).
Cette chambre est un espace magique, car il est ensorcelé.
C'est le monde mental de celles qui le
hantent : appartement empoisonné, appartement de messes noires, appartement qui figure l'âme des Bonnes.
La
chambre de Madame est le décor réel.
Les Bonnes y sont déplacées.
Elles y remplacent leur travail par des
cérémonies puis un meurtre.
Par ailleurs, le lieu est neutralisé par l'absence de son occupante légitime.
La cuisine
est à côté, image invisible et inversée de la chambre, lieu de leur travail où trône l'évier aux odeurs immondes alors
que la chambre est remplie de fleurs.
La mansarde est au dessus, invisible elle aussi.
c'est l'univers des Bonnes, la
chambre caricaturale où les fleurs sont en papier et où s'aiguise leur jalousie morbide .
Tout s'ordonne autour de la
chambre.
se glissant dans le lieu interdit et sacré comme dans la peau de Madame, Claire et Solange font de toute
la pièce un entracte.
Leur existence réelle, les Bonnes nous la racontent.
Le théâtre réduit le monde au langage.
Ce
qu'elles jouent devant nous, c'est une existence fantasmatique.
Le théâtre est le lieu de l'illusion.
Le monde extérieur, c'est d'abord le Palais de Justice décrit par Madame qui nous le raconte.
C'est ensuite le
cachot, un lieu clos, symétrique de la chambre.
Il y a le cachot dans l'imagination de Madame ainsi que le bagne.
Ces degrés différents d'enfermement et d'absence permettent de sacraliser Monsieur dont Solange est amoureuse,
à la fureur de Claire.
L’extérieur, c'est aussi la cabine téléphonique et le bar qui permettent à Monsieur de renouer
concrètement avec Madame.
Ces lieux sont toujours hors de portée des Bonnes .
Pour ce qui est du monde mental,
il est composé de lieux et de personnages, images de l'appartement où se déroulent la parade nocturne de Claire et
le meurtre de Solange .
Les personnages sont essentiellement les figurants et les acteurs du triomphe de Solange et Mario, le laitier dont les
visites nocturnes empoisonnent les rapports entre les deux s œurs.
Parallèlement, il y a la fenêtre.
Cette fenêtre
donne sur le monde.
Les Bonnes sont prises entre deux regards, c'est à dire le nôtre qu'elles ne voient pas, puisque
c'est la convention du théâtre, et celui d'un public imaginaire aux yeux duquel elles s'exhibent .
Le théâtre , c'est
aussi le jeu des regards .
Les rideaux de la fenêtre sont comme des robes : rideaux qu'on ouvre et qu'on ferme à
l'image de la libération et de la mort .
Le jeu des vêtements est subtil.
Il a la rigueur classique du symbolisme des
couleurs : le rouge, qui est la couleur du désir, le noir celle du deuil, le blanc qui symbolise l'assomption.
Mais tout
cela se brouille.
Le rouge est aussi la couleur des juges et des condamnés, et la robe blanche celle du deuil des
reines.
Ce sont les robes qui marquent la distance qui sépare Madame des Bonnes.
Ce sont des accessoires du
corps, montrés ou cachés.
Les robes participent à l'érotisme et à la haine dans cet univers trouble.
Entre caresses et
agressions, habiller Madame, c'est l'adorer en la dominant, c'est l'avoir entre ses mains .
Lorsque Claire est
habillée dans le rôle de Madame, c'est en fait ne posséder qu'une image, et c'est une façon pour Solange de tenir
Claire à sa merci .
Les fleurs sont réparties dans toute la chambre, ce qui donne une atmosphère étouffante à cette
pièce, à la fois chapelle et tombeau.
Il y a les fleurs funèbres de la chambre sous lesquelles Madame sera ensevelie,
les fleurs fanées dont elle comble Claire et Solange.
Ces fleurs sont à la fois symbole de mort et de féminité .
Tout le
décor de la chambre est baroque.
A travers Madame, ce sont elles-mêmes que les Bonnes flagellent.
Elles s'aiment
et se haïssent et leur pulsion de mort est suicidaire.
La souffrance éclate partout dans la pièce avec violence et
accompagne la transgression des interdits .
Il y a un va-et-vient vertigineux entre le sacré et le profane.
C'est le
couple infernal du criminel et de la sainte.
Les gants de caoutchouc deviennent des objets liturgiques et à l'inverse
on crache sur la robe de parade.
Naturellement, la sexualité est à la fois sublimée et sordide, cérémonieuse et crue.
Le drame des Bonnes peut se lire comme une métaphore de la sexualité.
Il peut donc se lire comme une métaphore
du théâtre lui-même, jeu perpétuel de l'autre, lieu de toute aliénation..
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