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RIMBAUD: Une saison en enfer (Fiche de lecture)

Publié le 21/11/2010

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rimbaud

«Je n'ai jamais été de ce peuple-ci, je n'ai jamais été chrétien ; je ne comprends pas les lois ; je n'ai pas le sens moral, je suis une brute...«

Il se proclamait «nègre«

«Je suis une bête, un nègre.«

Il avait d'ailleurs voulu intituler son oeuvre Livre nègre. Mais, dans sa «Nuit de l'enfer«, il abandonne sa révolte contre les autres: le mal gît au fond de lui.

«Je devrais avoir mon enfer pour la colère, mon enfer pour l'orgueil, - et l'enfer de la caresse; un concert d'enfers.«

rimbaud

« «Je meurs de soif, j'étouffe, je ne puis crier.

C'est l'enfer, l'éternelle peine !» et, plus loin: «Extase, cauchemar, sommeil dans un nid de flammes.» L'ENFER EST EN NOUS Le poète est emporté par le tourbillon de son désespoir.

Dans «Mauvais sang», il avait encore la force de se révoltercontre le monde autour de lui.

Il stigmatisait les «prêtres, professeurs, maîtres», il se savait étranger à leur «fouleexaspérée»: «Je n'ai jamais été de ce peuple-ci, je n'ai jamais été chrétien ; je ne comprends pas les lois ; je n'ai pas lesens moral, je suis une brute...» Il se proclamait «nègre» «Je suis une bête, un nègre.» Il avait d'ailleurs voulu intituler son oeuvre Livre nègre.

Mais, dans sa «Nuit de l'enfer», il abandonne sa révolte contre les autres: le mal gît au fond de lui. «Je devrais avoir mon enfer pour la colère, mon enfer pour l'orgueil, - et l'enfer de la caresse; un concertd'enfers.» Ce pluriel saisissant fait soudain grouiller tout un peuple de démons au coeur même de l'être.

Rimbaud découvreavec horreur que l'enfer est en lui, qu'il est irrémédiablement damné.

Cette révélation négative, c'est auchristianisme qu'il la doit: «Je me crois en enfer, donc j'y suis.

C'est l'exécution du catéchisme.

Je suis esclave de mon baptême.Parents, vous avez fait mon malheur et vous avez fait le vôtre.

Pauvre innocent! L'enfer ne peut attaquer lespaïens.» La conscience de la faute n'existe que pour ceux qui ont été élevés dans la religion.

Ceux qui l'ignorent restent àjamais dans une innocence heureuse.

En donnant à l'homme le sens du Bien et du Mal, le christianisme rend toutevie impossible, tout amour néfaste, toute création illusoire.

La foi est cette «fameuse gorgée de poison» que lepoète a avalée, ainsi que le dit la première phrase du texte.

Elle lui «brûle les entrailles» et tord son âme dans unsupplice sans fin. 2.

LE RENONCEMENT DU «VOYANT» Sur les ruines de ce monde dévasté, la poésie aurait dû, semble-t-il, édifier un royaume nouveau.

Il n'en est rien.Une saison en enfer balaie dans sa violence radicale toute la création des années précédentes.

Elle proclame en particulier l'inanité de la célèbre «théorie du Voyant».

Rimbaud renie le temps où sa vie «était un festin oùs'ouvraient tous les coeurs, où tous les vins coulaient», comme il le dit dès la première phrase du texte d'ouverture. Qu' est-ce que la «théorie du Voyant»? En 1871 Rimbaud a écrit deux lettres, qui sont le manifeste de la poésiefuture.

Elles sont connues sous le nom des «Lettres du Voyant» car Rimbaud y désigne le poète par ce terme.

Le but d e lapoésie est d'«arriver à l'inconnu», d'«inspecter l'invisible» et d'«étendre l'inouï». «Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens.

Toutes les formesd'amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons [...] il devient entre tousle grand malade, le gi and criminel, le grand maudit, et le suprême savant !» Une saison en enfer est l'aboutissement de ce désir de faire reculer les frontières du connu.

C'en est le constat d'échec, «l'Histoire d'une de mes folies», comme le dit Rimbaud au début du texte intitulé «Alchimie du Verbe», danslequel il repend son itinéraire poétique, et le juge : «Je finis par trouver sacré le désordre de mon esprit».

Et il ajoute, dans le poème suivant, «L'Impossible» : «Mon esprit, prends garde.

Pas de partis de saluts violents.» Cette violence que Rimbaud a vécue jusqu'au bout, lui, le bagarreur, le hargneux, qui se roulait dans la boue avecVerlaine, «ce porc» («Alchimie du Verbe»), ne peut mener qu'au désespoir absolu et au silence. «Ma santé fut menacée.

La terreur venait.

Je tombais dans des sommeils de plusieurs jours, et, levé, jecontinuais les rêves les plus tristes». À l'excitation du «voyant» qui se croyait «mage» et «maître en fantasmagories» succèdent l'amertume et le dégoût.. »

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