La «Chanson de Roland»

« LE CONTEXTE Daté de 1080 environ, ce chef-d'oeuvre est d'auteur inconnu ; on doute que ce soit le « Turoldus » signataire dudernier vers.

Cette chanson de geste est un poème épique qui narre les exploits d'un héros, Roland, dévoué auservice d'une grande cause : la chrétienté.

Les faits rapportés sont vieux de trois cents ans (778), mais prochesdes préoccupations du temps, puisque la première croisade date de 1096 et qu'en Espagne la reconquêtechrétienne, la Reconquista, est en cours ; La Chanson de Roland s'inspire des valeurs chères à la société féodale :fidélité au suzerain, bravoure sans faille. LE TEXTE Charlemagne lutte victorieusement depuis sept ans contre les Maures.

Seul résiste Marsile, roi de Saragosse.

Qui iranégocier avec lui ? Roland, le neveu de Charlemagne, propose Ganelon, lequel, vexé, trahit : l'arrière-garde franque,commandée par Roland, sera attaquée à Roncevaux.

La bataille a lieu.

[héroïsme est vaincu par le nombre et Rolandsuccombe, avec ses douze pairs.

Avant de mourir, il a finalement sonné du cor.

Charlemagne revient, découvre lecarnage, défait Marsile.

Il rentre à Aix-la-Chapelle : la fiancée de Roland, la belle Aude, meurt de tristesse.

Ganelonest châtié.

Et Charlemagne devra guerroyer, encore et toujours. LES THÈMES MAJEURS •Les protagonistes sont de vrais héros par leur courage physique, leur énergie, leur droiture, leur respect du «lignage » (la famille) et de l'amitié, leur dévouement entier à Dieu, au roi, au suzerain.•Ces héros, au service de Dieu, sont des saints, chacun à sa manière : Charlemagne, par l'usage qu'il fait de safonction impériale et par sa constance ; Olivier, par sa détermination raisonnée ; ola nd, par son audace confiante ;et tous, sans exception, par la bd en Dieu — au-delà des échecs terrestres — et par l'espérance en t iii universréconcilié.• L'humanité avec ses faiblessesCes héros sont toutefois des hommes, avec leurs limites.

Charlemagne éprouve de la lassitude.

Roland pèche parorgueil, par démesure ; il se querelle avec son compagnon Olivier ; sa mort est la mort d'un saint qui se repent deses fautes.

L'anti-héros lui-même est un homme.

Ganelon n'est pas un lâche, un couard ; s'il trahit, c'est parrancoeur, chargé d'une mission difficile et sans panache.Ln marge de cet univers mâle, il y a une femme, qui ne peut vivre sans Roland : la belle Aude. L'ÉCRITURE • Un poème de l'oralLes quatre mille vers sont destinés à être récités et écoutés.

Au lieu de rimes (visage/voyage), des assonances :seule la dernière voyelle tonique reste identique (visage/pâle).

En guise de strophes, des laisses constituées de cinqà trente décasyllabes.

Une mélodie soutient la récitation, avec des pauses entre les laisses.• Force et sobriété des effetsParticulièrement remarquables, l'art de l'attaque du premier vers de la laisse, l'art de la conclusion et de la formule,l'art de la répétition qui résume ou prolonge, dramatise ou enchante.

L'ensemble est solennel, hiératique, proche dela statuaire ou du vitrail.. »