France de 1940 à 1949 : Histoire

L'«an quarante» fut sans doute la période la plus tragique de toute l'histoire de France. Face aux pays étrangers, jamais ce pays, pas meme en 1429 ou en 1815. ne s’est trouvé plus abaissé. En lui-même jamais non plus il n’a été si profondément divisé. Bien plus, pendant les quatre années qui ont suivi, le cours des événements a grossi ces deux caractéristiques initiales jusqu’à une mise sous tutelle si extrême qu’elle confine à une colonisation par l'Allemagne, et à une bipolarisation si marquée quelle frôle la guerre civile. Notons cependant que le visage de la France, à la fin de cette décennie, n'aura pas cette noirceur: une puissance internationale restaurée, une démocratie sociale avancée, une économie enfin repartie du bon pied, une culture encore prestigieuse, toutes caractéristiques qui, même si leur

portée n'a plus l’éclat d'antan, constituent un bilan extrêmement positif, très improbable en ce jour du 22 juin 1940 où le dernier gouvernement de la IIIe République, présidé par le maréchal Pétain, signait l'armistice de Rethondes.

La France occupée

On connaît bien aujourd'hui les causes de la défaite militaire où. dans les deux ou trois semaines qui ont suivi le déclenchement du Blitzkrieg allemand le 10 mai 1940, l'on a vu s’effondrer une armée considérée généralement comme la première au monde.

Ces causes tiennent beaucoup moins à une infériorité en matériel, peu perceptible, qu'à l'usage qui fut fait de celui-ci, en d’autres termes aux choix stratégiques de l’état-major français dans les années trente, sous la

direction du même maréchal Pétain : un usage strictement défensif, et, en ce qui concerne le rôle à accorder à l’arme blindée motorisée et à l’aviation, une appréciation considérablement en retard sur les intuitions d'un Guderian ou d'un Charles de Gaulle, auteur sur ce point, en janvier 1940, d'un mémorandum resté sans véritable écho.

Mais dès l'automne et l'échec de l'Allemagne dans la bataille d’Angleterre, il est clair que la défaite n’a pas entraîné la mise à genoux des Britanniques. La France va donc s'enfoncer seule pendant quatre ans dans une situation éminemment dangereuse : celle d'un pays chaque jour plus asservi, sur qui en réalité pèse de plus en plus la menace d’un démantèlement. D'emblée, l’Allemagne a annexé de facto