La croisade de Nicopolis : La Bourgogne court sus aux Ottomans
Publié le 05/09/2013
Extrait du document
Le moment est opportun. Anglais et Français viennent de conclure une trêve qui laisse dans l'inaction de nombreux chevaliers. Mais qui peut organiser et con¬duire l'expédition ? L'empe¬reur Wenceslas est impuis¬sant, le roi Richard II d'An¬gleterre est contesté, Char¬les VI a sombré dans la folie, les princes italiens de Gênes et de Florence sont épuisés par leur guerre contre Ve¬nise, qui, de son côté, ne rêve que d'une entente com-merciale avec les Ottomans. Dans la péninsule ibérique, les royaumes de Castille, d'Aragon et de Portugal res¬tent indifférents à l'appel du pape.
«
tions , étant entendu que ce
«v oyage en Hongrie » n'est
que la première étape d'une
nouvelle croisade dont l'ob
jectif final est de délivrer le
tombeau du Christ en Terre
sainte.
Mais le duc de Bourgogne
Philippe le Hardi, que l'idée
de prendre personnelle
ment la tête de l'expédition
affleure un moment, hésite à
mettre en péril sa vie et les
finances de son duché au
nom de la Chrétienté, et,
finalement au seul profit du
roi de Hongrie.
Il cherche
donc des alliés et rappelle à
leurs devoirs les ducs de
Lancastre et d'Orléans qui,
en juillet 1395, se sont enga
gés à participer à toute nou
velle croisade.
Malheureuse
ment, ses contingents étant
retenus en Gascogne , Lan
castre n'envoie qu'une pe
tite troupe commandée par
son fils, Jean de Beaufort, et
Louis d'Orléans ne peut
prendre part à l'aventure .
L'effort de guerre repose
donc sur la seule Bourgogne,
qui ponctionne ses comtés
de Flandre et d'Artois pour
financer une expédition qui
va lui coûter plus d'une
année de revenus .
Le futur Jean
sans
Peur à la tête
de l'expédition
Malgré les défections, l'ar
mée rassemblée fait bonne
figure.
Philippe de Bourgogne
a obtenu de Charles VI qu'el
le soit placée sous le com
mandement de son jeune fils
de vingt-cinq ans, le comte
de Never s, le futur Jean sans
Peur, dont l'équipage somp
tueux est frappé de son
emblème, le houblon.
A son
côté chevauchent nombre
d'hommes de valeur et d'ex
penence : le comte d'Eu,
connétable de France , le
maréchal Jean de Meingre, dit
Boucicaut, l'amiral Jean de
Vienne, Guy et Guillaume de
La Trémoille, Henri et Phi
lippe de Bar.
Les Hospitaliers
de Saint-Jean-de-Jérusalem
ont fait le déplacement et,
depuis Rhodes, ont dépêché
un détachement conduit par
le grand maître Philibert de
Naillac en personne.
Et puis
vient la cohorte des jeunes
seigneurs en quête d'ave n
ture et de gloire, tous sou
cieux de paraître à la tête
d'un équipage d'un luxe
extravagant.
Avant de quitter le royaume
de France , Jean de Nevers
fait ses adieux à Charles VI
puis se rend à Dijon, où il
assiste à une messe solen
nelle en compagnie de Phi
lippe le Hardi et de sa mère,
Marguerite de Flandre .
La
procession de s bannières de
France et de Bourgogne à
travers les rues de la cité
bourguignonne vient clore
les cérémonies.
Il est temps
à présent pour les croisés de
se mettre en mar che vers le
Danube , où les attend l'ar
mée de Sigismond, et de
faire mordre la poussière à
ce Bajazet qui a juré de
« faire manger son cheval sur
l'autel de Saint-Pierre de
Rome » .
L'IRRÉSISTIBLE PROGRESSION
DES OTTOMANS
A partir de 1380, les
Ottomans lancent une vaste offensive en Europe
centrale.
Les hommes de Mourad 1·· écrasent tout
d'abord les Serbes dans la
plaine de Kosovo, en 1389.
Puis c'est le successeur du
sultan -son fils, le terrible Bajazet !'Éclair -qui profite
des incessantes querelles
entre Génois et Vénitiens,
Latins et Byzantins, Slaves et Hongrois, pour détruire la
Bulgarie et entamer la
conquête de la Grèce par la
Thessalie.
En 1391,
Constantinople et les
quelques miettes qui
subsistent de l'ancienne puissance byzantine font
figure de protectorats
ottomans .
Bajazet est au
faîte de sa puissance, alors
que les États chrétiens de la
région, la Russie et la Pologne sont empêtrés dans
d'inextricables luttes
internes qui les épuisent..
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