Devoir de Philosophie

LA DÉFAITE ALLEMANDE DE 1918 (Histoire)

Publié le 17/01/2022

Extrait du document


 
 
 
 Terrible et effroyable! C'est cela, en effet! Lorsque nous fûmes réunis, Ludendorff vint au milieu de nous, le visage ravagé par la plus profonde douleur, pâle mais la tête haute. Vraiment une belle tête de héros germanique! Je songeai aussitôt à Siegfried, mortellement blessé dans le dos par le javelot du traître Hagen. Il nous dit à peu près ce qui suit : qu'il était tenu de nous faire savoir que notre situation militaire était devenue terriblement sérieuse. A tout instant notre front Ouest pouvait être rompu. Au cours des dernières journées, il avait fait savoir à Sa Majesté que le Haut commandement et l'armée allemande étaient à bout ; que la guerre ne pouvait plus être gagnée, et que c'est plutôt l'effondrement final qui pouvait survenir à tout moment. C'est pourquoi le Haut commandement a demandé à Sa Majesté et au Chancelier de solliciter un armistice auprès du Président Wilson en vue d'un retour à la paix sur la base des 14 points. Il affirma encore qu'il n'avait jamais hésité à exiger de la troupe les plus grands efforts. Mais qu'ayant clairement reconnu que la poursuite de la guerre était inutile, il était maintenant d'avis qu'il fallait y mettre fin le plus rapidement possible, pour ne pas continuer à exposer les plus braves qui sont encore fidèles et capables de combattre. Comme le Chancelier Comte Hertling a démissionné, nous n'avons pour l'instant plus de Chancelier. Qui ça sera, la question reste ouverte. Mais j'ai prié Sa Majesté de porter au gouvernement les milieux auxquels nous sommes redevables pour l'essentiel de la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui. Nous allons donc voir ces Messieurs entrer dans les ministères. Ce sont eux qui concluront la paix qui maintenant doit être signée. Ils devront manger la soupe qu'ils nous ont mijotée.
 
 Rapport du général Ludendorff devant l'État-major de l'armée allemande (1er octobre 1918) tiré du Journal du colonel Von Thaer (p. 234).
 
 A partir de ce texte vous pouvez, au choix : — rédiger un commentaire composé à votre initiative, — faire un commentaire organisé en répondant aux questions suivantes :
 
 1. Quel est le point de la situation militaire sur le « front Ouest « dont parle Ludendorff ?
 
 2. En quoi consisterait, aux yeux de l'État-Major allemand « l'effondrement final qui peut survenir à tout moment « ?
 
 3. En quoi une paix sur la base des quatorze points du président Wilson peut-elle paraître acceptable à l'Allemagne ?

« Hindenburg, de la conduite de la guerre depuis 1916.

C'est l'état d'esprit de la Reichwehr, six semaines avantl'armistice de Rethondes, qui est décrit dans le texte du colonel von Thaer. • Trois thèmes sont développés ici : l'inexorabilité de la défaite militaire, l'espoir mis dans une négociation avecWilson et, déjà, la volonté des chefs militaires de faire reporter sur les civils la responsabilité de leur défaite. I.

Une défaite désormais inexorable 1.

Les succès trop partiels des offensives allemandes • Ludendorff croit encore aux possibilités de remporter, par les armes, une victoire décisive.

De mars à juillet, il lance une série d'offensives destinées à « percer » le front allié.Ses armées obtiennent d'indéniables succès locaux : elles sont aux portes d'Amiens et, comme en 1914, ellesréussissent à franchir la Marne.

Mais si les forces de l'Entente reculent, elles ne rompent pas.

La promotion de Fochau rang de généralissime de toutes les armées alliées accroît leur coordination et leur solidarité.

Les troupesallemandes, quant à elles, s'essoufflent.

En juillet, Foch peut lancer sa contre-offensive. 2.

La défaite des alliés de l}Allemagne • Les Austro-Hongrois se déclarent déjà à « bout de souffle » alors que l'offensive italienne n'est qu'amorcée.

Le 15 septembre ils ont sollicité un armistice. • Les Bulgares ne peuvent résister à l'offensive des armées d'Orient menées par le général Franchet d'Esperey.

Ilsont déposé les armes après la signature d'un armistice, le 29 septembre 1918. • L'Empire ottoman ne saurait tarder à subir le même sort. Allenby, qui a pris Damas le 30 septembre, poursuit son avance sans rencontrer de résistance sérieuse. • Partout, sur les arrières des armées, révolutionnaires et minorités stimulés par les nouvelles perspectivesd'indépendance s'agitent. 3.

Le risque d'un « effondrement final » A la fin de septembre 1918, l'Allemagne, apparemment du moins, offre une image comparativement plus favorableque celle de ses alliés.

Ses troupes occupent encore des portions non négligeables de territoires ennemis, le paysest relativement calme, les armées font preuve, tout en reculant, de discipline et de cohésion.

Mais pour combiende temps encore ? Ludendorff sait que la situation est désespérée.

On risque sous peu d'assister à l'effondrementgénéral. • Le sol allemand sous la menace d'une invasion.

La nouvelle tactique de Foch, mise en œuvre dès juillet, a de quoiinquiéter les Allemands.

Désormais les Français attaquent par surprise, sans les préalables bombardements d'artillerietraditionnels de la guerre de tranchées et qui permettaient à l'adversaire de mettre en œuvre les mesures deparade.

Les chars sont utilisés massivement, non plus comme simples points d'appuis de l'offensive de l'infanteriemais comme de véritables fers de lance capables de percer le front.

La reprise de la guerre de mouvement, cettefois défavorable à l'Allemagne, ouvre la perspective de vastes progressions territoriales.

Le territoire allemand est,pour la première fois, directement menacé. • Le risque d'une contagion révolutionnaire.

Certes, en septembre, les mutineries et les mouvements révolutionnairessont encore très limités.

Ils ne se développeront qu'en novembre.

Mais Ludendorff prévoit déjà que la propaganderévolutionnaire, stimulée par l'exemple du succès de la révolution soviétique, ne manquera pas de trouver un terrainfavorable dans une population affamée par le blocus (jugé « inhumain ») imposé par les Alliés. • L'armée menacée elle-même d'effondrement.

La cohésion péniblement maintenue des troupes ne saurait masquerleur état de fatigue et leur démoralisation.

Ludendorff ne se fait pas d'illusion : « seuls les plus braves sont encorefidèles et capables de combattre ».

Mais ils risquent fort d'être à leur tour noyés dans le flot.

Il n'y aurait plus alorsd'armée allemande digne de ce nom. Il faut donc sauver l'armée pour épargner le territoire allemand et préserver la société allemande, telle que lasouhaite Ludendorff, des convulsions révolutionnaires.

Peut-être aussi une armée et un pays encore deboutpermettront-ils de faire illusion et constituer des atouts dans une négociation d'armistice. II.

Solliciter un armistice auprès de Wilson 1.

Wilson, un arbitre plus qu'un adversaire Les Allemands ont tout intérêt à s'adresser à Wilson plutôt qu'aux Français et Anglais contre lesquels ils ont. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles