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La géographie, une science engagée ?

Publié le 07/10/2011

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En effet, il faut nous rappeler que la géographie depuis l’antiquité est liée à l’exercice du pouvoir : servant aux puissants (Périclès, Alexandre…), elle a pu être l’outil d’un contrôle de la société. Cela relève bien tout l’enjeu de cette science, dont la manipulation n’est pas dénuée d’implications politiques. Paul Vidal de la Blache, par sa pensée, présente dans son ouvrage, la France de l'Est une géographie régionale et interactionnelle entre les régions, une géographie des enjeux que représentent ces régions pour les grandes puissances.

« une géographie des enjeux que représentent ces régions pour les grandes puissances.

Il s’agit de géopolitique, de lagéographie de la mise en place des frontières : il répond à la question de savoir comment les puissancesoccidentales se sont organisées pour façonner l'histoire géopolitique de l'Europe.

Il met en lumière, pour illustrer sonpropos, une histoire du peuplement de l'Europe et il défend le concept d’une puissance occidentale, qu'il sereprésente comme l'ensemble de l'Europe.

Il met de la sorte en garde contre l'absence de cette puissance unitaireseule capable d’éviter les conflits et les visions nationalistes génératrices de conflits.

Voilà donc l’engagement quereprésente la géographie : science interprétative, elle laisse libre cours à la subjectivité de l’auteur.Et de fait, la géographie devient facilement l’outil du politique.

En promouvant naturalisme, déterminisme etnationalisme, en un sens, l’ecole allemande du XIXème siècle est une école idéologique au service du pouvoirallemand, par son enseignement scolaire notamment.

Cela est aussi le cas en France ou en Angleterre.

Lagéographie peut donc être science militante (elle préparait les personnes de l'époque aux conflits futurs endésignant l'ennemi de la nation).

Engagée, elle peut être science des Etats, justifiant des revendications territorialeset des ambitions coloniales.

Ainsi, après la défaite de 1870, la neutralité de la géographie s’est évanouie, au vu duTour de France de deux enfants dont la préface préconise que l’on apprenne « la France à nos enfants : en laconnaissant bien, ils l’aimeront davantage et la défendront encore mieux ».

L’engagement de la géographie est doncfort, mais vis à vis de l’enseignement et de l’apprentissage de valeurs, car ses finalités éducatives sont loin d’êtrestrictement « scientifiques ».De la même façon, l’on peut valider la formule du géographe Yves Lacoste : « La géographie, ça sert d’abord à fairela guerre ».

Les armées doivent en effet tenir compte au mieux de l’ensemble des caractéristiques du milieu danslequel il est prévu de faire évoluer les hommes et les matériels, avant d’élaborer une stratégie.

Perçue commegéopolitique, voire comme géostratégie, la géographie peut ainsi être la science de la politique et transformer legéographe en un « agent de renseignement au service du pouvoir », pour reprendre les termes d’Yves Lacoste,directeur de la revue Hérodote convaincue de la grande utilité politique de cette science.

En réalité, ainsi conçue, lagéographie ne prend un intérêt que dans cette perspective politique, du fait qu’elle se dégage totalement de lachorographie originelle et de son enseignement scolaire.C’est ce qu’on peut comprendre à la lecture de l’Homme et la Terre de Reclus.

Parlant d’urbanisme, ce n’est nil’existence des villes, ni leur énormité qui gêne Reclus.

Conformément à ses options politiques, c’est l’organisationsocio-spatiale inégalitaire des villes qu’il déplore.

Autrement dit, il condamne l’antagonisme entre la bourgeoisie etl’État d’une part, et les exploités et dominés d’autre part.

Reclus l’anarchiste nous montre ainsi combien lagéographie peut être cette science engagée, permettant, par delà la simple analyse de structuration spatiale, dejeter des éclairages personnels sur certains problèmes liés à la vie en société.L’engagement de la géographie, c’est également l’environnementalisme, la défense de la nature.

Elysée Reclusévoque ainsi dans La Terre la dégradation d’un milieu naturel : il présente déjà des revendications écologiques, enconsidérant l’homme comme agent destructeur de la nature.

L’espace étant produit de l’homme, il peut être géré,structuré grâce à l’interventionnisme de la géographie.Mais il y a en réalité danger pour cette science de se perdre dans un engagement trop fort, de confondre en sommeengagement et dogmatisme, utilisation, détournement des données géographiques, de l’étiquette scientifique dansdes buts politiques ou idéologiques.

Ainsi, l’on sait combien il a été simple pour le nazisme de réutiliser les thèses deFriedrich Ratzel (l’anthropogeographie et cette distinction peuple primitif et peuple évolué, Naturvolk et Kulturvolk).Beaucoup plus tard, on verra des Communistes - donc marxistes ? - occuper quelques unes parmi les chaires lesplus prestigieuses en géographie : même si le processus en œuvre n’est pas conscient, le scientifique dessine lemonde avec ses yeux et soulève les problèmes que son entendement influencé par ses convictions décèle.

Il n’estpas impartial.

Le rejet des théories de l’école de Chicago est une manifestation d’un tel engagement.Mais dans ce danger-là même, la géographie peut néanmoins trouver sa voie, la voie de son affirmation commescience de l’action, et non comme domaine de la chorographie uniquement destiné à un public d’élèves épuisés. Il est clair en effet que la géographie existe et peut se développer à travers son engagement.

Critiquée par sescollègues des sciences sociales, la géographie, science plus jeune, cherche à se définir et à imposer sa singularitéet sa grande utilité.

Il s’agit donc de prendre part à la fermentation intellectuel qui entoure les débats politiques telsque la décentralisation ou l’urbanisme.

Il est vraisemblable que ce soit une nécessité pour la géographie d’évoluer etd’apporter sans cesse des éléments de réponses à des problèmes, de jouer le rôle de garde-fou, de s’inquiéter desituations délicates.

Ainsi c’est de plus en plus à la demande du politique que le scientifique, géographe, se doit depenser l’espace de façon concrète.

En 1968, apparaît la nouvelle géographie qui est à dominante anglo-saxonne,américaine notamment.

Elle reflète une évolution du monde.

Il s'agit d'une géographie scientifique cherchant àquantifier le monde et expliquer comment se produisent les interactions spatiales et comment s'organisent lesmouvements économiques, les réseaux urbains, etc.

Nous avons plutôt à faire à une géographie appliquée, unescience qui explique mais qui agit également.

Elle participe à la reconstruction du monde détruit par la guerre.

Quece soit aux Etats-Unis, en France ou en Angleterre, il n'y a pas une égalité de la reconstruction dans les annéesd’après-guerre et nous pouvons mesurer ces inégalités.

Celles-ci ne pouvant plus être attribuées au milieu physique,elles le sont aux théories qui sont développées et appliquées comme celle du centre - périphérie par exemple.Ainsi il s’agit de reconstruire le monde, de reconcevoir les nations, d'envisager un monde plus agréable est néeplusieurs courants géographiques.

La géographie est donc engagée en tant qu’elle est appliquée : elle est à lasource d’une action, de bouleversements, elle infléchit les politiques.

De fait, la création de la DATAR et la fortedemande d’études menées par les géographes de la part des DDE et autres mairies ou entreprises (études delocalisation, marché…) soulignent bien l’importance grandissante de la géographie comme science utile.

Elle n’est passeulement savoir, mais également savoir faire, qui plus est porté par une idéologie, des conceptions de société, etc.Ainsi, la problématique de la décentralisation, décision politique, ne peut se faire sans les conseils et l’avis fiable desgéographes.

Or ces décisions et conseils concèdent à ceux-ci un réel pouvoir, celui de participer à l’élaborationd’une société nouvelle, qu’ils pourront souhaiter de modeler selon leur vision des choses.. »

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