La mort de Charles VI
Publié le 05/09/2013
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Pour la première fois dans l'histoire de la monarchie fran-çaise, la distinction est faite entre la dépouille du roi — qui repose dans le cercueil — et la dignité royale — qui ne meurt jamais —, symbolisée par une effigie du défunt déposée sur la bière, Cette effigie est vêtue d'un manteau d'hermine et chaussée de souliers de ve¬lours bleu ornés de fleurs de lys d'or. Le visage, parfaite¬ment ressemblant, est figuré par un masque en cuir bouilli réalisé à partir d'un moulage post-mortem. Les mains, gan¬tées de blanc, tiennent le sceptre et la main de justice. Aux membres du Parlement, qui entourent le cercueil, suc¬cèdent le premier chambellan, les pages et enfin, seul, le duc de Bedford. A bonne distance, viennent ensuite les chance¬liers, les maîtres des requêtes et des comptes, les secrétaires du roi, puis les bourgeois et le peuple. Après le solennel ser¬vice funèbre célébré à Notre-Dame, le corps de Charles VI est conduit à l'abbaye de Saint-Denis, où il est inhumé le lendemain.
«
railles royales sont une véri
table affaire d'État .
Malheureu
sement , aucune trace écrite
décrivant la cérémonie , aucune
référence à un quelconque
rituel n'existe alors.
En outre,
le décès du dernier roi de
France, Charles V, remonte à
septembre 1380, soit quelque
quarante-deux ans plus tôt .
Les
témoins ayant gardé en
mémoire le déroulement scru
puleux des obsèques du père
et prédécesseur de Charles VI
ne sont guère nombreux .
Après
avoir fait appel aux sou
venirs de quelques chevaliers,
clercs
et notables, les célébra
tions -dont les dépenses se
monteront à la somme impor
tante de vingt-six mille livres -
sont organisées en suivant un
protocole strictement établi,
qui doit se terminer par l'inhu
mation à Saint-Denis .
Elles se
dérouleront bien sûr en l'ab
sence du fils du roi défunt, le
dauphin Charles , le futur Char
les Vil, qui a été déshérité par
le traité de Troyes en mai 1420.
Henry V d'Angleterre étant dé
cédé au mois d 'août précé
dent , la Couronne de France
revient à son fils en bas âge,
Henry VI, dont l'oncle paternel,
le duc Jean de Bedford, assu-
me la régence et, à ce titre,
conduira le deuil.
Le 9 novembre , tous les com
merces sont fermés, toute acti
vité est suspendue dans la
capitale .
Vers quatre heures de
l'après-midi, le cortège funè
bre quitte l'hôtel de Saint-Pol
pour la cathédrale Notre-Dame
de Paris.
Vingt-quatre crieurs
agitant
des clochettes ouvrent
la marche , suivis par deux cent
cinquante pauvres, puis par les
gens d'Église, les représen-
o tants de !'Hôtel du roi , les
~ chambellans et les écuyers .
Porté par cinquante hommes ,
le cercueil est recouvert d'un
drap d'or .
Une effigie
symbolique
Pour la prem1ere fois dans
l'histoire de la monarchie fran
çaise, la distinction est faite
entre la dépouille du roi - qui
repose dans le cercueil - et la
dignité royale - qui ne meurt
jamais -, symbolisée par une
effigie du défunt déposée sur
la bière .
Cette effigie est vêtue
d'un manteau d'hermine et
chaussée de souliers de ve
lours bleu ornés de fleurs de
lys d'or.
Le visage , parfaite
ment ressemblant , est figuré
par un masque en cuir bouilli
réalisé à partir d'un moulage
post -mortem .
Les mains, gan
tées de blanc, tiennent le
sceptre et la main de justice .
Aux
membres du Parlement ,
qui entourent le cercueil, suc
cèdent le premier chambellan,
les pages
et enfin, seul, le duc
de Bedford .
A bonne distance,
viennent ensuite les chance
liers, les maîtres des requêtes
et des comptes, les secrétaires
du roi, puis les bourgeois et le
peuple .
Après le solennel ser
vice funèbre célébré à Notre
Dame, le corps de Charles VI
est conduit à l'abbaye de
Saint-Denis, où il est inhumé le
lendemain .
EDITIONS ATLAS
Outre l'absence du dauphin
Charles, on remarque celle de
tous les princes du sang, de
Philippe Ill le Bon, duc de
Bourgogne, du duc Jean V de
Bretagne , de maints grands
seigneurs retenus prisonniers
par les Anglais depuis la défai
te d'Azincourt en octobre 1415 .
Pourtant, les funérailles de
Charles VI soulèvent une
immense ferveur populaire .
Le
contraste avec l' indifférence
manifestée lors de la mort
d'Henry V est frappant .
En
dépit de sa folie et des mal
heurs qui ont marqué son rè
gne , pour le peuple le défunt
reste «Charles le Bien-Aimé »,
personnification d'une monar
chie française toujours vivante,
nonobstant les mécomptes de
la guerre de Cent Ans et la
mainmise anglaise sur la Cou
ronne de France .
UN EMBAUMEMENT INDISPENSABLE
C'est à visage découvert que les dépouilles des rois de
France et des grands sont
exhibées au public afin que
chacun puisse vérifier l'authenticité du décès.
Les préparatifs des funérailles
sont longs, car il faut
notamment rassembler les familiers, les fidèles, souvent
éparpillés dans tout le
royaume.
Si le temps pour rendre un dernier hommage
ne manque pas, l'embaumeur lui doit accomplir
des miracles pour que les
corps ne s'abîment pas trop
rapidement et que « nulle
mauvaise odeur » ne soit
perceptible .
En dehors de
l'extraction du cœur et des
entrailles, il doit veiller à la
« bonne » présentation des
parties les plus fragiles, comme le visage et les
mains, particulièrement
vénérés par le peuple.
Un
tour de force quand on sait
que vingt jours se sont
écoulés entre la mort et l'inhumation de Charles VI..
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