Devoir de Philosophie

L'Afrique après 1945

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

afrique
Les Africains n'ont jamais complètement abdiqué devant la domination et la pénétration européennes. En ce sens, le " nationalisme africain ", s'il est permis d'utiliser une généralisation un peu risquée, ne date pas des années 50. Il naît et croit avec la colonisation. Ce n'est toutefois qu'au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale qu'il acquiert toute sa force, pour aboutir, quinze ans plus tard, à l'émergence d'États africains indépendants et, de façon générale, pour déboucher sur une large prise de conscience à l'échelle du continent : recherche, au sud du Sahara surtout ­ le nord se définissant au sein du monde arabe ­ d'une identité propre et positive, niée par trois générations de domination étrangère.                A tous égards, la guerre et les conséquences d'une victoire qui laisse l'Europe exsangue donnent aux mouvements d'émancipation africains un nouvel et décisif élan. Sans doute, les puissances coloniales du vieux continent n'ont pas cessé de rêver à une grandeur dont elles ne peuvent accepter le déclin, et le maintien de l'empire constitue pour quelque temps encore l'obsession maîtresse de l'univers fictif dans lequel elles prétendent continuer à jouer un rôle prépondérant. Le réveil n'en sera que plus brutal. Le jeu de la politique mondiale est passé aux mains des États-Unis et de l'Union Soviétique, tous deux opposés, pour des motifs très différents, au maintien des empires coloniaux : l'URSS dans la logique léniniste de sa lutte contre le capitalisme et l'impérialisme mondiaux ; les États-Unis dans le désir à la fois de ne pas céder aux Communistes le monopole de l'anticolonialisme et de prendre la relève de l'Europe.  
afrique

« Les Africains n'ont jamais complètement abdiqué devant la domination et la pénétration européennes.

En ce sens, le“ nationalisme africain ”, s'il est permis d'utiliser une généralisation un peu risquée, ne date pas des années 50.

Ilnaît et croit avec la colonisation.

Ce n'est toutefois qu'au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale qu'il acquierttoute sa force, pour aboutir, quinze ans plus tard, à l'émergence d'États africains indépendants et, de façongénérale, pour déboucher sur une large prise de conscience à l'échelle du continent : recherche, au sud du Saharasurtout le nord se définissant au sein du monde arabe d'une identité propre et positive, niée par trois générationsde domination étrangère.

A tous égards, la guerre et les conséquences d'une victoire qui laisse l'Europe exsangue donnent aux mouvementsd'émancipation africains un nouvel et décisif élan.

Sans doute, les puissances coloniales du vieux continent n'ontpas cessé de rêver à une grandeur dont elles ne peuvent accepter le déclin, et le maintien de l'empire constituepour quelque temps encore l'obsession maîtresse de l'univers fictif dans lequel elles prétendent continuer à jouer unrôle prépondérant.

Le réveil n'en sera que plus brutal.

Le jeu de la politique mondiale est passé aux mains des États-Unis et de l'Union Soviétique, tous deux opposés, pour des motifs très différents, au maintien des empirescoloniaux : l'URSS dans la logique léniniste de sa lutte contre le capitalisme et l'impérialisme mondiaux ; les États-Unis dans le désir à la fois de ne pas céder aux Communistes le monopole de l'anticolonialisme et de prendre larelève de l'Europe.

Les illusions européennes se brisent à Suez en 1956 : le temps des canonnières est révolu ; Américains et Soviétiques remettent l'Europe à sa place, dont l'impuissance s'étale désormais aux yeux de tous.

Auparavant déjà, bon nombre d'Africains ont trouvé matière à réflexion et àespérance dans l'émancipation des peuples asiatiques : Diên Biên Phu (1954) sur le plan militaire, Bandoeng (1955) sur le plan politique prennent aussitôt valeur de symboles pour tous les peuples colonisés.

La Grande-Bretagne et la France, elles-mêmes, de combats retardataires enaménagements boiteux, finissent par reconnaître l'inéluctable.

A long terme, l'intérêt de la métropole exige qu'elle accomplisse son retrait militaire etadministratif avec le moins de bavures possibles quitte à revenir par la petite porte ; seule manière d'espérer assurer le maintien de son influence etla sauvegarde de ses intérêts économiques.

Cette nouvelle souplesse, de la part de l'Europe, ne résulte pas uniquement des pressions du monde extérieur.Depuis 1945, en effet les mouvements d'émancipation, s'ils ont fourni une partie de leurs armes au-dehors, agissentplus que jamais à l'intérieur même du continent africain.

Comme la Première, la Deuxième Guerre mondiale renvoiedans leur pays des Africains pour qui le monde des Blancs n'a plus de mystère.

Avec eux, ils ont partagé l'humiliationde la défaite les camps et la victoire contre les fascismes.

Loin d'être invincibles, les Européens ont dû en appeler àune solidarité supra raciale dans leur combat contre eux-mêmes.

Cette solidarité et le droit qui en découle pour lespeuples du monde entier à disposer de leur destin sont inscrits dans la charte des Nations Unies, bien plus explicitesur ce point que ne l'était le pacte de la SDN.

Victorieuses du racisme nazi, les démocraties ne peuvent renier l'idéal pour lequel elles déclarent avoir lutté.

Les élites occidentalisées de l'Afrique l'ont compris, qui, mettant à profit lescontradictions inhérentes à la colonisation, retournent contre le pouvoir européen les armes de la démocratielibérale.

Armes essentiellement non violentes : syndicats, partis politiques, presse, agitation étudiante, Églises(lesquelles ne tardent pas à opérer leur reconversion), participation, même symboliques au système parlementaire dela métropole, les mouvements nationalistes agissent à tous les niveaux.

C'est en Afrique occidentale qu'ils remportent les succès les plus rapides.

En partie parce que, les Blancs n'y ayantpour ainsi dire jamais formé de colonies de peuplement, le départ de l'administration coloniale ne pose pas deproblème racial.

Dans ces régions, la décolonisation est donc avant tout affaire de modalités.

Il s'agit notamment defixer la nature des liens qui subsisteront entre la métropole et ses dépendances en voie d'émancipation.

En dépit desefforts déployés par la France et l'Angleterre pour maintenir sous le couvert, qui de la Communauté française, qui duCommonwealth, des liens de dépendance plus subtils, rien n'arrête finalement, au plan international, la créationd'États totalement indépendants du point de vue juridique.

Les vrais problèmes sont d'ordre interne : quel régime, àqui transmettre le pouvoir ? La cohabitation, souvent, de nombreuses ethnies très différentes dans un cadre“ national ” à bien des égards artificiel rend pareilles questions particulièrement épineuses.

Questions que lamétropole, en partant, n'aide pas toujours à résoudre.

Lorsqu'elle ne les envenime pas.

Ainsi du Nigeria, où laGrande-Bretagne inconscience ou duplicité croit devoir appliquer jusqu'au bout la vieille méthode du divide and rule , avec les conséquences tragiques que l'on sait : la guerre civile la plus meurtrière de l'Afrique d'après guerre. Sans parler d'un Congo qu'une Belgique impréparée et irresponsable quitte en catastrophe au terme d'un régimecolonial soigneusement rétrograde.

C'est donc avec une relative facilité mais, paradoxalement, dans des conditionsparfois très difficiles que l'Afrique occidentale et centrale accède à l'indépendance vers 1960, précédée sur cettevoie par le Ghana en 1957 et la Guinée en 1958, seul pays francophone à avoir osé refuser de participer àl'éphémère Communauté française créée par la Constitution de 1958 et morte deux ans plus tard.

Ailleurs sur le continent, la situation se présente à bien des égards différemment.

Au nord du Sahara, ladécolonisation se fait à la fois plus tôt (Libye en 1951, Soudan, Tunisie et Maroc en 1956) et, dans le cas del'Algérie, comme chacun sait, plus tardivement, dans la douleur.

De manière générale, partout où les Blancs se sontimplantés depuis plusieurs générations pour y former des colonies de peuplement, comme en Afrique orientale etaustrale, la décolonisation progresse plus lentement, parfois au travers d'épisodes sanglants ; lorsqu'elle se fait.Minorités jusqu'alors outrageusement favorisées, les communautés blanches y acceptent mal la perspective, soudainproche, d'une indépendance qui les contraint ou à s'exiler ou à se plier au nouveau pouvoir autochtone.

Alors que,depuis longtemps, leur présence est ressentie par la population noire environnante comme un corps étranger lourdde menaces.

L'aspect racial des problèmes prend dès lors une importance particulière ; comme en témoigne la. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles