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L'Asie antérieure

Publié le 27/02/2008

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Le vaste continent asiatique, dans sa moitié inférieure, s'étend de la mer Méditerranée à la mer de Chine. On lui donne l'appellation générale d'Orient et il comprend trois groupes de régions : l'Extrême-Orient, le Moyen-Orient et le Proche-Orient. Les deux derniers termes sont souvent confondus, bien à tort, car un simple coup d'oeil sur la carte permet de se rendre compte qu'ils ne peuvent être identifiés : le Moyen-Orient désigne les Indes, tandis que le Proche-Orient comprend toutes les régions qui bordent la Méditerranée et son arrière-pays. Plus exactes encore que Proche-Orient sont les dénominations d'Asie occidentale et d'Asie antérieure. L'une ou l'autre, prise au sens large, désigne les territoires compris entre le golfe Persique, la mer Rouge, la mer Noire et la mer Caspienne. Mais, au sens restreint, l'Asie occidentale ne concerne que les territoires situés au nord de l'immense désert d'Arabie. Ce sont ces territoires qui ont vu apparaître les plus anciennes communautés humaines organisées. Ils ne doivent ce privilège qu'à la présence de quatre fleuves : à l'Est, l'Euphrate et le Tigre ; à l'Ouest, l'Oronte et le Jourdain. Leurs vallées dessinent sur la carte un demi-cercle en forme de croissant lunaire, ce qui a valu aux régions qu'ils arrosent l'heureuse appellation de " Croissant fertile ". C'est dans ce cadre géographique qu'ont pris naissance et se sont développées plusieurs civilisations dont la première et la plus importante est celle du pays de Sumer. Mais à côté d'elle et après elle, l'historien relève celle de l'Élam, du Moyen-Euphrate avec Mari, de l'Assyrie, des Hourrites ou Mitanniens, des Hittites, des Phéniciens et de l'Ourartou. Au IIe millénaire avant JC, elles ont subi des influences sumériennes et babyloniennes plus ou moins profondes dans les domaines politiques, littéraires ou religieux. Malgré leur diversité, un lien intellectuel les réunissait : celui de l'écriture cunéiforme qu'avaient inventée les Sumériens. Cette découverte rencontra une telle faveur que l'écriture cunéiforme, malgré sa complexité, fut adoptée par les différentes populations de l'Asie occidentale. Même les puissants pharaons d'Égypte, qui avaient eux-mêmes à leur disposition un système d'écriture, les hiéroglyphes, s'étaient vu obligés de prendre à leur service des scribes experts en écriture cunéiforme, et ce, pour leur permettre de correspondre soit avec leurs vassaux de Palestine soit avec les rois de Babylonie, d'Assyrie, du Mitanni et de la puissance hittite. En adaptant l'écriture cunéiforme, inventée par les Sumériens, ces différents dynastes et leurs sujets devaient subir, peu ou prou, l'influence sumérienne.       
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« disparition de toutes ces villes anciennes qui se sont transformées en tells (collines nées de l'amoncellement de ruines).

La réponse gîtessentiellement dans le peu d'intérêt que certains envahisseurs du sol ont manifesté pour les travaux d'irrigation que seuls des cultivateursexpérimentés, connaissant à fond leur mécanisme compliqué, fondé sur une expérience séculaire, pouvaient pratiquer.

L'orge, le blé, le sésameabondaient et le palmier dattier aux multiples utilités prospérait.

La ville entourée de ses cultures maraîchères et de ses palmeraies était assuréed'une existence facile.

Aussi bien, les savants sumériens avaient-ils eu conscience du rôle important joué par l'eau dans le monde où ils vivaient ;dans leurs conceptions cosmogoniques, ils avaient attribué à un “ abîme primordial ” l'origine de toute la création.

On a souvent répété que l'histoire d'un pays était inscrite dans sa géographie.

En raison même de la présence de l'eau, le pays de Sumerreprésentait une rupture dans le grand désert qui s'étendait de la Méditerranée au golfe Persique et aux montagnes du Zagros.

Il en résultait queles habitants de Sumer et de la Babylonie avaient pour voisins d'un côté, les tribus nomades, et, de l'autre, les populations montagnardes.

Pour lesuns et pour les autres, l'existence demeurait toujours difficile.

Il suffisait d'une pluie parcimonieuse ou nulle dans la steppe pour que les tribusaffamées éprouvent le désir d'aller chercher les moyens de subsistance là où ils se trouvaient accumulés, c'est-à-dire dans les villes.

De son côté,le montagnard était tenté lui aussi par les richesses de la plaine et le confort des agglomérations.

L'histoire de la Babylonie a été conditionnée parune série de conflits qui ont mis aux prises citadins et nomades ou montagnards.

Au début du IIIe millénaire, la région du sud de la Babylonie étaitoccupée par les Sumériens, encore que quelques éléments sémites se soient déjà infiltrés parmi eux.

Des groupes de nomades paraissent avoiroccupé surtout le Nord de la Babylonie, qui prit plus tard le nom de pays d'Akkad, lorsque les nomades se sentirent Assez forts pour renverser lesdynasties sumériennes régnantes et s'emparer du pouvoir.

Ce fut alors le règne du premier roi sémite connu en Babylonie, Sargon d'Agadé P2494 , qui réussit non seulement à réunir sous son pouvoir toutes les régions sumériennes et sémitiques, mais encore à entreprendre des conquêtesdans différentes régions de l'Asie occidentale.

La nouvelle dynastie fondée par Sargon parvint à garder le pouvoir pendant plus d'un siècle, maiselle dut le céder à un nouvel envahisseur, venu cette fois des montagnes du Zagros : les Goutéens.

Ceux-ci maintinrent leur domination pendantprès d'un siècle, qui fut un siècle de malheur pour le pays.

Une réaction sumérienne parvint à les expulser : une nouvelle dynastie, la troisièmed'Our, fondée par Our-Nammou P2262 , amena la formation d'un nouveau et puissant empire qui dura un peu plus d'un siècle.

Des tribus sémitiques venant du désert de l'Ouest, c'est-à-dire du pays d'Amourrou, profitant de la faiblesse des derniers rois d'Our, réussirent à les évincer et àinaugurer une nouvelle dynastie, qui fut illustrée par le roi Hammourabi P131 , fameux par le “ Code P131C ” de lois qu'il nous a laissé.

Les derniers représentants de cette dynastie, plus connue sous le nom de “ Première dynastie babylonienne ”, furent impuissants à repousser les envahisseurscassites qui, comme les Goutéens, descendirent des montagnes du Zagros.

On voit par cette brève esquisse de l'histoire de la Babylonie au IIIe etau IIe millénaire à quel point elle a été commandée par le facteur géographique.

Bédouins nomades et montagnards, menant dans leur habitatnormal une existence miséreuse, se sont lancés tour à tour à la conquête des cités prospères de la vallée.

Dans le vocabulaire akkadien le termenoukourtou , “ hostilité ”, a fini par désigner le “ désert hostile ” pour le citadin ; l'ennemi chronique était le bédouin pillard, toujours à l'affût d'une razzia ou d'une caravane de commerçants.

D'ailleurs, le désert était peuplé de démons, nombreux et malfaisants, contre lesquels le citadin devait seprémunir ; pour les réduire à l'impuissance et à l'anéantissement, il s'adressait à la divinité.

La définition de l'homme “ animal religieux ” s'applique à merveille aux populations de toute l'Asie occidentale ancienne.

L'existence d'un Sumérienou d'un Babylonien baigne dans le divin.

Les théologiens sumériens avaient partagé le cosmos de l'Univers en quatre régions : ils sereprésentaient la terre sous la forme d'un grand disque circulaire posé sur les eaux du grand abîme et surmonté de la vaste calotte du ciel.

Laquatrième région s'étendait sous la terre et constituait l'empire des morts.

A la tête de chacune de ces régions avait été placé un dieu pour lacommander : le Ciel avec sa voûte semi-sphérique, brillante le jour et illuminée la nuit, appartenait à Anou qui prit la tête de tout le panthéon, sansdoute à cause de sa nature céleste, mais plus encore en raison même de la puissance politique qu'avait réussi à s'assurer la ville d'Ourouk, dontAnou était le dieu protecteur.

La terre était gouvernée par le dieu Enlil, le dieu du désert, de la campagne, et en même temps, le dieu du vent, quisouffle avec violence du désert, où il prend naissance ; le monde des eaux relève du dieu Enki (Ea), le “ seigneur de la terre ”, mais il faut entendreici par “ terre ” la terre irriguée ; c'est dans ce sens que le dieu Enki, que les Sémites appelaient Ea, la “ maison de l'eau ” avait pu être appelé le“ maître de la terre ” : celle-ci n'existe aux yeux de l'agriculteur que dans la mesure où elle est irriguée.

La terre meuble cultivée rendue telle par l'eauet par la charrue s'oppose à la terre dure du désert qui, non irriguée, est desséchée et brûlée par le climat torride.

La quatrième région relève dudieu des enfers : Nergal.

A côté de ces grands dieux, maîtres des quatre régions de l'Univers, figuraient les divinités astrales, le Soleil, la Lune etIshtar P1818 , l'étoile la plus brillante du ciel, Vénus.

La fécondité de l'homme, des animaux et des plantes était dévolue au couple d'Inanna (Ishtar P1818 ) et de son amant, Doumouzi.

Le dieu de l'orage Ishkour (Adad), détenteur des pluies torrentielles mais, malgré tout, bienfaisantes aux cultures et aux pâturages, compte aussi parmi les divinités les plus vénérées et les plus redoutées.

Cette énumération des principales divinités dupanthéon sumérien ou akkadien montre que celui-ci est entièrement tourné vers les concepts de fécondité ou de fertilité, multiplication de la familleou des troupeaux, abondance des pâturages destinés à faire vivre ces troupeaux.

La lecture des compositions religieuses, où les allusions à lafécondité et à la fertilité abondent, nous confirme dans cette constatation.

Selon le mot célèbre mais profond du sophiste grec Protagoras H1195 : “ L'homme est la mesure de toutes choses ”, les Sumériens et, à leur suite, les Babyloniens et les autres peuples de l'Asie antérieure se sont représentés leurs dieux sous la forme humaine, encore qu'à l'origine les dieuxsumériens aient peut-être été représentés par des symboles qui devinrent leurs attributs et qui finirent même par se substituer à eux.

D'après lestextes, les dieux se conduisent et vivent comme des humains : ils boivent, ils mangent, ils dorment, ils s'habillent, ils se lavent.

Ils habitent unpalais et ils ont à leur service toute une domesticité depuis le grand vizir jusqu'au musicien et au berger.

Ils existent pour ne rien faire ; s'ilsconsentent à venir en aide aux hommes, c'est pour qu'en retour les hommes les servent : le mot akkadien doullou qui signifie “ travail ” désigne en même temps le “ travail divin ”, le “ service divin ”, le culte.

Les hommes sont tenus d'exécuter ce “ service divin ” en organisant des fêtes où lesdieux se réjouiront, des sacrifices dont ils se nourriront, des hymnes qui les célébreront et flatteront leur puissance.

S'ils éprouvent les passionsdes hommes, ils n'en possèdent pas moins des propriétés qui leur sont propres : ils ont des “ formes parfaites, impossibles à comprendre, difficilesà regarder ” ; leur tête peut parfois être double, ce qui leur assure quatre yeux et quatre oreilles ; les traits de leur visage sont brillants ; ils sontrevêtus de feu et leur bouche est brûlante.

Malgré ces privilèges, les dieux demeurent des humains, mais ils sont conçus en quelque sorte commedes surhommes.

Naturiste et anthropomorphique, cette religion sumérienne est encore la religion du destin, de la “ nécessité ”.L'ordre établi dans le monde par les dieux est immuable, sans qu'on puisse savoir le “ pourquoi ” de leurs décisions ;l'homme n'a qu'à accepter les événements, heureux ou malheureux, tels que le dieu les a voulus ; l'homme n'a qu'àaccepter et à supporter la volonté divine.

Il cherchera par le “ service divin ”, par le culte, à fléchir le cours de ladestinée.

Il fera appel à la divination, qu'il pratiquera sous de multiples formes, pour s'efforcer de découvrir les arrêts. »

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