Le complot de Pépin le Bossu
Publié le 01/09/2013
Extrait du document
Charlemagne est très attaché à sa nombreuse famille. Les chroniqueurs insistent volon-tiers sur l'affection sincère qu'il témoigne à ses enfants. Il leur fait donner une éducation sérieuse et complète, leur offre une vie confortable à la Cour et s'en sépare le moins possible ; ainsi, filles et gar¬çons l'accompagnent-ils sou¬vent dans ses déplacements.
«
DES SANCTIONS D'UNE SÉVÉRITÉ INHABITUELLE
En 785, «un autre complot
avait éclaté contre le roi
en Germanie.
Quelques-uns
des auteurs en furent punis
par la perte de la vue, d'autres s'en tirèrent sans peine
corporelle , tous furent envoyés
en exil ; mais aucun ne fut
mis
à mort », raconte Eginhard .
La clémence de Charlemagne
est reconnue de tous ; ce qui rend d'autant plus
surprenante la sévérité
des châtiments infligés
aux complices de Pépin
le Bossu.
Le roi repousse
sa campagne contre les Avars pour les"juger et soumettre
au jugement de Dieu
(épreuves
du duel, de la croix
ou
de l 'eau brûlante) ceux
qui persistent
à clamer
leur innocence.
Sans doute a-t-il mesuré la gravité
de ce complot fomenté
au sein même du palais
et dans son propre entourage.
Peut -être aussi a-t-il voulu
punir sans pitié ceux qui ont
influencé son fils ...
Si quelques comparses sont
seulement exilés ou châtiés par le fouet, les autres sont
pendus ou décapités.
Le comte Theubald, lui, est innocenté,
car il a « réussi » les épreuves
du jugement de Dieu ...
Cette tendresse est parfois un
brin tyrannique .
Surtout lorsque
le roi refuse catégoriquement
de voir ses filles s'éloigner de
lui et de les laisser se marier !
Un fils méprisé
Depuis sa naissance, Pépin le
Bossu réside au palais .
Comme à
ses autres bâtards, Charlemagne
lui manifeste autant d'
amour
qu 'à ses enfants légitimes.
Cependant , selon Eginhard, le
roi se félicite
que la clémence
divine,
« en lui donnant trois fils,
lui ait , par ce riche présent ,
témoigné
sa bienveillance et sa
bénédiction » .
.
.
Aucune men
tion n'est faite de l'aîné, né du
lit d'Himiltrude ...
Certes , Pépin
le Bossu pourrait être en posi
tion de succéder à son père,
mais ce dernier ne considère
comme ses vrais héritiers
que
les enfants qu'il a eus de la
reine Hildegarde,
sa deuxième
femme et la seule de ses
épouses
légitimes lui ayant
donné des fils.
Au x demi -frères
de Pépin le Bo ssu échoient des Ji
charges prestigieuses : Carlo- ~
man est couronné roi d'Italie ; ~
Louis, le futur Louis 1e r le Pieux , ffl.
devient roi d'Aquitaine ; Charles ]
le Jeune est fait duc du Maine et o.
son père compte lui transmettre
la Couronne.
Et absolument rien
n'est attribué à Pépin le
Bossu ...
qui se trouve en outre
dépossédé
de son prénom lors
que Carloman, à l'occasion de
son couronnement , est rebap
tisé par le pape Hadrien 1°' et
devient Pépin !
Sans doute l'infirmité de ce
bâtard ayant grandi dans
l'om
bre est-elle la cause de l'indiffé
rence, voire de l'injustice, dont
Charlemagne fait preuve à son
égard .
Certains
chroniqueurs
ont avancé que l'enfant présen
tait une notable « faiblesse de
caractère ».
Toujours est-il que
personne n'a jamais vraiment
prêté attention à
ce jeune prin
ce fragile et difforme ...
Un clerc dénonce
le complot
En 792 , Pépin a environ vingt
trois ans .
«Simulant une maladie ,
il
complota ...
avec quelques
Francs de la noblesse qui
l'avaient gagné à leur cause en
lui
promettant la Couronne », ra
conte Eginhard en s'inspirant
des
A1111al e s royal es.
Ces sei
gneurs francs, parmi lesquels se
trouve le comte Theubald, sont
révoltés
par l'attitude de la reine
Fastrade , la troisième épouse
de Charlemagne, dont l'injustice
et la dureté, et même la cruauté,
sont tolérées par le roi.
Cette
cohorte d'insatisfaits persuade
Pépin le Bossu de les aider à
mettre en œuvre
leur sinistre
dessein
et, pendant que son
père partira en campagne, à
feindre
d'être malade .
Mais la conjuration tourne court.
Le Lombard Fardulf, un clerc
du
palais, a vent du complot et pré
vient aussitôt le roi -en récom
pense de sa fidélité , il recevra
l '
abbaye de Saint - Denis .
Char
lemagne est profondément
affecté ; il a du mal à admettre
que l'aîné de ses fils ait pu envi
sager de l'assassiner.
A Ratis
bonne,
il réunit le plaid général
et fait comparaître les conspira
teurs.
Dans ·un premier temps,
Pépin
le Bossu est condamné à
mort .
Puis, « le roi l'autorisa à
recevoir la tonsure
au couvent
de Prüm et, selon le désir qu'il
avait exprimé, à s'y consacrer à
la vie religieuse
», précise Egin
hard .
Le prince rebelle reçoit
ainsi la sanction
habituellement
réservée aux souverains enne
mis vaincus .
C'est peut-être la
première marque de considéra
tion manifestée par Charlema
gne à ce fils jusqu 'alors ignoré,
et qui replongera ensuite dans
l'oubli, jusqu'à
sa mort en 811 .
...
»
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