Le Mexique de 1940 à 1968 (histoire et géographie)

« 1.

Un cas exceptionnel Croissance rapide 1.

Dans une Amérique latine où le premi~r objectif est le développement économique, le Mexique peut se targuer d'avoir résOlU un grand nombre de problèmes et d'être bien engagé sur la voie du progrès matériel.

Alors que la conjoncture internationale fait trembler les pays du tiers monde et leurs économies vulnérables, le Mexique, lui, semble de plus en plus capable d'affronter les crises.

Cette situation n'était nullement prévisible au début du siècle.

2.

Seconde puissance latine-américaine par sa superficie et sa population (45 millions d'habitants en 1968), le Mexique n'est pas dépourvu de ressources minières (pétrole, argent, or, zinc, charbon) ou agricoles (coton, café, maïs, etc.), mais ses handicaps sont lourds: zones de sous-développement tropical, régions arides, retard social et culturel de millions d'Indiens, particularismes locaux et manque d'intégration.

Cependant, en 1968, les plus optimistes, comme l'~conoll]iste américain W.

Rostow, estiment que le Mexique a réussi son " décollage économique "· Si cette opinion n'est pas partagée par tous, à droite et à gauche, le Parti communiste mexicain reconnaît, lors de son congrès de 1967, les «résultats obtenus» et n'exclut pas totalement que le pays puisse «franchir la barrière du sous-développement en suivant la voie capitaliste " (le PC mexicain ajoute, il est vrai, que cette éventualité est impro­ bable et que, même si elle se produisait, rien ne prouverait que la «voie mexicaine ..

soit supérieure ou préférable au socialisme "· 3.

Quelles que soient les polémiques et les arrières-pensées politiques, les faits et les chiffres sont là.

Depuis 1940, le Mexique a pu s'industrialiser très régulièrement, dans un contexte inflationniste d'abord, puis rétablir sa santé financière.

Depuis les années cinquante, son rythme de croissance industrielle réelle par habitant s'est maintenu à une moyenne annuelle de 3,8 %, niveau supérieur à celui des grandes nations industrielles, à l'exception du Japon.

Santé financière 1.

Depuis la dévaluation de 1954, le Mexique connaît sa plus longue période d'expan­ sion, exempte de pressions inflationnistes sérieuses.

Le taux de croissance a atteint 7,1 % par an, un des plus élevés du monde.

Au milieu d'une Amérique latine endettée, seul le Mexique conserve ses sources de crédit.

En 1968, ses droits de virement au Fonds monétaire international (270 millions de dollars) et auprès du Trésor américain (100 millions) sont intacts.

Il annule avant échéance des droits d'appels de 90 millions de dollars à I'Export-lmport Bank.

En 1967, il s'était adressé à l'Europe et y avait placé avec succès des emprunts de 100 millions de dollars.

Aussi les Etats-Unis ont-ils rayé. »