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Les classes laborieuses au Royaume-Uni de 1837 à 1851 (Histoire)

Publié le 06/10/2011

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Plus généralement ils s’humilient par la prostitution, puis le recours à l’assistance, plus répressive que curative. Depuis la réforme de la Loi des Pauvres en 1834 la distinction entre bons et mauvais pauvres s’est durcie. Les bons pauvres sont les travailleurs sédentaires pourvus d’une famille nombreuse ou chômeurs, secourus à domicile par la municipalité, au prix d’une infâmante inspection domiciliaire. Mais ces secours sont souvent insuffisants, et d’autre part l’emploi variable selon les régions, d’où le fort nomadisme des classes laborieuses, qui tombent alors sous le coup du délit de vagabondage : être pris dans la rue hors de sa commune d’origine, sans argent ni logement fixe.

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« fils Joseph vers 1850, qui personnellement a échappé au travail manuel pénible et peu rémunéré, donc est sorti desclasses laborieuses. La prolétarisation des artisans , plus fréquente que leur promotion, alimente, avec l'exode agricole, la classe ouvrièrede la grande industrie, en forte hausse absolue et relative : moins de 2 millions en 1837, plus de 3 millions de famillesen 1851.

Par la nouveauté de ses conditions de travail elle a focalisé l'attention des observateurs extérieurs, qui ontsouvent réduit à tort la diversité des classes laborieuses au prolétariat usinier, amené, selon Marx, à former lamajorité absolue de la population active.

Car le parallèle rhétorique entre un labeur artisanal trop vite idéalisé et untravail en usine tout aussi caricaturé était tentant, pour les écrivains comme Disraeli dans Sybil en 1845 ou lesdessinateurs de presse .

Le travailleur artisanal à domicile vivrait dignement de son travail manuel, entouré de safamille, au rythme de ses muscles ; l'ouvrier d'usine serait l'esclave moderne, alimentant le moloch industriel, lamachine imposant une cadence impitoyable qui ignore la fatigue et les heures, broie les membres.

Certes l'ensembledu personnel ouvrier d'une usine est soumis à des horaires et cadences régulières, une discipline militaire, desnuisances telles que les poussières qui infectent les bronches, la moiteur des filatures propice à la tuberculose, lafournaise du puddlage et du laminage ; toutes conditions qui expliquent la surmortalité industrielle, le nonrenouvellement naturel de la classe ouvrière.

Mais ce passéisme, qui rejoint les nostalgies nobiliaires d'une Angleterreagricole et artisanale, ignore d'abord la dureté renouvelée du travail artisanal, confond ensuite les deux sous-classesouvrières, inégalement affectées par l'usine.Les ouvriers qualifiés ou « skilled » , issus de l'artisanat où ils ont acquis au cours d'années d'apprentissage le savoirfaire d'un métier, par exemple chaudronnier ou horloger, s'adaptent difficilement à l'usine où ils installent et réparentles machines, réalisent les tâches délicates non mécanisées comme le martelage ou le tournage des pièces.

Alorsque dans l'artisanat ils pensent pouvoir devenir patrons, en épousant la fille de leur employeur ou en montant leurentreprise ; dans l'usine les perspectives de promotion se restreignent : principalement devenir chef d'atelier chargéde faire respecter l'assiduité et les cadences ; de plus en plus rarement prendre la direction technique de l'usine,encore moins en reprendre ou fonder une.Les victimes les plus évidentes de la Révolution industrielle forment la sous-classe des ouvriers dits non qualifiés («unskilled »), en proportion croissante (4/5° de l'emploi secondaire total en 1851, plus de 9/10° de l'emploi usinier )parce que la mécanisation déqualifie le travail, substituant un rouage à l'habileté manuelle.

Ne disposant que de leurforce de travail, ces auxiliaires de la machine sont interchangeables, donc bon marché du fait de l'excédent globalde main d'œuvre.

D'autant plus que femmes et enfants, sous payés, remplacent avantageusement les hommes, dansdes tâches moins physiques , par exemple pour renouer les fils cassés ou trier le charbon sur les tapis roulants ;tandis que les hommes conservent les travaux lourds comme la manutention des rouleaux de tissus ou l'abattage ducharbon.

Ces ouvriers inférieurs proviennent des couches les plus méprisés de la population : paysans anglais, ouplus souvent Irlandais.

Ceci contribue au mépris de leur santé : ils ne sont pas autorisés à débrayer les machines,qui ne comportent pas de mécanismes de sécurité ; et en cas d'accident comme un bras happé par une courroie, ilsdoivent apporter la preuve de la responsabilité de l'employeur pour être indemnisé, ce que les juges de paix refusentle plus souvent.

C'est plus par l'aspect immoral du travail usinier que les législateurs ont été choqués, amenés àintervenir, pour éviter la désagrégation familiale .

Depuis 1833 les inspecteurs du travail commencent à faireappliquer l'interdiction du travail des moins de 9 ans, la limitation de la semaine à 48 heures pour les 9-13 ans, 72pour les 13-18 ans ; puis la semaine de 60 heures pour les femmes en 1840, l'interdiction du travail nocturne et dutravail minier pour les femmes en 1844.

Si par ricochet ces lois sociales industrielles tendent à réduire la journée detravail de 12-16 heures à 10-12 heures, donc à limiter l'offre globale de travail, suffisent-elles à relever le niveau devie des classes laborieuses ? ******************************* Car si elles sont divisées par leur fonction, les classes laborieuses partagent la précarité.

Car malgré la croissanceéconomique, du fait d'une répartition de plus en plus inégalitaire des revenus, la précarité gagne les classeslaborieuses, qu'elle unifie : gêne en temps de prospérité (A) , misère en temps de crise (B). En effet même lors des périodes fastes de forte croissance et de plein emploi, comme 1839-1841, 1843-1844, 1850-1860, les familles des classes laborieuses restent hantées par la peur de manquer.

Fondamentalement parce que letravail, depuis l'abolition des corporations aux XVII-XVIII, est devenu une marchandise, au cours fixé par le marché.Or ce marché, du fait de la mécanisation et de la croissance démographique, est défavorable aux travailleurs .

D'oùde 1837 à 1851 sur le moyen terme une stagnation des revenus réels des individus des classes laborieuses, à unniveau très bas : moins de 100 livres par actif, alors que la frontière entre classe moyenne et supérieure passeautour de 1000 livres, que les Lords affichent des rentes de plusieurs dizaines de milliers de livres.

C'est pourquoi lesnécessités de la vie, nourriture, logement, vêtement, absorbent la majorité ou la totalité du revenu.La vie familiale même, tant vantée par les moralistes des élites, pose alors problème : à l'insouciance du jeunecélibataire qui peut s'octroyer quelques menus plaisirs succède vite l'angoisse des jeunes parents car même unsalaire d'ouvrier qualifié (80 à 100 livres par an) ne permet pas de loger et nourrir plus de 4 personnes ; a fortiori unpère unskilled (au mieux 40£ par an) ne peut maintenir le moindre enfant en bas âge avec son seul salaire, ayant unbesoin vital du salaire de sa femme.

Or la famille ouvrière ne limite guère sa fécondité, les nombreuses grossessespuis naissances sont autant de causes d'arrêts du travail féminin, puis de bouches à nourrir.

Y compris à l'âge detravailler, entre 9 et 13 ans, les enfants gagnent quatre fois moins que les hommes adultes ; deux fois moins que lesfemmes ; or ils coûtent au moins autant.

Et que surviennent des accidents familiaux, comme l'accident ou la mortprécoce du père, la maladie imposant le recours aux médecins et pharmaciens hors de prix , l'alcoolisme dissipateur,alors la misère règne au milieu de la prospérité.D'où à moyen terme la stagnation de la mortalité populaire à un niveau élevé ; tandis que celles des classes non. »

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