Les contrats d'engagement volontaire en Egypte
Publié le 04/10/2013
Extrait du document
La polémique est donc vive entre les égyptologues parti-sans d'un esclavage égyptien — ce sur la foi de textes du Nouvel Empire qui mettent en scène une maîtresse de maison partant acheter une ser-vante — et les rares égypto-logues juristes de formation (comme Bernadette Menu) pour qui la notion d'escla-vage, trop liée à nos yeux aux pratiques romaines, ne s'ap¬plique pas en tant que telle à la terre des pharaons.
En Égypte, si tous les sujets sont par définition soumis au souverain, si certains hommes
A la Basse Époque, quelques rares textes témoi‑
«
sont dans un état de servilité
proche du servage, le terme
d'esclave ne s'appliquerait
donc pas .
D'après Bernadette
Menu,
il faudrait lui subst i
tuer une notion plus vague de
dépendance, qui rend mieux
compte des différents statuts
à travers
les époques.
Il sem
ble en effet que , bien que sa
situation ne fût pas spéciale
ment enviable , le « dépen
dant » égyptien avait un mi
nimum de droits .
Les contrats
de dépendance
« volontaire »
A
u sein de cette probléma
tique de l'esclavage et de
la dépendance , il est souvent
question de
l'origine de la do
mination .
Pour l'Égypte tar
dive, quelques documents at
testent l'existence d'une servi
tude particulière pour dette :
une personne qui avait con
tracté une
dette auprès d'une
autre sans pouvoir s'en ac
quitter pouvait devenir son
serviteur,
engageant du mê
me coup
la liberté de ses en
fants.
Deux textes
remontant
au VI• siècle avant J.-C.
témoi
gnent de ce type d'engage
ment, mais
la pratique semble
confirmée par certaines clau
ses des contrats de prêt.
Le « contrat »
du Louvre
U
n de ces contrats est ex
posé dans
la salle consa
crée aux écritures égyptien
nes au Louvre.
Rédigé sur une
coupe en
terre cuite rougeâ
tre,
il a été étudié notamment
par Bernadette Menu.
li
y est question
d'une femme
qui s'engage, tout comme ses
enfants présents ou à venir, à
servir son créancier jusqu'au
remboursement
d'une dette :
« An 4, deuxième mois de la
saison shemou , jour 20 du
pharaon Psammétique,
la da-
·' me Djetouerisânkh, fille de
Nesemhat,
dit à Amenem
poua : "Tu m'as réjouie avec
l'argent par lequel je deviens
ta servante .
Je suis ta servan
te.
Aucun
homme ne pourra
m'employer sauf toi .
Je ne se
rai plus une personne libre
vis-à-vis de toi jusqu'au [rem
boursement de]
l'argent, du
grain,
et de toute [autre] cho
se.
[Même chose] pour les en- fants
que je mettrai au mon
de, les biens
qui m'appartien
nent et ce que je produirai
( ...
),et ce à partir de l'an 4, le
deuxième mois de la saison
shemou ( ...
).
Quiconque s'op
poserait à
toi à mon sujet, en
disant
"ce n'est pas ta servan
te", te donnera l'argent et le
grain que tu désires, puisque
que je
suis à toi, en tant que
servante avec mes
enfants
( ...
).
Je ne me sauverai pas." »
La dépendance
volontaire
à Rome
C
e type de dépendance
était apparemment assez
répandu dans l'Orient ancien
ainsi que dans
l'empire ro
main.
C'est ainsi que, au
1er siè
cle, Sénèque en vint à dire, à
la stupéfaction du lecteur mo-.
»
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