Les femmes au cœur du conflit algérien
Publié le 06/12/2018
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La réalité est cependant plus complexe. Étrange situation que celle où les femmes, si elles sont loin d’en constituer la majorité des victimes, semblent être l’enjeu d’une guerre qui ne dit pas son nom. Dès son émergence sur la scène politique en 1988, le Front islamique du salut (FIS) affirme que l’avènement d’une société fondée sur la charia passe par l’instauration d’un « apartheid sexuel », seul capable de mettre un frein à l’émancipation des femmes, perçue comme le pire des dangers. Depuis l’arrêt du processus électoral en 1992, les groupes armés ont fait de l’enfermement des femmes un de leurs buts de guerre, vouant à leur vindicte celles qui refusent de se soumettre à leur loi. Le pouvoir, quant à lui, se proclame aujourd’hui le garant de leur liberté menacée et glorifie la lutte de celles qui rejettent les diktats des islamistes.
Si elles refusent la régression que ces derniers veulent leur imposer, les Algériennes ne sont pas pour autant dupes de la soudaine compassion d’un pouvoir qu’elles rendent largement responsable de leur détresse. « Le FIS, c’est le FLN repeint en vert [couleur de l'islam] », proclamaient naguère les banderoles des féministes dans les rues d’Alger. Depuis l’indépendance, acquise en 1962, en partie grâce à leur combat, le Front de libération nationale, parti unique jusqu’en 1989, n’a cessé en effet de s’opposer au désir d’émancipation des femmes en instaurant une véritable misogynie d’État.
Renvoyées à leurs tâches domestiques dès l’indépendance, malgré leur participation à la guerre de libération, les Algériennes vivent sous le joug de lois inégalitaires qui institutionnalisent leur infériorité.
La crise que traverse leur pays et le développement du mouvement islamiste font peser sur elles les menaces les plus lourdes. Nombre d’entre elles tentent de résister à la triple violence dont elles sont victimes : celle de la loi, celle de pratiques sociales marquées du sceau patriarcal et celle d’un extrémisme religieux qui a fondé son projet de société sur leur sujétion.
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