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« On déclame sans fin contre les passions» Que pensez-vous de ce jugement de Diderot?

Publié le 03/03/2011

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   Il est difficile de savoir si le mot-clé passion est pris par Diderot au sens classique (tout phénomène affectif passivement subi, par opposition à la raison et à l'activité) ou au sens moderne plus restreint : « tendance d'une certaine durée assez puissante pour dominer la vie de l'esprit «. Peu importe : les passions, au sens classique, englobent les passions au sens moderne, et en ne prenant que celles-ci comme exemples, vous ne sortez pas du sujet.

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« l'action utile (Ruy Blas, patriote par amour); 3 donne l'énergie à l'inventeur (Balzac, Les Illusions perdues :personnage de David Séchard); 4 inspire le poète (amour paternel chez V.

Hugo); 5 excite les facultésintellectuelles, donne des intuitions (ex.

J.-J.

Rousseau : sa passion de l'égalité explique en partie son œuvre); 6 faitles sociétés (le monde balzacien); 7 inspire de généreuses idées morales, etc.; b) pour Balzac, la passion lui donnel'énergie de bâtir son œuvre, lui inspire ses personnages qui l'expriment; c) dans votre cas : les sacrifices et les «grandes choses » dus à votre passion : vaincre sa paresse, être exact, précis;aller à la limite de ses forces; être fidèle aux camarades, etc.

d) La raison, au contraire, peut paralyser : ex.Montaigne ne se donne pas à la politique, se restreint à son propre bonheur; ex.

dans Les Illusions perdues, lescepticisme sordide et négatif des journalistes comme Loustau par opposition à l'enthousiasme passionné de Lucien;êtres médiocres sans passion : Homais, Philinte, etc. FEUILLE 4 : Il y a cependant des bonheurs raisonnables, fondés sur une juste appréciation du possible, laconnaissance de soi, et la conscience des plaisirs non accompagnés de douleur : ex.

Montaigne; Candide; Rousseaului-même, qui renonce à la lutte d'idées passionnée, à l'amour, à l'amitié, etc., pour chercher dans une vie retirée etcalme des bonheurs des sens ou de l'imagination.

Ce n'est qu'après la passion et ses souffrances que tel écrivaincomme Proust éprouve un relatif bonheur, d'ordre intellectuel cette fois, à retrouver et à recréer le « temps perdu ». FEUILLE 5 : a) La passion inspire aussi de grands crimes : ex.

les personnages cornéliens comme Cléopâtre dansRodogune, la cousine Bette, etc.

Cela ne gêne pas Diderot qui trouve une beauté aux grands criminels passionnésdans 1' « unité » de leur caractère.

Mais une considération purement esthétique doit-elle faire oublier la morale?Quoique beaux (peut-être d'ailleurs uniquement grâce aux prestiges de l'art), ces grands passionnés sont nuisibles àla société, et à eux-mêmes, car finalement leurs facultés sombrent dans la démence ou le crime, b) La raison peutaussi faire de grandes choses justement en apprenant à dominer les passions (ex.

Auguste dans Cinna), en inspirantla sagesse (Montaigne, La Fontaine), la justice (Montesquieu), c) La passion peut certes l'éclairer et l'entraîner,mais seule, elle ne suffit pas si les facultés intellectuelles ne lui servent au moins de conseillères et de guides, ou sielles n'en tirent pas soit une expérience, soit une impulsion, grâce auxquelles elles peuvent agir ou créer sansrisquer de se perdre dans l'égarement ou l'incohérence.. »

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