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« Spleen» (4), Spleen et Idéal, Les Fleurs du mal « Quand le ciel bas et lourd… »

Publié le 23/12/2023

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« OE 2 La poésie du XIXès au XXIès 1ère Etude des Fleurs du mal, Baudelaire, 1861 Parcours : Alchimie poétique : la boue et l’or « Spleen» (4), Spleen et Idéal, Les Fleurs du mal « Quand le ciel bas et lourd… » Présentation du poème : « Spleen LXXVIII » (78), issu de la section « Spleen et Idéal » s’inscrit dans une série de poèmes consacrée à la mélancolie (LXXV, LXXVII et LXXVII) dans Les Fleurs du Mal et illustre le combat entre le spleen et Idéal qui a lieu tout au long du recueil.

C’est le dernier des quatre poèmes portant ce titre mais aussi le plus sombre et le plus angoissant.

Nous pouvons y lire une angoisse profonde qui croit au fur et à mesure que le poème se déroule jusqu’à son paroxysme à la dernière strophe.

Le mot spleen est anglais et Baudelaire, grand traducteur de cette langue, le choisit pour qu’il sonne différemment de la simple mélancolie : le spleen signifie la rate, le lieu d’où viennent ces humeurs noires qui s’abattent sur le poète. Mouvements du texte « Spleen » est composé de 5 quatrains des rimes croisées, forme adaptée à un récit qui progresse pas à pas, et peut être divisé en 2 parties : • Un 1e mouvement (les 3 premiers quatrains) décrit le spleen et plus précisément la montée de la crise à travers la description d’un paysage accablant • Un 2sd mouvement (4e et 5e quatrains) montre l’éclatement de cette crise : la victoire du spleen sur le poète mais aussi, paradoxalement, la façon dont le poète parvient à mettre ce spleen à distance Problématique : • Comment Baudelaire nous fait -il ressentir l’intensité de son Spleen ? OU • En quoi ce poème est il caractéristique de l’alchimie poétique ? Étude linéaire : Premier mouvement : une description du spleen (quatrains 1, 2, 3, ) - v 1 à 12 : Les trois premiers quatrains décrivent le spleen, un état morbide et dépressif ressenti par le poète et se caractérisent par la description d’un paysage, reflet d’un paysage intérieur (celui de la dépression). Ces 3 premiers quatrains s’organisent autour de trois propositions subordonnées complétives circonstancielles de temps juxtaposées. L’anaphore de la conjonction de subordination « Quand… » qui ouvre les trois premiers quatrains (v.1, v.4 et v.9) rappelle que le monde est soumis à un temps pesant et destructeur. A - Le 1er quatrain met surtout en avant un sentiment d’oppression Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis Et que de l'horizon embrassant tout le cercle Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits - Cette pesanteur est signifiée par le champ lexical du poids qui traduit le sentiment d’enfermement du poète. • le « ciel » est comparé à un couvercle (ustensile de cuisine → image très concrète, triviale) • les adjectifs« bas et lourd », et le verbe « pèse » du vers 1 suggèrent avec une intensité croissante l’idée d’écrasement physique et d’étouffement moral. • l’enjambement vers 1 et 2 qui prolonge la phrase d’un vers à l’autre renforce cette idée de pesanteur • « le cercle » et même « l’horizon », le participe présent « embrassant » connotent des formes circulaires qui ne laissent aucune échappatoire : = le poète est encerclé. - Ainsi, le termes aériens et éthérés qui pourraient renvoyer à l’Idéal, à l’espoir, à la la liberté (« ciel / esprit / horizons / jours ») sont immédiatement contrecarrés par les termes exprimant la fermeture : « couvercle », « ennuis », « cercle », « nuits ». - Dans cette description, le poète apparaît comme passif, sans force, vaincu • le ciel est le sujet des verbes « pèse » (v1) puis « verse » au vers 4 → Il orchestre l’enferment du poète (on est loin du paysage état-d’âme romantique où la nature est empathique avec le poète et qui constitue un refuge ou une consolation pour le poète ) • l’effet de contraste entre le mouvement vertical du versement qui s’oppose au cercle de l’horizon suggère l’idée que le poète est cerné de toute part • le poète se réduit à un « esprit gémissant en proie aux longs ennuis» (v.2). - L’esprit donc subit à la fois l’oppression extérieure et le malaise intérieur (l’ennui : synonyme de dégoût de la vie/haine de tout). - Le participe présent « gémissant » souligne l’absence de force pour surmonter le spleen.

A travers ce ciel lourd, le poète est dépassé par une force supérieure à la manière d’un héros tragique. • de plus l’utilisation du présent de vérité générale (« pèse », « verse ») associée à l’utilisation du pronom « nous » au vers 4 traduit l’universalité de l’expérience mais contribue aussi à « dépersonnaliser » le poète (le je s’efface). B – L’ effacement du poète (2ème et 3ème quatrain) Quand la terre est changée en un cachot humide, Où l'Espérance, comme une chauve-souris, S'en va battant les murs de son aile timide Et se cognant la tête à des plafonds pourris ; Quand la pluie étalant ses immenses traînées D'une vaste prison imite les barreaux, Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux, Le poème progresse de la description du ciel (strophe 1) à celle de la terre (strophe 2) puis à celle de la pluie (strophe 3) → une progression du haut vers le bas > mouvement descendant qui symbolise l’emprise grandissante du spleen - Le deuxième et troisième quatrains poursuivent la métaphore filée de l’enfermement et l’amplifient  la « terre », et donc par métonymie le monde, se trouve assimilée à un espace carcéral : « la terre est changée en un cachot humide »v5 plus loin sont utilisés les termes : « murs » v7 « plafonds » v8, « vaste prison » v10, « barreaux » v10  l’adjectif « humide » introduit le thème de l’humidité malsaine annoncée à la strophe 1 avec le « ciel » qui « verse un jour noir» et que l’on retrouve avec « pourris » au vers 8, puis le motif de la « pluie » dans la 3e strophe.  en associant les mouvements verticaux et horizontaux : le monde devient une prison qui enferme le poète et rend toute élévation impossible o dans la strophe 2 : « les murs » verticaux complètent les « plafonds pourris » o dans la strophe 3, on trouve un contraste entre la pluie qui imite « des « barreaux » et une « vaste prison » « ses immenses trainées » dessinent un mouvement vertical (le nom « traînées » évoque une ligne sans fin, renforcée ici par l’adjectif « immenses » + utilisation du pluriel qui évoque l’abondance) tout de suite contredit par « étalant » et « d’une vaste prison » qui renvoient à une tendue horizontale. - Face à cette puissance du spleen, l’Idéal se trouve anéantit - Il est tout d’abord comparé à une chauve-souris dans la strophe 2.    Alors que dans l’imaginaire romantique, l’Espérance est plutôt une colombe, du côté du sublime, le terme « Espérance », allégorie de l’Idéal, se trouve ici comparé à « une chauve-souris » : l’Espérance est donc aveugle, assimilée à un animal de nuit, symbolisant la mélancolie et le vampirisme. son aile est qualifiée de « timide(s) » (du latin timéo qui signifie craindre) → la chauve-souris a des ailes atrophiées + sentiment de faiblesse renforcé par l’utilisation du singulier (« son aile » plutôt que ses ailes) Le participe présent (« s’en va / battant ») insiste sur la lourdeur et la durée de l’action de la chauve-souris qui tourne sans trouver d’issue. • Les allitérations en p/t/q : « s’en va battant les murs de son aile timide / Et se cognant la tête à des plafonds pourris ») imitent le battement de l’aile et font entendre au lecteur les coups de la chauve-souris contre les murs. • L’assonance nasale en « an » (« changée en un cachot », « Espérance », « s’en.... »

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