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A partir de cet extrait des « Lettres persanes », analysez l'art du polémiste chez Montesquieu :

Publié le 07/11/2014

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montesquieu

D'autre part l'ordonnance divertit par son aspect

parodique. Cet acte officiel est, comme il convient, lourd et contourné dans l'« exposé des motifs «, sec et tranchant dans tes articles, mais partout disgracieux, partout prêt à verser dans le galimatias : « qui nous ont supplié de faire attention qu'il est notoire qu'elles sont... « « lesquelles ont fait jusques ici la 

Usbek à Rhédi, à Venise

Je n'entends jamais parler de leurs libéralités, des grâces et des pensions qu'ils accordent, que je ne me livre à mille réflexions : une foule d'idées se présentent à mon esprit ; il me semble que j'entends publier cette ordonnance :

« Le courage infatigable de quelques-uns de nos sujets à

nous demander des pensions ayant exercé sans relâche « notre magnificence royale, nous avons enfin cédé à la « multitude des requêtes qu'ils nous ont présentées, les­« quelles ont fait jusques ici la plus grande sollicitude du « Trône. Ils nous ont représenté qu'ils n'ont point manqué, « depuis notre avènement à la couronne, de se trouver à « notre lever ; que nous les avons toujours vus sur notre « passage immobiles comme des bornes ; et qu'ils se sont « extrêmement élevés pour regarder sur les épaules les plus « hautes Notre Sérénité. Nous avons même reçu plusieurs « requêtes de la part de quelques personnes du beau sexe, « qui nous ont supplié de faire attention qu'il est notoire

« qu'elles sont d'un entretien très difficile ; quelques-unes

« même, très surannées, nous ont prié, en branlant la tête,

« de faire attention qu'elles ont fait l'ornement de la cour

« des rois nos prédécesseurs, et que, si les généraux de leurs

« armées ont rendu l'État redoutable, par leurs faits militaires,

« elles n'ont point rendu la Cour moins célèbre par leurs

« intrigues. Ainsi, désirant traiter les suppliants avec bonté

« et leur accorder toutes leurs prières, nous avons ordonné

« ce qui suit :

«  Que tout laboureur ayant cinq enfants retranchera journel‑

« lement la cinquième partie du pain qu'il leur donne. Enjoi‑

« gnons aux pères de famille de faire la diminution, sur chacun

« d'eux, aussi juste que faire se pourra.

«  Défendons expressément à tous ceux qui s'appliquent à

« la culture de leurs héritages, ou qui les ont donnés à titre

« de ferme, d'y faire aucune réparation, de quelque espèce

« qu'elle soit.

«  Ordonnons que toutes personnes qui s'exercent à des

« travaux vils et mécaniques, lesquelles n'ont jamais été au

« lever de Notre Majesté, n'achètent désormais d'habits à

« eux, à leurs femmes et à leurs enfants, que de quatre en

« quatre ans ; leur interdisons, en outre, très étroitement ces

« petites réjouissances qu'ils avaient coutume de faire dans

« leurs familles les principales fêtes de l'année.

«  Et, d'autant que nous demeurons averti que la plupart

« des bourgeois de nos bonnes villes sont entièrement occupés

« à pourvoir à l'établissement de leurs filles, lesquelles ne se

« sont rendues recommandables dans notre État que par une

« triste et ennuyeuse modestie, nous ordonnons qu'ils atten‑

« dront à les marier jusqu'à ce qu'ayant atteint l'âge limité

« par les ordonnances elles viennent à les y contraindre.

« Défendons à nos magistrats de pourvoir à l'éducation de

« leurs enfants «.

 

A Paris, le1 de la lune de Chalval, 1718.

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