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ACTE III - LE SACRIFICE DU FILS. BRAND d'IBSEN

Publié le 03/05/2011

Extrait du document

ibsen

La scène représente le jardin sur lequel s'ouvre le presbytère où Brand vit avec sa femme, Agnès, et son petit garçon, Alf. Le jardin est petit, entouré d'une clôture de pierres. Le fjord s'étend au fond, étroit et fermé. Le presbytère est adossé à la haute montagne. Mais, dit Agnès,

L'abri en est d'autant plus sûr. Le mur du roc est si à pic, qu'au moment où les feuilles poussent, le glacier par-dessus nous glisse, et le presbytère est intact, comme derrière une cascade. BRAND. Le soleil n'atteint jamais ici. AGNÈS. Oui, mais il danse, chaud et doux, au haut de la montagne en face. BRAND. Oui, trois semaines... en été... sans parvenir jamais au bas.

ibsen

« Précepte à observer, non pas,verbalement, mais dans la vie.AGNÈS (se jette â son cou).

Où tu vas, pas à pas, j'irai !BRAND.A deux nul versant n'est trop raide. Cependant, le bonheur de Brand, au cours de ce troisième acte, est troublé par deux événements graves.

L'un estla maladie de sa mère.

Elle va mourir.

Le moment est venu, où il veut faire tout pour assurer son salut.

Il lui a faitrappeler la condition nécessaire : elle doit renoncer à la totalité de ses biens.

Et il attend avec impatience lemessager qui doit lui apporter la réponse, pour se rendre auprès d'elle.

Si elle ne renonce pas, il ne croit pas pouvoirlui être utile.

L'autre fait ne lui cause encore, au commencement de l'acte, qu'une vague inquiétude : Alf est un peupâle, et Brand sait combien l'air des glaciers et l'absence du soleil sont dangereux si l'on n'est pas très vigoureux.Agnès trouve que Brand devrait aller chez sa mère sans attendre le message, et comme il donne, à sa façonpéremptoire, ses raisons de n'en tien faire, elle dit : « Brand, tu es dur ».

Le docteur passe, appelé par la mourante,et apprend que le pasteur ne l'a pas vue.

Il dit : « Vous êtes dur, prêtre ! » C'était déjà, dès la première scène dudrame, le mot du paysan rencontré sur le haut fjeld, et ce mot reviendra comme un refrain, au cours de l'acte, danschaque scène où l'on aura des nouvelles de la mère.

Cette indéniable dureté de Brand, observée par tous, s'expliqueassez par son enfance, le défaut de tendresse dans sa famille, et l'affreux souvenir de la scène où sa mère fouillaitle lit de son père.

Elle n'exclut pas cependant, comme on vient de le voir par sa conversation avec Agnès, lessentiments affectueux, et même à l'égard de sa mère, ses inquiétudes, son impatience de voir arriver la réponse,montrent qu'il est tourmenté pour elle, malgré tout.

Comme le dit Agnès au docteur, « il donnerait son sang pourpurifier l'âme de sa mère » ! C'est par une sorte de bonté qu'il refuse de se rendre près d'elle, estimant qu'il doits'abstenir.

Et s'il est dur, c'est surtout pour lui-même, puisqu'il s'interdit de suivre son penchant naturel.

Toutefois,écoutons le docteur.

C'est un homme de grand sens, et il est un peu, bien qu'il ne paraisse que dans ce troisièmeacte, comme le raisonneur de la pièce.

Brand lui ayant parlé de ce « vouloir », qui suffit à tout, et qu'il entend dansun sens quelque peu mystique, le docteur le regarde fixement et lui dit : Dose normale d'humain vouloirFigure au livre de ta richesse ;...Mais le comptes charité , prêtre,Est page blanche sur ton livre ! « Charité ».

Le mot est en latin, caritatis, dans le texte norvégien, et le même mot latin reviendra dans le derniervers du drame.

Ce sera le moment de prononcer un jugement sur le caractère de Brand.

L'effet immédiat produit surlui par la critique du docteur est une réaction qui l'ancre davantage encore dans son idée : la charité, ou l'amour,car Ibsen a dit lui-même que c'est le sens du latin d'église caritas — n'est communément qu'un prétexte lâche dontl'homme se sert pour excuser ses faiblesses, l'amour aveulit le vouloir : BRAND (le suit des yeux un moment).

Nul mot n'est traîné dans la bouedu mensonge comme celui-là ;...il sert, par un tour satanique,à masquer les accrocs au vouloir ;ce voile sournois dissimuleque l'on coquette avec la vie.

Le sentier est étroit et raide ? on l'abandonne...

par amour ; suit-on la large voix dupéché,quand même on compte...

sur l'amour ; qui voit son but, sans prendre peine,espère vaincre.., par l'amour ; celui qui sait bien qu'il s'égare,...

a un refuge...

dans l'amour !AGNÈS.Oui, c'est faux, et pourtant, parfois je me demande : est-ce bien sûr ?BRAND.On oublie que par le vouloir doit tout d'abord être étanchée la soif d'équité de la loi.D'abord il faut vouloir, non pasce qui, grand ou petit, est faisable, non l'acte simple qui comporte quelque peine, un certain effort, non, il faut,avec force et joie, vouloir subir tous les tourments.

Mourir sur l'arbre d'une croix,ce n'est pas là le vrai martyre ; C'est vouloir la mort sur la croix, vouloir la douleur de la chair, vouloir l'angoisse del'esprit,le salut n'est qu'à ce prix conquis.AGNÈS (se presse contre lui).

Quand m'effraiera l'affreux arrêt, parle, alors, mon mari si fort IBRAND.Alors, dans un pareil combatsi le vouloir a triomphé,alors vient le temps où l'amour descend, colombe blanche, et porte le rameau d'olivier vital ;mais envers ces gens mous et veules,le meilleur amour est la haine !(épouvanté).. »

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