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BRAND D'IBSEN - ACTE PREMIER : SUR LA HAUTE MONTAGNE. ANALYSE DE LA PIÈCE

Publié le 03/05/2011

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ibsen

Le drame écrit si vite et dans un état d'exaltation si singulier ne peut pas être présenté comme un modèle de composition et comme une oeuvre parfaite en son genre. Bien qu'Ibsen ait été un merveilleux technicien de théâtre, ce que Brand même suffirait à prouver, la pièce souffre pourtant de défauts graves qui tiennent précisément aux conditions dans lesquelles il l'a écrite, transposant en forme dramatique son primitif « Brand épique « sans s'être suffisamment rendu compte que la vraie raison de cette transformation était le changement du sujet même de son oeuvre. Sa grande colère de 1864 contre le peuple norvégien la lui avait suggérée, mais le personnage de Brand s'était émancipé, il ne voulait plus servir de simple moyen d'expression pour les sentiments de son auteur. Malheureusement cette grande colère subsistait, aussi forte que jamais, et c'est pourquoi le drame ne s'est pas dégagé entièrement de la conception première. Alors qu'il devrait traiter un haut problème philosophique, la question d'actualité y apparaît par moments, Ibsen n'a pas pu attendre d'être suffisamment éloigné de son émotion initiale. Il en résulte parfois quelque confusion, mais de là vient aussi, sans doute, l'extraordinaire intensité de l'oeuvre entière.

ibsen

« Ils se séparent.

Ce paysan, nous ne le verrons plus.

La courte scène est comme un prologue, destiné à donner uneimpression du paysage, et à fixer le caractère de Brand.

Elle a probablement été imaginée par un caprice, ajoutéeaprès coup, c'est pourquoi elle est sans lien avec la fable.

Mais elle est utile, et d'un bel effet à la scène.Resté seul, Brand aperçoit des gens, car le brouillard se lève.

Ce sont les amis d'Ejnar et Agnès, qui leur disentadieu, comme on l'a vu dans le chant du « Brand épique » intitulé : « Sur le haut Fjeld ».

Bientôt Ejnar et Agnèsarrivent en se poursuivant, et disant les quatrains déjà cités précédemment : « Agnès, mon charmant papillon » àpeine modifiés.

Mais il n'y a plus de guide ni de cheval, et lorsque le jeune couple s'approche d'une pente escarpée,c'est Brand qui leur crie : Halte ! Alors, entraînés par l'exubérance de leur joie, Ejnar et Agnès racontent leursfiançailles, leur prochain mariage et leur projet de voyage vers les pays méridionaux.

Brand, qui a tout de suitereconnu Ejnar, est évidemment choqué de leur enthousiasme puéril, surtout lorsque le peintre loue Dieu de sonbonheur :Il s'est montré surtout splendide en me donnant ma fiancée !Pourtant, il ne veut pas assombrir les jeunes gens, et leur dit brusquement adieu.

A ce moment, Ejnar reconnaît sonancien camarade ; et Brand, qui s'est retenu jusque-là, va manifester d'autant plus l'amertume qu'a provoquée en luile spectacle d'une gaieté qui lui paraît médiocre. EJNAR.Ton pays natal, ...

c'est bien ici ?BRAND.Ma route y passe aujourd'hui même.EJNAR.Y passe ? Et puis ? Tu vas plus loin ?BRAND.Oui, loin ; et vite...

par delà chez moi.EJNAR.Tu es bien prêtre ?146 BRANDBRAND (sourit).Pasteur adjoint.Comme le lièvre dans les sapins, mon domicile est ici ou là.EJNAR.Et où te rends-tu ; pour cette fois ? BRAND (vite et durement).

Ne le demande pas.EJNAR.Pourquoi ?BRAND (change de ton).Après tout ! Le même bateau qui vous attendm'emmènera également.EJNAR.Ma voiture de mariage ? Hurra !Dis donc, Agnès, sa route est la nôtre !BRAND.Mais je vais à des funérailles, moi.AGNES.Des funérailles ?EJNAR.Qui enterre-t-on ?BRAND.Le Dieu que tu disais le tien.AGNÈS (recule).Viens, Ejnar !EJNAR.Brand !BRAND.Le Dieu du serf de la glèbe,do l'esclavage du travail quotidien,sera enseveli solennellement ;il faut en finir avec cette affaire.Il en est temps, vous comprenez.Voilà mille ans qu'il est décrépit.Ejnar s'y trompe, et croit que Brand, conformément aux réveils religieux alors fréquents en Norvège, veut « parl'effroi de l'enfer, pousser tout le monde dans un sac de cendres ».

Et Brand s'explique.BRAND.Non, je ne suis pas prêcheur de sornettes.

Je ne parle pas en prêtre de l'église ;à peine sais-je si je suis chrétien ; mais je sais que je suis un homme, et je sais que je vois la tarequi ronge la moelle du pays.EJNAR (sourit).Je n'ai jamais entendu dire que notre bon pays eût renom d'exagérer la joie de vivre.BRAND.. »

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