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Analyse de l'Art Poétique. Chant II. — Les genres secondaires.

Publié le 28/04/2011

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Leur distinction aujourd'hui affaiblie. — Y a-t-il un ordre suivi par Boileau ? — L'idylle.— L'élégie. — L'ode : théorie et pratique de Boileau ; le lyrisme moderne. — Le sonnet. — L'épigramme ; l'abus des pointes. — Les genres à forme fixe. — La satire. — Le vaudeville. Le second chant est consacré aux règles des genres poétiques dits secondaires, les grands genres étant réservés pour le chant suivant. Il est de tradition depuis l'antiquité de distinguer les genres selon leurs buts et leurs moyens. Mais notre époque classique, plus stricte qu'aucune autre, établit entre chacun d'eux une barrière infranchissable et regarde comme faute de les mêler. Ce rigorisme n'est plus le nôtre. Le Romantisme a bataillé non seulement pour rapprocher les formes dramatiques diverses, mais aussi pour permettre au poète de varier le ton selon ce qu'il veut dire sans se soucier de savoir s'il écrit une élégie ou une ode ; qui dira si le Lac de Lamartine est l'une ou l'autre ? Ne trouvons-nous pas dans les Châtiments de la satire, du lyrisme et de l'épopée ?

Cette partie du poème a donc un intérêt historique plutôt qu'actuel. Aussi peut-on être relativement assez bref à son propos, bien que, si l'on voulait, on pût, en reprenant les jugements de Boileau, faire toute une histoire de la poésie française et même de la latine. Ce serait tomber dans la prolixité du P. Delaporte.   

« Des plaisirs de l'amour vanter la douce amorce ; Changer Narcisse en fleur, couvrir Daphné d'écorce. Le procédé pour parler de l'Élégie est le même que pour l'Idylle : après une définition du genre (élégie funèbre ouélégie amoureuse) vient l'indication des défauts modernes, opposés aux qualités des maîtres anciens, Tibulle etOvide (on remarquera l'absence de Properce).

Il est évident que Boileau eût été bien en peine de nommer en regardde ces noms des rivaux modernes, puisque pour lui le XVIe siècle ne compte pas.

La poésie amoureuse de Ronsardn'est pas tout entière dérivée de Pétrarque, et l'on y trouve des sentiments vrais dont nous sommes aujourd'huitouchés.

Mais après lui, sous l'influence italienne, se répand une poésie amoureuse toute de convention quidégénère en poésie galante.

C'est elle qu'on admirait dans les cercles précieux.

Boileau en avait déjà blâmé lelangage traditionnel dans la Satire II.

Ici l'allusion à Voiture et au fameux sonnet d'Uranie est évidente, puisqu'il luiemprunte une de ses expressions : bénir leur martyre. C'est toujours le même défaut qui est blâmé : le manque de sincérité et de naturel : Je hais ces vains auteurs dont la muse forcée M'entretient de ses feux, toujours froide et glacée Qui s'affligent parart, et, fous de sens rassis, S'érigent pour rimer en amoureux transis. La conclusion est nette et précise, et l'on y souscrit volontiers : Il faut que le cœur seul parle dans l'élégie. Vingt-cinq vers suffisent à Boileau pour l'ode.

Nous devons nous en étonner, non seulement en songeant audéveloppement qu'a pris ultérieurement la poésie lyrique, mais aussi en nous rappelant quelle place elle occupe dansles littératures antiques, et quelle importance on avait cherché à lui donner depuis la Renaissance.

On ne pouvaitlouer le Roi sans recourir à l'Ode, et la flatterie ambitieuse des poètes ne s'en privait pas.

Boileau lui-même y faitallusion quelques années plus tôt : Ce n'est pas qu'aisément, comme un autre, à ton char Je ne puisse attacher Alexandre et César ; Qu'aisément je ne puisse, en quelque ode insipide, T'exalter aux dépens et de Mars et d'Alcide... C'est par des odes célébrant Henri IV, Marie de Médicis ou Louis XIII que le maître de Boileau, Malherbe, s'étaitassuré la gloire. La brièveté que nous trouvons ici a été, il est vrai, rachetée plus tard, au cours de la querelle des Anciens et desModernes, par le Discours sur l'Ode qui précède l'Ode sur la prise de Namur, et par la défense de Pindare dans lesRéflexions sur Longin (en particulier la VIIIe). La conception que Boileau a de l'ode est toute de tradition antique : il définit le lyrisme impersonnel de l'hymnereligieux, de l'ode triomphale, de l'ode politique.

Il y ajoute le lyrisme gracieux. L'Ode, nous dit-il « avec éclat », comme il convient pour dépeindre le genre : Entretient dans ses vers commerce avec les Dieux ; Aux athlètes dans Pise elle ouvre la barrière ; Chante un vainqueur poudreux au bout de la carrière ; Mène Achille sanglant aux bords du Simoïs ; Ou fait fléchir l'Escaut sous le joug de Louis. Tantôt, comme une abeille ardente à son ouvrage, Elle s'en va de fleurs dépouiller le rivage ; Elle peint les festins, les danses et les ris ; Vante un baiser cueilli sur les lèvres d'Iris... Alors que, partout ailleurs, Boileau nomme les modèles anciens, ici on ne trouve aucun nom : ni Pindare, ni Anacréon(bien qu'il les ait dans l'esprit).. »

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