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Analyse linéaire - Les fleurs du Mal de Charles Baudelaire (1857), "une charogne", Sleen et Idéal XXIX – Une Charogne Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire

Publié le 17/06/2023

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« Les fleurs du Mal de Charles Baudelaire (1857), "une charogne", Sleen et Idéal XXIX – Une Charogne Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme, Ce beau matin d'été si doux : Au détour d'un sentier une charogne infâme Sur un lit semé de cailloux, Les jambes en l'air, comme une femme lubrique, Brûlante et suant les poisons, Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique Son ventre plein d'exhalaisons. Le soleil rayonnait sur cette pourriture, Comme afin de la cuire à point, Et de rendre au centuple à la grande Nature Tout ce qu'ensemble elle avait joint; Et le ciel regardait la carcasse superbe Comme une fleur s'épanouir. La puanteur était si forte, que sur l'herbe Vous crûtes vous évanouir. Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride, D'où sortaient de noirs bataillons De larves, qui coulaient comme un épais liquide Le long de ces vivants haillons. Tout cela descendait, montait comme une vague Ou s'élançait en pétillant On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague, Vivait en se multipliant. Et ce monde rendait une étrange musique, Comme l'eau courante et le vent, Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique Agite et tourne dans son van. Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve, Une ébauche lente à venir Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève Seulement par le souvenir. Derrière les rochers une chienne inquiète Nous regardait d'un oeil fâché, Epiant le moment de reprendre au squelette Le morceau qu'elle avait lâché. - Et pourtant vous serez semblable à cette ordure, A cette horrible infection, Etoile de mes yeux, soleil de ma nature, Vous, mon ange et ma passion! Oui! telle vous serez, ô la reine des grâces, Apres les derniers sacrements, Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses, Moisir parmi les ossements. Alors, ô ma beauté! dites à la vermine Qui vous mangera de baisers, Que j'ai gardé la forme et l'essence divine De mes amours décomposés! Réussir, ça s’apprend NOTES : 1.

Lubrique : impudique, vicieux, ayant un goût immodéré des plaisirs sexuels 2.

Cynique : qui se plaît à ignorer délibérément la morale, les convenances.

Sans scrupules. 3.

Exhalaison : gaz, odeur, vapeur qui s’exhale, se répand . 4.

Putride : en putréfaction, en voie de décomposition 5.

Van : panier large et plat permettant de trier et de nettoyer les grains de blé 6.

Ebauche : première forme d’une œuvre d’art, d’un ouvrage, qui contient déjà en germe les caractéristiques de la production finale Analyse linéaire INTRODUCTION : Présentation générale (auteur, œuvre) : Charles Baudelaire est un poète parisien du XIXème siècle (né en 1821) que l’on considère comme l’« inventeur » de la modernité.

En effet, encore influencé par le Romantisme, il a cependant apporté un souffle nouveau sur les arts, tant dans ses thèmes que dans les formes qu’il exploite.

Il influencera à son tour toutes les générations de poètes qui lui succéderont, des symbolistes aux parnassiens de la seconde moitié du XIXème siècle, et jusqu’à aujourd’hui.

Mais quand il publie pour la première fois son recueil Les Fleurs du Mal, en 1857, dans la France bourgeoise du Second Empire, il fait scandale malgré lui, et subit un procès qui aboutira à la censure partielle de son œuvre, ce qui le rendra malheureux, car il se sentira incompris, poète maudit. Présentation de l’extrait (situation du passage dans l’œuvre) et problématique : Le poème XXIX de la section « Spleen et Idéal », première du recueil, qui s’intitule « Une charogne », est emblématique du geste baudelairien de l’alchimiste, que la puissance rend capable de transformer la boue (une charogne, élément ignoble) en or (esthétique amoureuse par-delà bien et mal, beau et laid, Spleen et Idéal, vie et mort).

Nous verrons en quoi ce poème se démarque de la tradition poétique, en mettant en acte ce geste d’alchimiste poétique.

Dans le même temps, nous verrons comment Baudelaire donne sa version du carpe diem. Remarques générales sur la forme du poème : douze quatrains, dans lesquels les alexandrins et les octosyllabes s’alternent et les rimes sont croisées. Mouvements du texte : - Strophes 1 et 2 : souvenir de l’apparition de la charogne. Strophes 3 à 6 : description d’un spectacle plein de vie. Strophes 7 et 8 : convocation des arts. Strophe 9 : un objet de désir ? Strophe 12 : la promesse du poète, alchimiste et amoureux. DÉVELOPPEMENT : 1er mouvement : souvenir de l’apparition de la charogne. - V1 : Convocation par le poète d’un souvenir a priori vécu avec sa bien-aimée (« mon âme »). L’apostrophe « mon âme » peut aussi révéler qu’il s’adresse à lui-même.

→ trois destinataires possibles : une femme, lui-même, et le lecteur quoi qu’il en soit. Impératif (« rappelez-vous ») : devoir de se souvenir, devoir de rester dans une mémoire éternelle, le poème fixe pour l’éternité la beauté de la scène qui est décrite. Réussir, ça s’apprend - - - V1-2 : Narratif sur les 2 premiers vers puis dominante descriptive après l’apparition fortuite (« au détour de ») de la « charogne ».

Apparition = événement central du poème. Au moment de cette apparition, autre changement, radical : on passe d’un registre lyrique (valorisation de la nature, cadre idyllique, bucolique « ce beau matin d’été si doux » + expression d’une nostalgie.... »

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