Andromaque, Jean Racine, Acte V, Scène 5 « Grâce aux Dieux ! ... avec ses sens. »
Publié le 16/01/2023
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«
Andromaque, Jean Racine, Acte V, Scène 5 « Grâce aux Dieux ! ...
avec ses sens.
»
Problématique : En quoi ce passage incarne-t-il un dénouement tragique ?
I.
La mort omniprésente
La tragédie ne peut prendre fin qu’à la mort, réelle ou métaphorique (c’est le cas d’Oreste)
des protagonistes.
La rigueur mathématique de la construction rend ce dénouement encore
plus inévitable.
1.
La mort aux trousses
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-
-
L’emploi du singulier et du pluriel en répétant le même substantif : « coup » (v.
13, 20,
22) et « coups » (v.
19).
Hermione demande à Oreste de tuer Pyrrhus pour empêcher ce
dernier qui lui est promis d’épouser Andromaque.
La mort qui frappe le roi d’Epire se
prolonge par celle qui s’abat sur Hermione lorsqu’elle voit son bien-aimé assassiné.
Allitération en [s] « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? » (v.
26) : cette
harmonie imitative reproduit le son des serpents menaçants qui pèsent tel un danger
certain sur les personnages et qui risque de les emporter.
Synecdoque « Et je lui porte enfin mon cœur à dévorer » (v.
32) : cannibalisme,
monstruosité.
L’homme qui n’est pas aimé n’est bon qu’à mourir, selon la vision
d’Oreste.
2.
La crainte d’être assassiné
-
-
-
Ordres de Pylade (v.
33-35) : « Ménageons les moments que ce transport nous laisse.
/ Sauvons-le.
» Peur que les proches de Pyrrhus et les soldats de l’Epire ne viennent
venger la mort de Pyrrhus en se prenant aux Grecs dont Oreste qui a commandité le
meurtre.
Métaphore « épaisse nuit » et interrogation « De quel côté sortir ? » (v.
13-14) : angoisse
d’être pris dans un piège avec impossibilité de s’en échapper.
Piégeur piégé et assassin
assassiné ?
Hyperbole (v.
16) : « Quels ruisseaux de sang coulent autour de moi ! » Terreur
devant l’amplification éventuel de l’effet de la mort qui loin d’engloutir certains,
emportera tout le monde.
La perte de la dignité et de l’humanité à cause de
l’assassinat fait craindre une chute du personnage.
1
3.
L’impasse tragique
-
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-
Antiphrase « je meurs content » (v.
8) : Oreste exprime son sort avec ironie et finit par se
résigner à son destin.
Oreste cherche à s’infliger plus de peine en s’exposant à l’image de
Pyrrhus et d’Hermione enlacés.
Les oppositions « leur » / « le mien », « je » / « l’un et l’autre », « je » / « les » (v.
1011) : Oreste a tenté de briser la chaîne amoureuse entre Hermione et Pyrrhus.
Mais il se
rend compte que par leur mort les deux personnages se sont enfin rassemblés.
Exhortation à travers l’impératif (v.
12) : « Réunissons trois cœurs qui n'ont pu
s'accorder.
» Oreste tente de rejoindre Hermione et Pyrrhus, en se suicidant à son tour,
afin d’obtenir sa part d’amour.
Seule la mort pourra expier les atrocités commises.
Il est
motivé par sa jalousie.
II.
La folie tragique d’Oreste
- Le héros maudit bascule dans la folie furieuse, à partir d’un état de relatif équilibre mental.
Après la sortie d’Hermione, le calme d’Oreste rappelle celui de la princesse à l’acte IV,
lorsqu’elle se préparait à ordonner la mort de Pyrrhus, c’est-à-dire en fait la sienne,
puisqu’elle ne peut vivre sans lui.
Oreste trouve dans son désespoir la force d’analyser les
degrés de son malheur.
Son calme ne lui sert qu’à rassembler ses forces avant l’explosion
finale et qu’à se donner des raisons d’y sombrer.
- Le monologue d’Oreste représente le passage d’une folie à une autre : de la folie « douce »,
de la passion amoureuse à la folie furieuse accompagnée d’hallucinations.
En d’autres
termes, Oreste devient fou en prenant la mesure de sa folie.
Les manifestations de son délire....
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