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BAUDELAIRE, spleen et idéal XXXIX ("je te donne ces vers...")

Publié le 22/02/2012

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baudelaire
Dans la première strophe du poème, le locuteur apparait à travers le pronom personnel je. Il annonce le souhait qu'à travers l'intemporalité de son nom, ses rimes atteignent l'immortalité. Celui-ci les offre à une tierce personne afin qu'elle les garde en mémoire dans le but de les transmettre à la postérité. Les deux dernières strophes marquent une rupture sémantique puisqu'il est question d'une malédiction qui s'exprime à travers un abandon. Le sonnet se clôt par l'interpellation d'une mystérieuse personne représentée comme une divinité allégorique décrite par des termes aux connotations tantôt euphoriques tantôt dysphoriques.
baudelaire

« mythiques et énigmatiques. Le tercet qui suit marque non seulement une rupture au niveau de la forme mais également au niveau du ton.

Celui-ci est en effet différent puisque le poète se fait plus grave par l'expression de cette sentence aux accentsprophétiques.

D'ailleurs, l'utilisation de l'infinitif crée un effet de généralité aux propos du narrateur.

L'abîme profondfait presque figure de pléonasme (étant donné que abîme connote déjà des effets de profondeur) qui est posée demanière antithétique à l'expression au plus haut du ciel.

Cette catégorisation absolue de l'univers insiste sur lasensation de solitude et d'abandon de celui à qui personne ne répond entre ces espaces presque exprimés dans leurinfinitude.

De plus, la place du verbe dans cette phrase se situe à la fin de la proposition, ayant pour effet demarquer syntaxiquement la solitude de la personne auquel le poète s'adresse.

Le tercet se termine par l'évocation àune personne énigmatique.

Dans le dernier vers constituant ce tercet, nous remarquons une comparaison.

Cettepersonne apostrophée par un pronom personnel à la deuxième personne du singulier (marquant une relation plusintime entre la personne et le poète) est comparée à une ombre à la trace éphémère.

Cette comparaison confère àcelle-ci une existence abstraite puisque la seule trace qu'elle laisse est éphémère.

Mais les effets vont aussi dans lesens de la grâce fantasmagorique par l'évocation de cette ombre presque immatérielle.

Les connotations de légèretéréférant à cette personne s'opposent au ton du poème qui était lourd dans sa forme, dans les termes employés maisaussi dans les figures complexes mises en place par le narrateur.

D'un pied léger humanise cette ombre évoquéemais prolonge la description gracieuse qui était déjà introduite.

Sans que ne soit mentionnée cette personne, paropposition, l'emploi de stupides mortels la situe à un degré supérieur des être humains et de la vie terrestre.

Il estalors sous-entendu que cette personne est immortelle et n'appartient pas au monde des hommes.

Le dernier versfait l'objet d'une métaphore statue aux yeux de jais, grand ange au front d'airain.

L'emploie de statue confère à lapersonne une fixité qui la situe dans l'éternité.

La statue serait donc à interpréter comme empreinte de l'immortalitéde cette mystérieuse personne.

Aux yeux de jais humanise également cette métaphore en conférant à statue unedimension réelle.

Jais (dont l'emploi dans l'expression réfère à un regard noir) confère une dimension plus effrayanteet mystérieuse à statue.

Grand ange au front d'airain est également une métaphore corrigée par le terme front.Encore une fois, grand ange se situe du côté de l'immortalité et de la spiritualité alors que front d'airain renvoie àune caractéristique humaine.

A travers ce quatrain, la personne évoquée est décrite par des métaphores quirenvoient à une image de femme presque allégorique ayant une dimension terrestre mais se situant davantage dansl'immortalité et dans la supériorité par rapport au monde des hommes. Au niveau de la forme, rappelons qu'il s'agit d'un sonnet (composé de deux quatrains et de deux tercets).

L'usage decette forme stricte et des alexandrins rend le poème pompeux.

De plus, en s'adressant de manière ampoulée sur unsujet déjà flou, le poète confère au sonnet des accents mystérieux.

Malgré le ton formel, le poème comportecertains aspects mystiques (l'ode adressée à la fin du premier tercet est à ajouter aux causes de cet effet).L'écriture formelle du poème peut s'expliquer par le fait que le poète tend à donner à son discours une régularitépresque antique (à travers des termes tels que mémoire, aquilon, tympanon, fables).

Cela l'autorise à se situer dansune tradition classique lui permettant de rendre son poème immortel à travers ce modèle stable et élégant.

Unehypothèse de lecture serait de voir en la mystérieuse personne une muse.

En effet, ce texte autotélique puisqu'ilparle de rime (et par extension, d'art), comporte également une dimension antique.

Or dans l'antiquité, se sont lesmuses qui représentent les arts.

De plus, le fait de la nommer par le terme statue corrobore cette hypothèse.

Etenfin, la fin du poème comporte des accents laudatifs prenant tout leur sens si nous l'expliquons par le fait que lepoète s'adresse à celle qui se trouve à l'origine de son inspiration.

D'ailleurs, l'origine divine de la personne pourraitjustifier sa double dimension (humaine par le fait qu'elle établit une certaine relation avec les Hommes maisimmortelle par le fait qu'elle renvoie à un personnage de la mythologie.

C'est d'ailleurs la même explication qui permetd'interpréter l'ambivalence de ses traits tantôt rassurants, tantôt inquiétants). Sujet désiré en échange : les hiboux Baudelaire. »

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