BELLEFOREST (François de)
Publié le 16/02/2019
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«
Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)BELLEFOREST
François de (1530-1583).
L'un de nos
premiers (Je premier?) écrivains professionnels,
« astreint au;: 1ravaux forcés littéraires : comme Balzac,
moins le génie,, (V .-L.
Saulnier).
La production de Bel
leforest, largeneiH commandée par les tâches mercenai
res confiées pa.r les libraires, dit mieux qu'une reconsti
tution ce que lisait et aimait la France catholique de la
seconde moiti€ du xv1• siècle.
Une carrière involontaire
Gascon attiré par les lumières de la Pléiade, Bellefo
rest monte à Paris vers la fin des années 1550, dans le
dessein avoué de réussir par sa plume, si possible comme
poète.
Il y re:;tera jusqu'à sa mort, pourvoyant à ses
besoins par un travail acharné et ininterrompu qui ne lui
apportera pas la quiétude d'une charge permanente et
sans doute à pt:ine de quoi vivre : malgré plus de quinze
mille pages imprimées, il mourra pauvre.
C'est là la
condition d'auteur au xv1• siècle, quels que soient les
succès de librairie, et Belleforest en connut plus d'un
mais il n'était pas intéressé au tirage!
Les activités du polygraphe
Partagé ent:e la nécessité et l'ambition, Belleforest
renonce vite à œtte dernière pour répondre aux comman
des : traductions de traités religieux (Victor de Vite,
saint Cyprien, Antonio de Guevara, Louis de Grenade,
Cacciaguerre ..
), d'ouvrages techniques (Gallo, pour
l'agriculture, Rocca,_ pour l'art militaire), de li v res péda
gogiques (Cicéron, Erasme).
Deux domaines auraient pu
lui apporter la �onsécration d'une reconnaissance royale,
la cosmographie et l'historiographie.
Mais il se heurte
alors aux spécialistes jaloux, Thevet et du Haillan, qui
ne toléreront pas des empiétements surtout voulus par
les libraires; et, malgré une éphémère charge confiée
par Charles IX, il sera renvoyé à son humble labeur
mercenaire.
Le règne des Histoires tragiques
Seul territoire propre, la série des Histoires tragiques,
qu'il entreprend à la suite immédiate de Boaistuau en
1559 et poursuivra jusqu'à la mort en 1583, permet à
l'écrivain d'exposer ses hantises, tout en ren contr ant
l'immense fav•!Ur d'un public qu'il ne laisse pas pourtant
de morigéner.
Que le récit soit pris de Bandello ou d'un
historien médiéval, il laisse toujours la place à de
copieux enrichissements où les jeunes filles sont som
mées d'o,béir �� leurs parents, les humbles aux grands et
tous à l'Eglise catholique.
N'étaient plusieurs scènes un
peu vives- mais pour châtier le vice ne convient-il pas
de le montrer? -, on se persuaderait que Belleforest a
inventé avant Jean-Pierre Camus l'histoire édifiante.
Pour mieux instruire, tous les moyens de plaire lui sont
bons : l'exotisme, les paysages pastoraux, les allusions à
la politique ou aux scandales du temps.
Des vers, donnés
pour des comr·laintes ou des «chansons >>, rompent lon
guement une prose lente, sinueuse, qui refuse -comme
trop souvent à la même époque -de choisir et succombe
aux charmes des détails et de la répétition.
Au passage,
l'adaptateur -on ne peut le tenir sans jouer sur les mots
pour un traducteur- glisse les connaissances qu'il vient
de recueillir dans les ouvrages auxquels il travaille
simultanément.
Ce mixte sut plaire, tenta bien des imita- te
urs, et l'on ne compte plus, sans mettre en avant 1' in
fluence en Angleterre ou en Espagne, les pièces de théâ
tre qu'il inspira chez nous.
L'influence sur le genre
narratif est énorme : ni le roman sentimental de la fin du
siècle ni les «canards criminels>> n'auraient été possi
bles sans les six volumes d'Histoires tragiques,.
si goOtés
que c'était «une honte, entre les filles bien nourries
et entre les mieus apprins courtisans de les ignorer »
(J.
Yver).
BIBLIOGRAPHIE A l'exçeption des œuvres pastorales rééditées par l'université
de Saint-Etienne en 1980 et d'un fragment de la Cosmographie
universelle, publié par l'abbé Dufour en 1882, dans la collection
des anciennes descriptions de Paris, chez Quantin, l'œuvre de
Belleforest n'est disponible qu'en édition ancienne.
Outre une
étude d'ensemble (M.
Simonin, Vivre de sa plume au XVI' siècle,
ou la carrière de François de Belleforest, Genève, Droz, 1992),
plusieurs ouvrages éclairent des aspects particuliers : le cont i
nuateur des Histoires prodigieuses est étudié par Jean Céard dans
la Nature et les Prodiges (Genève, Droz, 1977), le conteur des
Histoires tragiques par Gustave Reynier dans le Roman senti
mental avant « l'Astrée » (Paris, Colin, 1909 et 1971), René
Sturel dans Bandello en France (Genève, Slatlùne, 1970) et dans
les thèses d'A.P.
Stabler (Univ.
of Yirginia, 1958) et Ulrich
Beidatsch (Philipps-Universitat, Marburg, 1973)..
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