Blaise Pascal, Pensées, fragment 82, 1670
Publié le 12/11/2023
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Etude linéaire n°1 : Blaise Pascal, Pensées,
fragment 82, 1670
==> Mouvement 1 : Une société dominée par les apparences lignes 1 à 9
“Nos magistrats ont bien connu ce mystère.
Leurs robes rouges, leurs hermines dont ils
s’emmaillotent en chats fourrés, les palais où ils jugent, les fleurs de lys, tout cet appareil auguste
était fort nécessaire.
Et si les médecins n’avaient des soutanes et des mules et que les docteurs
n’eussent des bonnets carrés et des robes trop amples de quatre parties, jamais ils n’auraient dupé
le monde, qui ne peut résister à cette montre si authentique.
S’ils avaient la véritable justice et si les
médecins avaient le vrai art de guérir, ils n’auraient que faire de bonnets carrés.
La majesté de ces
sciences serait assez vénérable d’elle-même.
Mais n’ayant que des sciences imaginaires il faut qu’ils
prennent ces vains instruments, qui frappent l’imagination, à laquelle ils ont affaire.
Et par là en effet
ils s’attirent le respect.”
-------Dans ce premier mouvement, Blaise Pascal insiste sur les apparences et faux semblants qui
gouvernent la société.
➢ Plusieurs domaines visés : justice (magistrats), médecine, droit et théologie (docteurs),
insistance particulière sur l’accoutrement des individus : énumération (voire accumulation)
renforcée par le pluriel systématique (l.1/2 “leurs hermines”, “leurs soutanes”), cette
énumération est reprise par l’expression paroxystique “tout cet appareil auguste” l.2/3 et
par l’antiphrase “était fort nécessaire” l.3, ici on peut également noter l’adverbe “fort” qui
renforce l’ironie.
➢ Magistrats tournés au ridicule : infantilisation + animalisation : “s’emmaillotent en chats
fourrés” l.2
➢ Ces individus tirent leur crédit aux yeux du “monde” de cet “appareil” :
- “si les médecins n’avaient...de quatre parties” l.3/4 : cette proposition subordonnée
conjonctive circonstancielle de condition (a la forme négative) met en évidence que cet
accoutrement est la condition sine qua non de leur emprise et un moyen aussi de corrompre “dupé”
l.5
-”si les médecins avaient le vrai art de guérir” l.6 : proposition subordonnée conjonctive
circonstancielle de condition montre que cet appareil est un artifice qui prouve leur incompétence.
Il
y a une insistance sur la notion de vérité par deux adjectifs qualificatifs “véritable” et “vrai” l.6
Dans les deux cas, nous pouvons faire un raisonnement par hypothèse :
➢ La phrase suivante reprend ces éléments en insistant que ce sont les individus eux-mêmes et
non les sciences qui sont visés : “la majesté de ces sciences...elle-même” l.7, eux qui se
servent de “vains instruments” l.8 (thème de la fausseté et de l’inefficacité) pour parvenir à
séduire et corrompre : “frappent l’imagination” l.8.
Nous pouvons également noter le “en
effet” l.9 qu’il faut prendre dans les deux sens : expression de la conséquence + grâce aux
“effets” produits
➢ Mise en évidence de la crédulité du public (présence du lexique du théâtre : “mystère”,
“robes” l.1) enclin à cette forme d’imagination : “qui ne peut résister à cette montre si
authentique” + on note ici l’antiphrase “authentique” soutenue par l’adverbe “si”.
Donc, dans ce premier mouvement, La Bruyère dénonce la société qui est dominée par
l’imagination.
==>Mouvement 2 : Valorisation de la force associée à la réalité et à la raison des lignes 10 à
16
Les seuls gens de guerre ne se sont pas déguisés de la sorte, parce qu’en effet leur part est plus
essentielle.
Ils s’établissent par la force, les autres par grimace.
C’est ainsi que nos rois n’ont pas recherché ces déguisements.
Ils ne se sont pas masqués d’habits
extraordinaires pour paraître tels, mais ils se sont accompagnés de gardes, de hallebardes.
Ces
troupes en armes qui n’ont de mains et de....
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