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Commentaire du fragment 139L-136B de Pensées de Blaise Pascal

Publié le 26/07/2012

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pascal

Cet ennui, en effet n’a pas surgit de nulle part : l’homme avant d’arriver à un tel ennui était d’ores et déjà embarqué dans l’agitation et y est en tout instant. Elle apparaît donc pour lui comme une coutume et ainsi, elle devient pour lui comme une seconde nature ; car nous dira Pascal, la coutume est une seconde nature de l’homme. L’homme affairé à ne rien faire s’ennuierait donc, par coutume. Ce que Pascal justifie en ses termes : « l’homme est si malheureux, qu’il s’ennuierait sans aucune cause d’ennui, par l’état propre de sa propre complexion «.

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« travers les agitations est vaine ; et cela, à cause de la double nature qui l'y pousse ; en ce sens qu' « on cherche le repos en combattant quelques obstacles ; et si on lesa surmonté, le repos devient insupportable ».

ce repos tant recherché à travers les agitations en ce qu'il y a toujours matière à agitation ; « car, ou l'on pense auxmisères qu'on a, ou à celles qui nous menacent » ; aussi, « quand on se verrait même assez à l'abri de toutes part, l'ennui de son autorité privé » surgira. Cet ennui, en effet n'a pas surgit de nulle part : l'homme avant d'arriver à un tel ennui était d'ores et déjà embarqué dans l'agitation et y est en tout instant.

Elleapparaît donc pour lui comme une coutume et ainsi, elle devient pour lui comme une seconde nature ; car nous dira Pascal, la coutume est une seconde nature del'homme.

L'homme affairé à ne rien faire s'ennuierait donc, par coutume.

Ce que Pascal justifie en ses termes : « l'homme est si malheureux, qu'il s'ennuierait sansaucune cause d'ennui, par l'état propre de sa propre complexion ». Enfin, Pascal affirme que l'ennui est cause de malheur pour l'homme.

L'homme nous dira t-il, pour échapper à une telle situation, et espérer trouver le bonheur, seprête au divertissement ; mais « » Tout cela l'homme le fait pour trouver sujet à occupation et éviter l'ennui.

Ainsi, un tel jouerait au billard pour « se vanter demain entre ses amis de ce qu'il a mieuxjoué qu'un autre (…) les autres suent dans leur cabinet pour montrer au savant qu'ils ont résolus une question d'algèbre qu'on aurait pu trouver jusques ici, et tantd'autres s'exposent aux derniers périls pour se vanter ensuite d'une place qu'ils auront prises ».

Cependant, le divertissement parce qu'il peut être cause d'ennui doitêtre chargé de sens pour que les hommes puissent y trouver matière à se divertir.

Car, « ce n'est pas seulement de l'amusement seul qu'il recherche : un amusementlanguissant et sans passion l'ennuiera ».

Il faut donc qu'il y est un enjeu, afin qu'ils puissent véritablement se divertir ; sinon cela ne serait pas autre chose pour lui quel'ennui. Pour Pascal, c'est l'ennui qui porte l'homme à être malheureux, sinon « d'où vient que cet homme qui a perdu depuis peu de mois son fils unique, et qui, accablé deprocès et de querelles, était ce matin si troublé, n'y pense plus maintenant» qu'il est occupé à se divertir ? Dès lors, nous pouvons affirmer avec Pascal que « la seulechose qui nous comble de nos misères est le divertissement ; et cependant c'est la plus grande de nos misères »[3].

Pascal ici veut nous montrer le caractère paradoxaldu divertissement. Bien que condamnant le divertissement en ce qu'elle nous éloigne de nous-même, pascal reconnaît que « sans le divertissement il n'y a point de joie ; avec ledivertissement, il n'y a point de tristesse ».

Mais la joie procurée par le divertissement est précaire, fragile car il dépend des « milles accidents, qui font les afflictionsvéritables »[4]. En outre, selon Pascal, les personnes importantes de l'Etat sont heureux non pas parce qu'ils remplissent une tâche utile, mais ils le sont car ils sont dans une situationprivilégiée du divertissement étant donné le grand nombre des personnes qui les entourent et qui se consacrent à les divertir.

Pour lui, les activités sociales etpolitiques n'ont pas plus d'importance que le jeu de billard par exemple.

Comme telle, ces activités l'occupent et l'arrachent de l'ennui.

Ainsi, le divertissement désignetoutes les activités qui nous arrachent de l'ennui et, qui nous empêche de réfléchir sur nous-même.

En effet, « qu'est-ce autre chose que d'être surintendant, chancelier,premier président, sinon d'être en une condition où l'on a dès le matin un grand nombre de gens qui viennent de tous côtés pour ne leur laisser pas une heure en lajournée où ils puissent penser à eux-mêmes ? Sans le divertissement donc, l'homme serait accablé par la petitesse et la peur de mourir, il ne connaitrait pas un instantde joie et de repos.

C'est en effet ce que dans le fragment 168-134 de Pensées, Pascal affirme : « les hommes n'ayant pu guérir la mort, la misère, l'ignorance, ils sesont avisés pour se rendre heureux de n'y point penser ». En résumé, nous pouvons dire que l'ennui représente pour Pascal une misère sans cause auquel vient nous arracher le divertissement. Par ailleurs, ce qui fait que l'homme ne peut pas demeurer en lui-même, c'est qu'alors il prend conscience de son malheur existentiel dans l'expérience de l'ennui quientraîne nécessairement la tristesse, le désespoir.

C'est pour échapper à cela que l'homme se jette dans l'agitation qui le détourne de ses préoccupations existentielleset de sa condition de mortel.

Le divertissement est le mouvement qui nous entraîne hors de nous.

Nous préférons les tourments d'un emploi, d'une charge, d'affaireplutôt que de penser à ce que nous sommes, d'où nous venons. Au terme de notre analyse du texte, il nous incombe de souligner qu'après avoir démontré que la position de l'homme dans l'univers ne peut que le conduire àl'angoisse, au désespoir, Pascal s'en prend à l'aveuglement humain qui cherche dans le divertissement un moyen d'échapper à cette situation tragique au lieu d'en tirerles conséquences et d'envisager son salut.

Le divertissement est un refuge, il permet de fuir, d'échapper à nous-même, à des préoccupations existentielles inévitablessi nous nous retrouvons seul, face à nous-même. Dans le but non seulement de convaincre mais aussi de persuader son interlocuteur, Pascal dans une organisation logique s'est appuyé sur les procédés rhétoriques. Aussi, étant donné que l'homme s'est trompé de bonheur en ne le cherchant que dans le divertissement où peut-il donc en faire réellement l'expérience ?. »

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