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Canada et littérature

Publié le 19/02/2019

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Canada (littér.).

 

Les premiers voyageurs et les premiers colons venus de France unissent souvent dans le récit de leurs découvertes la curiosité de l'observateur et la saveur du conteur {Jacques Cartier, Champlain, Marc Lescarbot, le P. Biard, Pierre Boucher). Les Relations des jésuites ne constituent pas seulement un document irremplaçable mais renferment quelques-unes des plus belles pages de la littérature missionnaire. De même, les Lettres de Marie de l'incarnation comptent parmi les chefs-d'œuvre de la littérature mystique. Au xviiie s., le P. Charlevoix (1682-1761) entreprend

 

une Histoire de la Nouvelle-France, tandis que le baron de La Hontan, dont les Voyages paraissent en 1703, figure parmi les précurseurs de la théorie du « bon sauvage ».

 

La littérature de facture canadienne débute en 1665 avec des vers de circonstance. Les premières proses sont des annales de la Mère Duplessis en 1741, et des lettres de Mmc Bégon, les années suivantes. Avec l'introduction de l'imprimerie, après la conquête anglaise, on voit naître des brochures politiques et des journaux, en particulier l'éphémère Gazette littéraire de Montréal (1778). L'introduction du régime constitutionnel en 1791 a pour conséquence le développement du journalisme et de l'éloquence parlementaire. La poésie reste limitée aux petits vers dans le goût du xvine s., souvent d'inspiration patriotique. On retiendra les noms de Joseph Quesnel (1749-1809), de Joseph Mermet (1775-1820), plus tard de Napoléon Aubin (1812-1890), et de Michel Bibaud ( 1782-1857), le premier à avoir recueilli ses poésies en un volume. La révolution française de 1830 et l'insurrection des « patriotes » en 1837 et 1838 influencent les lettres dans un esprit libéral et anticlérical, qui s'incarne à la tribune dans la personne de Louis Joseph Papineau ( 1786-1871 ), et qui anime V Histoire du Canada de François-Xavier Garneau (1809-1866), vaste fresque retraçant à la façon d'Augustin Thierry l'épopée du peuple canadien et son ascension vers la liberté. Stimulée par l'institut canadien de Montréal (fondé en 1844), l’hostilité envers le clergé trouvera son ultime expression dans le journalisme en 1868 avec la Lanterne d'Arthur Buies (1840-1901). L'Église, cependant, réagit : elle crée en 1852 l’université Laval et aura raison de ce mouvement. Le romantisme fait cependant une apparition timide et tardive avec les poésies patriotiques de Crémazie (1827-1879), les vers lamarti-niens et les contes de l'abbé Casgrain (1831-1904). L'imitation de Victor Hugo caractérise Louis Fréchette (1839-1908), qui veut donner dans sa Légende d'un peuple (1887) un pendant à la Légende des siècles. Autour de lui, Pamphile Le

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« May (1837-1918), William Chapman (1850 ·1 9 17) , Adolphe Poisson (1849- 1922).

Alfred Garneau (1836 -1904 ) riva­ lisent entre eux dans un lyrisme analo­ gue.

Le roman conte les mœurs d'autre· fois avec les Anciens Canadiens (1862) d'Aubert de Gaspé, prêche le retour à la terre avec le Jean Rivard de Gérin-Lajoie (1 824-1882), illustre l'histoire avec Joseph Mannette (1844-1895), analyse les âmes avec Laure Conan (1845-1924).

La fondation de l'« école littéraire de Montréal » en 1895, par Jean Charbon· neau, marque un tournant.

Elle rassem· ble surtout des poètes, souvent parnas· siens comme son fondateur, parfois encore romantiques comme Charles Gill ( 187 1-1918}, qui esquisse une épopée du Saint-Laurent, ou intimistes comme Albert Lozeau (1878-1924}, mais elle trouve sa plus émouvante expression avec un émule de Verlaine et de Rim· baud, Émile Nelligan (1879-1941), qui sombrera dans la démence avant vingt ans.

En réaction contre elle s'élève à partir de 1909 l'« école du Terroir ", qui se réclame d'un précurseur.

Nérée Beau­ chemin (1850-1931), et qu'anime Albert Ferland (1872-1943}.

bien qu'une inspi· ration cosmopolite et aniste, à la manière d'Anna de Noailles et d'Henri de Régnier.

persiste avec Paul Morin (1889-1963} et René Chopin (188 5· 1953).

Le succès de Maria Chapdelaine ( 1 914 -19 16), du Français Louis Hémon, encourage la veine du Terroir, qui se manifeste en prose par les romans de Damase Potvin, les contes d'Adjutor Rivard, les croquis du grand botaniste que fut le Frêre Marie-Victorin, avant de culminer dans les romans-poèmes et les tableaux lyriques de Félix-Antoine Savard (Menaud, maitre draveur, 1937}.

Cependant, c'est une peinture de l'ava­ rice paysanne que donne Claude-Henri Grignon ( 1894-1976) avec Un homme et son péché (1933), et les Trente Arpents ( 1 9 3 8} de Ringuet (1895-1960) nous font assister à la décadence de la vie rurale.

Déjà une contestation, inspirée du genre de vie américain, s'exprime dans les Demi-Civilisés (1933) de Jean-Charles Harvey (1891·1967}.

L'histoire fournit des sujets au romancier Iko-Paul Desro- siers.

Longtemps limitée aux travaux d'érudition, elle est renouvelée.

après Thomas Chapais (1858·1946}, qui s'en tient aux luttes institutionnelles, par le chanoine Lionel Groulx (1878-1967), qui en tire des enseignements et des direc· tives.

Parallèlement, M•• Camille Roy (1870-1943) trace un premier bilan de la littérature, Édouard Montpetit (1881 · 1954} inaugure l'étude de l'économie politique.

frayant la voie à toute une génération de critiques et de sociologues.

Encore traditionnelle sous la plume de Robert Choquette (né en 1905} et d'Alfred Desrochers (1901-1979), la poé­ sie connaît un renouveau à la veille de la Seconde Guerre mondiale avec Saint· Denys Garneau (1912-1943}.

poète mé· taphysique et tourmenté, et produit après 1940 ses maîtres avec Alain Grandbois ( 1900-1975} et Anne Hébert (née en 1916).

poètes de l'angoisse et de la solitude.

ainsi qu'avec Rina Lasnier (née en 1915}, d'inspiration religieuse.

Si le voyage d'André Breton en Gaspésie n'a laissé d'autre trace littéraire que dans Arcane 17, son œuvre n'en a pas moins directement inspiré les « automa· tistes » québécois et le manifeste Refus global (1948) du peintre Paul-Émile Borduas.

Mais la nouvelle poésie ne trouvera son véhicule qu'avec la fonda· tion par Gaston Miron.

en 1953, du groupe et des éditions de l'Hexagone.

Aux poètes de la solitude (Roland Giguère.

Fernand Ouellette), aux post­ surréalistes comme Gilles Hénault, ou à l'« exploréen » Claude Gauvreau succé­ deront les poètes du rapatriement (Paul­ Marie Lapointe, Gatien Lapointe, Jean­ Guy Pilon) et bientôt les poètes de l'« antirêvolution » :Paul Chamberland, qui fonde en 1 963 la revue Parti pris, Yves Prèfontaine, Jacques Brault.

L'éclosion de nombreuses maisons d'édition durant la Seconde Guerre mon­ diale a, d'autre part, favorisé la transfor· mation du roman.

S'il compte encore de bons représentants de la veine rurale comme Germaine Guèvremont, il s'ou­ vre à la peinture des milieux urbains avec Roger Lemelin (né en 1919} et Gabrielle Roy (née en 1916).

qui reste pourtant hantée par le souvenir des. »

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