CATHOLICISME ET LITTÉRATURE
Publié le 30/03/2012
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Le théâtre de Gabriel Marcel montre bien ce glissement. C'est, comme Maritain ou Mounier, un philosophe, mais aussi un chroniqueur et le créateur d'un théâtre philosophique dans lequel s'exprime ce qu'on appellera un peu plus tard « l'existentialisme chrétien « (Un Homme de Dieu, Le Monde cassé, La Soif ... ); mais il n'a pas voulu composer des drames d'idées, comme il en fleurissait avant 1914 ; des drames métaphysiques plutôt où la pensée se dit moins qu'elle n'est vécue par les personnages, oeuvre difficile qui sera plus lue que jouée avant que l'existentialisme ne lui rende une actualité. Chez les romanciers ou les poètes, qui ne sont pas philosophes et ne cherchent pas à décrire une attitude métaphysique, le mouvement est plus net encore. On imagine mal qu'un poète, à cette époque, écrive à la manière de Francis Jammes. Les romanciers, eux, ne tentent même plus de traduire dans une problématique chrétienne du sacrifice - comme fait encore Claudel - les drames dont ils font leurs romans. Il arrive même qu'ils récusent tout « baptême « de leur oeuvre.
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318 HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE
était chez Grasset, Claudel chez Gallimard ...
L'expérience tourna court, après de brillants débuts, et se termina en 1933.
Aussi bien, des divergences étaient apparues, qui marquent le début d'une évolution.
En 192 7, après la condamnation par Rome de l'Action française, Maritain s'éloigne de ce mouvement et le fait avec éclat en publiant Primauté du spirituel; c" est l'origine de sa rupture avec Henri
Massis qui, jusque-là, dirigeait avec lui le «Roseau d'or», et avec Bernanos qui met violemment en cause sa personne et son action.
La politique allait désormais jouer un grand rôle parmi les écrivains catholiques; et même avant que l'invasion de l'Éthiopie et la guerre d'Espagne ne les contraignent les uns et les autres à prendre position ; les manifestes que les intellectuels de tout parti signent alors accentuent les scissions et provoquent aussi des rapprochements : Bernanos
rejoint Mauriac et Maritain, tandis que Claudel s'oppose à eux et réplique avec vigueur.
La fondation d'Esprit, en 1932, engageait une véritable action politique.
Plus jeune d'une génération, Emmanuel Mounier est lui aussi philosophe, mais plus immédiatement
entraîné vers l'action.
Son «personnalisme» tente d'unir une
vision historique de l'homme, sensible à l'influence des
événements et des situations, à l'affirmation d'un spiritualisme qui les dépasse.
Il exposera ses idées dans les quelques années qui suivent la Seconde Guerre mondiale, après les avoir développées dans les polémiques de cette époque.
Esprit est tout à la fois un centre de réflexion et un organe
de combat, et les circonstances accentueront ce trait.
D'ailleurs, dans les années qui précèdent la guerre, un
Mauriac, un Bernanos ont une carrière de journaliste, une activité de polémiste de plus en plus marquée.
Et Claudel,
lui-même, par instants, se laissera aussi tenter.
Mais à suivre ainsi les épisodes d'un engagement, on fausse un peu la littérature catholique de cette époque ; ou l'on n'en montre qu'un aspect.
Certains restent un peu à l'écart de ces batailles, comme Gabriel Marcel; d'autres, totalement, comme Julien Green ; Bernanos ou Mauriac poursuivent parallèlement une œuvre qui doit peu à leurs
polémiques, si brillantes fussent-elles, et l'on ne peut dire que les prises de position de Claudel, en ce domaine, aient eu pour son œuvre la moindre importance.
Encore est-il celui qui
affiche le plus volontiers ses idées et ses croyances, ne
refusant nullement d'être un «poète catholique», quand.
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