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Cocteau écrit : « La poésie dévoile, dans toute la force du terme. Elle montre nues, sous une lumière qui secoue la torpeur, les choses surprenantes qui nous environnent, et que nos sens enregistraient machinalement. » Vous expliquerez et illustrerez par des exemples précis cette définition de la poésie.

Publié le 28/03/2011

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cocteau

 

Introduction ■ Cocteau = Orphée (voir sa pièce de théâtre et son film de ce titre, ainsi que le Testament d'Orphée, film). ■ Toute son œuvre est sous le signe de la poésie : « poésie de roman, poésie de théâtre, poésie de critique, poésie graphique, poésie cinématographique, poésie de poésie « (Clancier). ■ Cette phrase est une de ses multiples formules définissant la poésie telle qu'il la conçoit.

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« « Le chant naturel de l'homme est triste » (Chateaubriand).

Aussi la poésie, depuis le romantisme surtout, estchant triste, expression de la douleur. « Les plus désespérés sont les chants les plus beaux Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots.

» (Musset.) Théorie romantique de la souffrance.

La poésie est charnelle et sanglante.

De plus en purifiant les « sanglots » onpeut en faire des chants qui atteignent le plus grand degré de pureté poétique possible.

Le poète, qui est poètesurtout à cause de sa souffrance, crée directement avec son cœur. Noter que « si la poésie lyrique est lumière profonde dans le cœur de l'homme, elle ne peut qu'être douloureuse ».A un certain degré d'intensité, les sentiments humains sont souvent source de douleur, même l'amour heureux.

Cf.Aragon : « Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri.

» (Il n'y a pas d'amour heureux, dans La Diane Française.) Éviter et craindre, évidemment, la complaisance. Ainsi la poésie est sincère et humaine; elle est intime (cf.

Hugo, voir citations), elle est un regard jeté enprofondeur sur l'homme. Elle en arrive même à être poésie philosophique, telle la grande épopée du De Natura Rerum de Lucrèce; oumétaphysique, traduisant l'angoisse ou l'inquiétude personnelles comme la poésie de Vigny ou de Baudelaire. IIe Partie.

Conception de Cocteau. Précisément Cocteau est héritier de Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé; et en marge du surréalisme. Or depuis Baudelaire, la poétique moderne a véritablement trouvé son programme. Pour lui, comme pour ses grands émules, « la poésie est l'expression, par le langage humain ramené à son rythmeessentiel, du sens mystérieux des aspects de l'existence » (Mallarmé). En présence de chaque réalité, de l'objet le plus familier (La Chevelure : Baudelaire; l'éventail de sa fille :Mallarmé...) le poète éprouve le besoin de dépasser son apparence et tout en restant, du fait qu'il est artiste,séduit par elle, il voit cet objet « se creuser sous ses yeux de mille sens mystérieux et devenir « symbole ».

Or engrec, « summbolionn », d'où vient le terme « symbole », signifie « signe de reconnaissance ».

Cet univers donc «l'observe avec des regards familiers » (Correspondances); il « laisse [...] parfois sortir de confuses paroles ».

Doncce monde inconnu fait des « signaux » qui devraient obliger « nos sens » à ne pas « les enregistrer machinalement »(Cocteau). Ainsi au-delà du monde des apparences, il y a une autre réalité, l'unique réalité, dont l' « unité » n'est pas logique,mais symphonique ; où tout est musicalement accordé, puisque tout cet univers forme une harmonie où : « Les parfums, les couleurs et les sons se répondent » (Correspondances). Or le vulgaire ne sait pas dépasser les apparences et pénétrer dans cet univers « poreux », fait des « chosessurprenantes qui nous environnent »; il demeure dans une « torpeur », explique Cocteau, c'est-à-dire dansl'incapacité de se rapprocher (« symboliser » au sens étymologique veut dire « rapprocher »). C'est l'artiste, le poète, qui va comprendre « les fautes de calculs célestes » (Par lui-même, Cocteau); les «accidents du mystère » (idem) que 1' « invisible » (« invisible à vous », précise Cocteau, dans le même poème) veutbien se laisser aller à faire, à « dévoiler ». Car le poète, lui, sait « profiter d'eux » (Cocteau, idem).

Pour lui cette « Nature », « temple [aux] vivants piliers »(Baudelaire), qui, selon les poètes, sera nommée le monde des Chimères (Nerval), le « nouveau » (Baudelaire), «l'inconnu » (Rimbaud), « l'azur » (Mallarmé) se laisse apercevoir.

Pour le non-initié elle est « vaste comme la nuit »,pour le poète « vaste comme la clarté » (Correspondances); « ténébreuse » pour le vulgaire, « profonde » etessentielle pour le poète qui fond et unifie les sensations reçues.

Le poète éprouve, il ne subit pas. Il tente ensuite de traduire le « monde inconnu » aux non-initiés, ayant atteint « le monde des Esprits qui s'ouvrepour nous » (Nerval), ayant senti la mystérieuse correspondance qui s'établit entre le monde familier et le mondesurréel du rêve, où tout prend un aspect double, où une fleur, un baiser...

deviennent signe et symbole, le poète vatenter de transporter aussi le lecteur « sur la lisière des saintes demeures » (Nerval). Devenu « voyant » (Rimbaud) par un long et raisonné « dérèglement de tous les sens » (Rimbaud) ou par tout. »

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