Commentaire composé du sonnet 7, « on voit mourir toute chose animée » in sonnets (1555) de Louise Labé
Publié le 07/10/2018
                            
                        
Extrait du document
[II. UNE POSTURE FICTIVE MASQUANT UNE STRATÉGIE DE SÉDUCTION ?]
[2.1.Un discours axé sur la sensualité pour stimuler le désir]
Abstraction faite de la référence à Platon, la métaphore du corps et de l’âme suggère un acte très prosaïque. Dans l’être humain en
effet, le corps et l’âme sont indissociablement liés : ce que propose le sujet est donc une union, une relation au cours de laquelle les amants ne feront plus qu’un.
Cette union, la femme se propose d’y participer en tant que corps : comment ne pas lire ici un appel à la sensualité, destiné à éveiller le désir masculin ? Dès lors l’expression « rencontre et revue amoureuse » relève d’un euphémisme que l’amant décryptera sans peine comme renvoyant à l’union charnelle. Cette interprétation est justifiée par un discours féminin délibérément équivoque, fortement teinté de badinage.
[2.2. Des traces de badinage]
Ce soupçon nous invite à reconsidérer les interprétations développées précédemment sur la domination de la femme par l’homme. Si elle admet apparemment cette domination, la femme récupère ponctuellement l’autorité, si bien qu’il est légitime de se demander si la reconnaissance de son infériorité et de sa dépendance ne se limite pas à une stratégie destinée à flatter l’amour-propre de l’amant.
Habile séductrice, elle se montre tour à tour cajoleuse et autoritaire avec l’être aimé. Cajoleuse, elle lui témoigne sa vénération par le tour vocatif « ô âme bien-aimée » (v.4), et par un voussoiement respectueux, inhabituel dans la poésie amoureuse : « Ne me laissez par si longtemps pâmée » (v.5). Autoritaire, elle rappelle ses droits sur
lui, notamment par une utilisation insistante du présent de l’impératif : « Rends-lui sa part et moitié estimée » (v.8, mais aussi 6 et 9). Au vers suivant, le tutoiement de familiarité reprend, suivi de l’apostrophe « Ami » (v.9) qui contraste avec celle du vers 4. Dans cette perspective, le vers 6 peut même être interprété comme une menace : « Pour me sauver après viendrais trop tard ». Et si la femme suggérait ici la possibilité d’assouvir son désir avec un autre si l’amant se faisait trop attendre ?
Par ce discours ambivalent, le sujet développe le cliché de la femme légère, lunatique, qui sous des dehors chastes, appelle à l’acte de chair : c’est cet acte qui se cache vraisemblablement derrière le polyptote de l’amour : « bien-aimée » (v.4), « Ami » (v.9), « amoureuse » (v.10), « amiable » (v.12).
«
                                                                                                                            la douleur  docilement acceptée contribue à teinter le texte d’un registre  pathétique.
Comment  comprendre  l’absence de rébellion de la part du sujet lyrique  en pareilles circonstances ? Les  deux premiers vers
nous y aident :  « On  voit mourir toute chose  animée,/ Lorsque  du corps l’âme subtile part ».
                                                            
                                                                                
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exprime son  état  de dépendance vis-à-vis de l’être aimé :  non  seulement  elle se trouve incomplète en son  absence, mais c’est
la mort qui  la guette si cette séparation  devait  se prolonger :  « Pour me sauver  après viendrais  trop tard » (v.6).
                                                            
                                                                                
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n’hésite donc pas  à se livrer à un véritable chantage affectif, promettant à mi-mots le suicide si l’homme restait sourd à sa
demande.
[II.
                                                            
                                                                                
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[2.1.Un discours axé  sur la sensualité pour  stimuler le désir]
Abstraction  faite de la référence à Platon, la métaphore du corps et de l’âme suggère  un acte très  prosaïque.
                                                            
                                                                                
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en
effet, le corps et l’âme sont indissociablement  liés :  ce que  propose  le sujet est  donc une  union, une  relation  au cours de
laquelle les  amants  ne feront plus qu’un.
Cette union, la femme se propose  d’y  participer en tant  que  corps :  comment ne pas  lire  ici  un appel à la sensualité, destiné à
éveiller le désir masculin  ? Dès lors  l’expression  « rencontre et revue amoureuse  » relève d’un euphémisme que  l’amant
décryptera sans peine comme  renvoyant à l’union charnelle.
                                                            
                                                                                
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délibérément équivoque, fortement teinté de badinage.
[2.2.
                                                            
                                                                                
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Ce  soupçon nous invite  à reconsidérer les  interprétations  développées  précédemment  sur la domination de la femme par
l’homme.
                                                            
                                                                        
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se demander si la reconnaissance  de son  infériorité et de sa dépendance ne se limite  pas  à une  stratégie destinée à flatter
l’amour -propre de l’amant.
Habile séductrice, elle se montre tour à tour cajoleuse et autoritaire avec l’être aimé.
                                                            
                                                                                
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par le tour vocatif « ô âme  bien-aimée » (v.4),  et par un voussoiement respectueux, inhabituel  dans la poésie  amoureuse  :  « Ne
me laissez par si longtemps  pâmée » (v.5).
                                                            
                                                                                
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lui,  notamment  par une  utilisation insistante du présent  de l’impératif  :  « Rends-lui  sa part et moitié  estimée » (v.8,  mais aussi  6
et 9).
                                                            
                                                                                
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Dans  cette perspective, le vers 6 peut  même être interprété comme  une  menace :  « Pour me sauver  après viendrais  trop tard ».
Et  si la femme suggérait ici  la possibilité d’assouvir son  désir avec un autre  si l’amant se faisait  trop attendre  ?
Par ce discours ambivalent, le sujet développe  le cliché de la femme légère, lunatique,  qui  sous des  dehors chastes, appelle à
l’acte  de chair :  c’est cet  acte qui  se cache  vraisemblablement derrière le polyptote de l’amour  :  « bien-aimée » (v.4),  « Ami »
(v.9),  « amoureuse  » (v.10), « amiable » (v.12).
[CONCLUSION]
En attribuant symboliquement  à l’homme le titre  de maître, l’instance lyrique  féminine inverse le rapport de domination
traditionnel.
                                                            
                                                                                
                                                                    Dans  le même temps,  pourtant,  la parole poétique vibre de sensualité et se révèle être une  stratégie de l’habile
séductrice pour  attirer l’objet  de son  désir :  elle renoue ainsi avec son  statut de souveraine.
                                                            
                                                                                
                                                                    Par où l’on voit se confirmer la
sentence de Guy de Maupassant dans Notre Cœur (1890) :  « Une femme a toujours en vérité la situation qu’elle impose par
l’illusion qu’elle sait produire.
                                                            
                                                                                
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