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COMMENTAIRE DE TEXTE : La Princesse de Clèves, p.140- 141 : « Peu de jours avant l’arrivée…le Roi lui ordonna de s’aller reposer »

Publié le 12/09/2011

Extrait du document

Le second mouvement débute par l’adverbe de temps « Après «. Le passage est structuré par cet « après « répété qui marque une succession : les actions s’enchaînent et le rythme s’accélère, le tout convergeant vers le moment central : l’accident de Nemours. C’est toute la cour qui suit le Roi dans son déplacement : dans la phrase « après que l’on y eut été quelque temps « le pronom « on « renvoie au groupe anonyme de la cour massé autour du souverain ; la précision « quelque temps « ponctue l’oisiveté de cette société qui cherche à se divertir : c’est encore le Roi qui va engager une action « il fit amener des chevaux qu’il avait fait venir depuis peu «

« Le second mouvement débute par l’adverbe de temps « Après ».

Le passage est structuré par cet « après » répétéqui marque une succession : les actions s’enchaînent et le rythme s’accélère, le tout convergeant vers le momentcentral : l’accident de Nemours.

C’est toute la cour qui suit le Roi dans son déplacement : dans la phrase « aprèsque l’on y eut été quelque temps » le pronom « on » renvoie au groupe anonyme de la cour massé autour dusouverain ; la précision « quelque temps » ponctue l’oisiveté de cette société qui cherche à se divertir : c’estencore le Roi qui va engager une action « il fit amener des chevaux qu’il avait fait venir depuis peu » : pour tuerl’ennui le roi s’entoure chaque jour de nouvelle attraction : les chevaux sont la curiosité du moment, amenés «depuis peu » ; ils sont aussi l’occasion d’une deuxième prouesse technique pour les hommes en présence, mais cettefois d’une toute autre ampleur : le cheval, animal imprévisible et noble met en valeur son cavalier.

Monter un chevalrevient à adopter une position dominante : à travers le cavalier c’est aussi l’homme puissant qui apparaît, celui quidompte ses désirs.

Le défi et d’autant plus grand que ces chevaux ne sont « pas encore dressés » : mais personnene va contre la volonté du roi malgré la restriction imposé par le « quoique » positionné en début de phrase : « il lesvoulut monter ».

Dans son épreuve de force le roi est accompagné de ses suivants « il en fit donner à tous ceux quil’avaient suivi » ce don est comme une reconnaissance, les hommes qui acceptent le défi font preuve de courage,et bien qu’ils n’égalent pas le roi, partagent son audace.

Cependant dans la phrase suivante le roi et « Monsieur deNemours » sont pratiquement mis au même plan dans la mesure où ils partagent la même situation « Le Roi et M deNemours se trouvèrent sur les plus fougueux ; » à travers cette précision se dessine une autre idée plus cachée :par l’épisode des chevaux s’esquisse de manière détournée une métaphore filée du désir : ce qui s’applique à l’animalpeut se reporter sur l’homme.

Ainsi l’adjectif « fougueux » peut-il faire référence aux deux meilleurs cavaliers qui sedémarquent des autres hommes et impression les femmes dans une logique de séduction : dans son désir de plaire,Nemours se pose en concurrent du roi lui-même ce qui va précipiter sa chute : « ces deux chevaux se voulurentjeter l’un à l’autre ».

Le duel des chevaux suggère les querelles des hommes dans le domaine de l’amour : le chevalne renvoie plus à un attribue guerrier mais à un élément de conquête sentimental.

L’augmentatif « plus » qui tranchepar son effet hyperbolique souligne ce trait d’Ubris : les deux chevaux qui se jettent l’un sur l’autre et deviennentincontrôlable, c’est aussi les passions qui n’ont ni brides ni raison… Monsieur de Nemours va tout de même se plier àla hiérarchie et prendre des risques pour protéger son roi « par la crainte de blesser le roi, (il) recula brusquement »: reste une nuance de violence contenu dans l’adverbe « brusquement » ; la scène se déroule vite, structurée pardes verbes au prétérit « se trouvèrent », « se voulurent », « recula », « porta ».

Nemours tente de maîtriser « soncheval » en le dirigeant « vers un pilier du manège ».

Même si cette scène met en avant ce qu’on peut penser êtreles passions animalisées des hommes (auxquelles le roi n’échappe pas), le tout se fait dans un cadre précis « dans lemanège » qui figure la cour, le cercle maîtrisé.

Le fait que Nemours se cogne à un des piliers peut suggérer qu’il s’estheurté à ce cadre figé tout comme la dramatisation qui décrit ce choc « avec tant de violence que la secousse le fitchanceler ».

Dans cette fin de phrase la tension est à son comble : l’attention du lecteur est captée, fixée sur lesort du pauvre Nemours.

Ainsi le lecteur adopte le point de vue qui sera celui des gens de la cour et de la princesse: on ne sait rien de plus sur l’état du gentilhomme.

Dans cet épisode les passions enflent et se heurtent de plus enplus aux codes instaurés ; elles sont tuent mais percent à travers les us de la cour et les démonstrations de plus enplus éclatantes des protagonistes, mais aussi à travers le style complexe et ambigu de Mme de Lafayette. 3.Le troisième mouvement s’ouvre sur la réaction des gens présents : « on courut jusqu’à lui, et on le crutconsidérablement blessé » : l’inquiétude est à son comble, et la subjectivité du jugement suggère une assembléealtérée par ce qui vient de se produire : les verbes au prétérit donnent plus de vivacité à l’action qui s’articule endeux segments de phrase brefs, mimétique de la réaction spontanée et rapide de membres de la cour.

Maisl’apparition de « Madame de Clèves » en début de phrase suivante nous offre une autre perspective sur le « on »impersonnel : dans cette agitation il s’agit de son propre état d’âme.

Ce « on » qui laisse flotter le doute estcaractéristique de l’écriture de Mme de Lafayette : on entre dans le cœur de la princesse, un cœur qui déborded’émotion mais toujours par une entrée maîtrisée, convenable.

Cependant le désarroi de la princesse est bien réel,et elle ne peut le cacher « Madame de Clèves le crut encore plus blessé que les autres » : ce sont les yeux d’unefemme qui aime aveuglément qui jugent ici la situation :de manière atténuée on peut comprendre combien la raisonest dépassée dans ce moment d’action violente qui échappe à toute maîtrise : M de Nemours écrase la présence «de tous les autres », devient l’unique centre des préoccupation : il s’agit bien de la conscience de la princesse «l’intérêt qu’elle y prenait lui donna une appréhension et un trouble qu’elle ne songea pas à cacher » : à cet instantc’est la victoire de l’émotion sur la raison, l’oubli des bienséances sociales même si une sorte de sur moi lui laisse unfond « d’appréhension » : Mme de Clèves dépassée par ses sentiments ressent le danger mais ne peut contenir son« trouble » ; irrésistiblement attirée Mme de Clèves « s’approche de lui avec les Reines ».

Ce mouvement physiquetraduit aussi une proximité psychologique puisque pour la première fois de façon si marquante Nemours valittéralement voir les sentiments de la princesse.

L’utilisation du pronom personnel « lui » n’est pas anodine ; il nes’agit plus du lointain « M de Nemours », c’est un rapport plus intime qui se crée ici entre le « elle » et le « lui », quisont lié par le verbe « rapprocher » aussi topographiquement.

Ce moment représente une apogée de ladémonstration affective puisque le narrateur ajoute « et avec un visage si changé qu’un homme moins intéressé quele chevalier de Guise s’en fût aperçu ; » la princesse est à nu dans cet extrait, puisque dans ce monde où tout n’estque regard, elle est trahie par son expression.

Le statut omniscient du narrateur est intéressant car il nous permetd’avoir une appréhension à la fois globale et parcellaire de la scène : comme une juxtaposition de point de vue : onretrouve des verbes de perception tels que « on le crut », « le crut », ou encore « le remarqua ».

On nous présenteici la réaction du chevalier de Guise, fervent admirateur de Mme de Clèves, tout d’abord de manière détournée puisexplicite « aussi le remarqua-t-il aisément » : dans la société policé de la cour le désordre crée par l’accident de Mde Nemours, crée aussi un désordre dans les cœurs : (surtout celui de la princesse).

Comme une réaction en chaînele chevalier est lui aussi ému « et il eut bien plus d’attention à l’état où était madame de Clèves qu’à celui où étaitmonsieur de Nemours.

» de manière euphémistique l’émotion du chevalier est traduite textuellement par « une. »

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