Devoir de Philosophie

Commentaire littéraire discours de Danton

Publié le 15/07/2013

Extrait du document

discours
COMMENTAIRE LITTERAIRE : DISCOURS DE DANTON TEXTE Je somme tous les bons citoyens de ne pas quitter leurs postes. (Tous les membres se remettent en place, un calme profond règne dans toute l'Assemblée.) Quoi, citoyens ! au moment où notre position est telle, que si Maranda était battu, et cela n'est pas impossible, Dumouriez enveloppé serait obligé de mettre bas les armes, vous pourriez vous séparer sans prendre les grandes mesures qu'exige le salut de la chose publique ? Je sens à quel point il est important de prendre des mesures judiciaires qui punissent les contre-révolutionnaires ; car c'est pour eux que ce tribunal est nécessaire ; c'est pour eux que ce tribunal doit suppléer au tribunal suprême de la vengeance du peuple. Les ennemis de la liberté lèvent un front audacieux ; partout confondus, ils sont partout provocateurs. En voyant le citoyen honnête occupé dans ses foyers, l'artisan occupé dans ses ateliers, ils ont la stupidité de se croire en majorité : eh bien, arrachez-les vous-mêmes à la vengeance populaire, l'humanité vous l'ordonne. Rien n'est plus difficile que de définir un crime politique ; mais si un homme du peuple, pour un crime particulier, en reçoit à l'instant le châtiment ; s'il est si difficile d'atteindre un crime politique, n'est-il pas nécessaire que des lois extraordinaires, prises hors du corps social, épouvantent les rebelles et atteignent les coupables ? ...
discours

« texte, ne laisse aucune place à la repartie ou simplement à la réponse.

Interpellé sous le vocable de « citoyens » afin que l’enjeu n’échappe à personne, l’auditoire doit percevoir que Danton ne parle pas ici en son nom propre ou dans son intérêt personnel : c’est pourquoi il va progressivement faire disparaître la première personne de son discours, et la formule d’ordre (« Je somme » l.

1) va devenir : « L’humanité vous l’ordonne » (l.

13) puis : « le salut du peuple exige » (l.

18).

Ainsi l’orateur s’efface derrière l’intérêt supérieur de la nation et se présente simplement comme un médiateur.

Cela n’empêche pas qu’à d’autres reprises Danton puisse utiliser l’artifice de la question rhétorique : « Quoi, citoyens […] vous pourriez vous séparer… ? », ou l’impératif péremptoire : « eh bien, arrachez-les vous-mêmes… ». Mais les enjeux du discours exigent plus : il faut galvaniser l’auditoire afin de montrer que la mesure implacable qui est demandée (l’institution d’un tribunal Révolutionnaire) est justifiée par la guerre et le climat délétère (dangereux, pernicieux) qui l’entoure à l’intérieur du pays.

C’est le rôle confié au lexique de la violence qui parcourt les propos de Danton : le nom « crime » (l.

14 et 16), les adjectifs « audacieux » (l.

10) qui a son sens péjoratif, et « provocateurs » qui rejoint l’idée d’agression, pour parler de ceux qu’il faut pourchasser, mais aussi le nom « vengeance » (l.

9) et l’expression « mesures terribles » (l.

18), les formes verbales « punissent » (l.

7), « épouvantent », « atteignent » (l.

17), pour évoquer l’action du tribunal à venir.

On peut ajouter à cette liste les termes utilisés par Danton pour désigner les adversaires désignés : « les contre-révolutionnaires (l.

7), les ennemis de la liberté (l.

9), provocateurs (l.

10), les rebelles (l.

17), les coupables (l.

18) ».

On voit bien que nommer la violence de ces derniers, c’est justifier par anticipation celle qui sera employée contre eux. Le discours de Danton mobilisateur dans sa forme est donc en train de constituer les fondements et les justifications de l’épouvantable Comité de Salut public de sinistre mémoire.

Bien que sommaire, l’argumentation qui justifie la demande de constitution du tribunal rappelle à plusieurs reprises, et par différents moyens, l’urgence de la situation : ainsi, en sommant l’Assemblée de ne pas se séparer avant qu’une décision n’ait été prise, Danton montre que le temps n’est plus aux tergiversations ; en utilisant le vocabulaire militaire (« quitter [vos] postes ») ou en rappelant la situation des armées de la République (« Dumouriez enveloppé »), il signifie que la lutte interne prend les allures d’une guerre ; en nourrissant son discours des termes les plus nobles de l’action politique, « le salut du peuple, le salut de la chose publique,. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles