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Commentez ce vers d'André Chénier : Sur des pensers nouveaux, faisons des vers antiques.

Publié le 10/02/2012

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Ce vers est tiré de l'Invention, préface supposée d'un vaste poème philosophique et scientifique : l' Hermès, à peine ebauché. Il résume la poétique de Chénier, ou mieux sa théorie de l'imitation. L'esclave imitateur naît et s'évanouit ...

Ce n'est qu'aux inventeurs que la vie est promise ...

telle est l'idée centrale à laquelle il se rattache.

Malgré son apparente simplicité, cet alexandrin a soulevé d'innombrables discussions. Le meilleur commentaire serait, croyons-nous, une revue de ces interprétations divergentes, toutes appuyées sur d'excellents arguments, mais cela nous conduirait au delà des limites d'une dissertation de baccalauréat. Pour mettre un peu de clarté dans cette question assez complexe, nous envisagerons successivement : la thèse, c'est-à-dire la proposition générale, et l'hypothèse, ou le cas particulier d'André Chénier.

« traduire en vers? N'est-ce point là une illusion entretenue par quelques réussites exceptionnelles? Lucrèce a su extraire le lyrisme caché des grandes hyY,othèses atomistiques.

Dante a chanté les splendeurs de la·· philosophie mediéva\e.

Mais combien d'autres ont lamentablement echoue en voulant renouveler leur audacieuse tentative 1 Enfin, s'appliquer à composer des «vers antiques:., n'est-ce point recom­ mencer Ronsard et la Pleiade, retourner à une vieille erreur? Faudra-t-il donc encore «pindariser:., revenir aux éJ,>odes, aux strophes et aux anti­ strophes? Faudra-t-il transformer nos metres français et ne plus user d'alexandrins dans la comédie, sous prétexte que Ménandre ou Térence ont employé d'autres.

rythmes? Faudra-t-il multiplier les inversions,· les coupes, les rejets, si fréquents dans les vers grecs et latins? N'est-ce pas méconnaitre et le génie de notre langue et les lois de notre versification, conformes à ce génie? Telles sont les principales objections soulevées par la thèse, en apparence si raisonnable.

* ** André Chénier paraissait mieux 9.ualifté que quiconque I_>our réaliser le programme esquissé dans ce nrs antithétique.

Il fut, en plémtude : l'homme du xvxu• siècle, des c pensers nouveaux :.

; le fiJs spirituel de la Grèce, patrie par excellence des c vers antiques :.

• .

De son temps, il I?artagea les idées et les illusions, les sentiments et les passions, les aspirations et les goûts.

Sa philosophie est celle de Locke, de Voltaire, de Rousseau, de Diderot, de Condillac, d'Helvétius, de l'Encyclopédie, un pot-pourri de doctrines hétéroclites.

Il est « athée avec délices :.

, a-t-on dit non sans quelque exa­ gération, car il se proposait - avant Chateaubriand - d'opposer aux céré­ monies des anciennes religions les fêtes de l'Eglise, « dont plusieurs sont intéressantes :.

.

Il nie l'authenticité de l'Evangile.

Pascal et Bossuet sont des sophistes, prouvant des absurdités.

Il hait le c fanatisme :.

; mais s'il condamne avec Voltaire les «superstitions du passé:., avec Rousseau il dénonce la superstition «philosophique :.

et «encyclopédique ».

Comme la plupart de ses maîtres à penser, il verse dans le matérialisme et parle des « atomes de vie, semences premières toujours en mouvement :.

.

.

Il croit au Progrès par la Science.

Il prise peu les grands conquérants et réserve sa symv.athie aux savants.

Les visions poétiques d'un BUffon l'ont enthousiasmé; il se sent prêt à refaire en vers les Epoques de la NatuJ'e ..

Il, rassemble en un même alexandrin : Torricelli, Newton, KéJ?ler et Galilée ..

Leurs subli~es découvertes n'ont-elles pas transformé l'umvers'l .

, · Sa politique et sa sociologie sont celles de Voltaire, de Montesquieu, de .

Rousseau, de l'abbé de Saint-Pierre.

Avec le premier, il proteste contre· l'abus des suv.plices et réclame la refonte des codes criminels; avec le second, il croit à l'influence des climats sur les lois, à la démocratie fondée sur la vertu; avec l'auteur du Contrat social, il se défie de la liberté d'asso­ ciation et rêve d'une république égalitaire, où personne n'aurait le droit de dépasser son voisin; avec l'utopique abbé, il prêchera la paix universelle.

Ces - « pensers nouveaux :.

s'accompagnent de sentiments congruents, et très xvm• siècle.

Libre-penseur, Chenier est libre-viveur.

Une ardente sen­ sualité circule à travers son œuvre.

Sous couleur d'antiquité, dans les Idplles, les Bucoliques, les Elégies, s'exprime le moderne sensualisme : le meme. »

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