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Commentez cette maxime de La Bruyère : « L'ON EST PLUS SOCIABLE ET D'UN MEILLEUR COMMERCE PAR LE CœUR QUE PAR L'ESPRIT» (les caractères, iv-78.)

Publié le 15/02/2011

Extrait du document

esprit

   L'esprit est généralement considéré comme l'assaisonnement indispensable des conversations, qu'il s'agisse de rencontres d'amis ou de réunions mondaines. Dans ce dernier cas en particulier son brillant est comme associé intimement au prestige des belles manières et à l'étalage du luxe. Et pourtant, précisément à une époque où, en France, les salons connaissaient leur plein épanouissement, La Bruyère ne lui accorde que la seconde place dans sa fameuse maxime : « L'on est plus sociable et d'un meilleur commerce par le cœur que par l'esprit. « Remarquons que La Bruyère envisage moins le cas des rencontres accidentelles que celui des relations suivies, ce qui tend à élever le débat du plan de la simple politesse à celui de la sociabilité. Cela étant, examinons quels avantages présentent les qualités du cœur par rapport à celles de l'esprit, à certaines formes déplaisantes de l'esprit auxquelles La Bruyère songe plus spécialement. Mais en contrepartie ne devrons-nous pas reconnaître que la sensibilité, elle aussi, est sujette à certains travers désagréables, comme l'esprit — le véritable esprit ! — est fort appréciable. Peut-être même, à considérer les hommes plutôt que les notions abstraites, devrons-nous admettre en dernière analyse que la perfection de l'un est inséparable de la perfection de l'autre.

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« Il vous épargne la pudeur De les lui découvrir vous-même... Certes, il n'y a pas là de quoi alimenter de longues conversations.

Mais, — du moins quand on est entre amis, —est-il toujours nécessaire de faire marcher la langue ? L'atmosphère de sympathie ne se suffit-elle pas à elle-même ?« Etre avec des gens qu'on aime, constate La Bruyère, cela suffit ; rêver, leur parler, ne leur parler point, penser àeux, penser à des choses plus indifférentes, mais auprès d'eux, tout est égal.

» Au salon de Cathos et Madelon oude Philaminte et Trissotin nous opposerons celui de Chateaubriand et de Mme Récamier à l'Abbaye-aux-Bois.

Voicid'abord l' « asile solitaire » : « Un corridor noir séparait deux petites pièces.

Je prétendais que ce vestibule étaitéclairé d'un jour doux.

(La sensibilité n'exclut pas la plaisanterie, une plaisanterie qui ne blesse personne !) Lachambre à coucher était ornée d'une bibliothèque, d'une harpe, d'un piano, du portrait de Mme de Staël et d'unevue de Coppet au clair de lune ; sur les fenêtres étaient des pots de fleurs.

(Chaque détail de cet intérieur parledélicatement à l'âme : Mme Récamier est une femme cultivée (bibliothèque), une musicienne (harpe, piano), uneamie fidèle (c'est à Coppet, en Suisse, que Mme Récamier et Chateaubriand avaient rencontré Mme de Staël exiléepar Napoléon Ier) ; ses goûts sont aussi simples que délicats (pots de fleurs).

La description du décor se poursuitavec des notations tantôt pittoresques dans leur simplicité, tantôt mélancoliques et douces.

Voici enfin le réconforttrouvé par Chateaubriand dans la compagnie de Mme Récamier : « Dieu, en me donnant des heures de paix, medédommageait de mes heures de trouble ; j'entrevoyais le prochain repos que croit ma foi, que mon espéranceappelle.

Agité au-dehors par les occupations politiques ou dégoûté par l'ingratitude des cours, la placidité du cœurm'attendait au fond de cette retraite comme le frais des bois au sortir d'une plaine brûlante.

Je retrouvais le calmeauprès d'une femme, de qui la sérénité s'étendait autour d'elle, sans que cette sérénité eût rien de trop égal, carelle passait au travers d'affections profondes.

». Mais peut-être avons-nous procédé jusqu'à présent de façon partiale, en n'opposant aux plus belles qualités ducœur que les travers de l'esprit, Mme Récamier à Trissotin.

Pour que notre analyse soit complète et équitable, il estbon de procéder à la comparaison inverse, d'opposer aux travers de la sensibilité les agréments de l'esprit — dumeilleur ! 2.

— Travers de la sensibilité et qualités de l'esprit. 1.

— Les travers de la sensibilité. La sensibilité, comme l'esprit, a ses insuffisances, ses perversions, ses hypocrisies tout aussi insupportables. Si « un bon plaisant est une pièce rare, » combien rares également sont les âmes compréhensives, pleines de tact,et pudiques.

Il est aussi difficile d'être bon, — de vaincre l'égoïsme, ou l'orgueil, ou la jalousie...

— que d'êtrespirituel.

Pour trouver de vrais amis, La Fontaine a dû les chercher...

au Monomotapa ! De plus c'est tout un art qued'entretenir un malheureux de son malheur, d'éviter de le replonger outre mesure dans des souvenirs pénibles, del'amener à des pensées plus fortes ou plus gaies.

Les maladresses de personnes pourtant animées d'excellentesintentions ont inspiré à La Fontaine la fable où il est question du pavé de l'Ours et qui se termine par ces deux vers: Rien n'est si dangereux qu'un ignorant ami : Mieux vaudrait un sage ennemi. Le snobisme de la sensibilité : la sensiblerie, est aussi insupportable que la manie de l'esprit.

L'ennui qu'elle répandvaut bien le ridicule de l'autre.

Oh ! la comédie larmoyante ! Oh ! le pathos romantique ! Mais je hais les pleurards...

dira Musset. L'ostentation de la sensibilité est enfin aussi hypocrite, aussi intéressée, que celle de l'esprit.

La Béline du « MaladeImaginaire » est aussi odieuse que Trissotin, sinon plus. Argan.

— Ah ! ma femme, approchez. Béline.

— Qu'avez-vous, mon pauvre mari ? Argan.

— Venez-vous-en ici à mon secours. Béline.

— Qu'est-ce que c'est qu'il y a, mon pauvre petit fils ? Argan.

— Mamie. Béline.

— Mon ami. Argan.

— On vient de me mettre en colère. Béline.

— Hélas ! pauvre petit mari ! Comment donc, mon ami ?. »

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