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Condorcet, évoquant dans son Esquisse des progrès de l'esprit humain (1793) l'action des philosophes du XVIIIe siècle, écrivait : « Bayle, Fontenelle, Voltaire, Montesquieu et les écoles formées par ces hommes célèbres combattirent en faveur de la vérité, employant tour à tour toutes les armes que l'érudition, la philosophie, l'esprit, le talent d'écrire peuvent fournir à la raison; prenant tous les tons, employant toutes les formes, depuis la plaisanterie jusqu'au pathétique, depuis l

Publié le 18/02/2011

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INTRODUCTION

Condorcet, qu'on a pu considérer comme le dernier des philosophes du XVIIIe et qui, dans sa pensée comme dans ses actes (comme rapporteur de l'organisation de l'instruction publique), a tiré les conséquences de leurs idées, montre dans son Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain ce que fut leur action. Avec le recul du temps, il peut apercevoir la convergence de leurs efforts notamment en faveur de la vérité, à travers la variété des formes de ce combat. Aujourd'hui encore, sans voir dans la vérité le seul objet de la lutte des philosophes (qui ne sont pas moins épris de bonheur et de liberté), et tout en précisant les différents aspects de la vérité qu'ils poursuivent, on reconnaîtra aisément dans leurs oeuvres la diversité des armes et du ton, mise en lumière par Condorcet.

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« et en font un précurseur de la sociologie. B.

La vérité philosophique.C'est naturellement dans le domaine philosophique que la lutte pour la vérité se déroule essentiellement.

Lesphilosophes dénoncent tout d'abord les opinions qui ne reposent que sur des préjugés.

Bayle montre comment sur laseule autorité de la tradition à laquelle la multitude se rallie par paresse et crédulité, les croyances acquièrent un telcrédit qu'il devient redoutable de les contredire.

Il dénonce ces préjugés qui, comme la croyance aux oracles, nesont souvent qu'impostures et superstitions, fruits de « l'obscurantisme ».

Cette dénonciation atteint aussi lesmiracles dont Fontenelle montre comment ils prennent naissance, et la notion de vérité révélée n'échappe pas à lacritique.

Tout ce qui n'est pas vérifié par les faits ou conforme à la raison est dénoncé.

Les Philosophes s'enprennent également à la métaphysique, dont les explications sont purement verbales et les discussions stériles.Fontenelle raille toutes les rêveries des philosophes dont il s'étonne qu'elles « n'aient pas perdu de réputation toutel'antiquité ».

Voltaire ridiculise de même dans Micromégas ces philosophes qui ne peuvent se mettre d'accord sur cequ'est l'âme et revient constamment à l'idée que « mille tomes de métaphysique ne nous enseigneront pas ce quec'est que notre âme ».

Si Fontenelle oppose à ces rêveries les explications mécanistes de Descartes, Voltaire neraille pas moins celui-ci auquel il oppose la méthode de Locke dont il avait dit dans ses Lettres philosophiques : «Tant de raisonneurs ayant fait le roman de l'âme, un sage est venu, qui en a fait modestement l'histoire.

» Ils sontd'accord pour s'en remettre au culte du fait et de l'expérience.

Diderot définit l'esprit philosophique comme « unesprit d'observation et de justesse » (Art.

Philosophe), et affirme sa foi dans la raison et dans les lumières del'esprit.

Cependant Rousseau dénoncera les sophismes du raisonnement et trouvera dans les révélations de laconscience et du coeur une source de vérité et de certitude. C.

Le combat pour la vérité: contre les erreurs judiciaires.Le combat pour la vérité ne reste pas du domaine des idées abstraites.

Il est un engagement et le philosophe,conscient d'appartenir à une société, est persuadé que ses lumières contribuent à rendre cette société plusconforme à la raison.

Un peuple plus éclairé par l'action des philosophes, par la vulgarisation des idées, et, comme lesouhaitera plus tard Condorcet, par l'instruction, pourra espérer plus de liberté, plus d'égalité et plus de justice.

Maistout en préparant l'avenir, c'est dans l'immédiat que s'engage le combat du philosophe, de Voltaire en particulier,contre les injustices et notamment contre les erreurs judiciaires, « Je sais avec quelle fureur le fanatisme s'élèvecontre la philosophie, écrit-il à Damilaville (mars 1765).

Elle a deux filles qu'il voudrait faire périr comme Calas, cesont la Vérité et la Tolérance.

» Et l'article Certain.

Certitude du Dictionnaire philosophique montre comment leproblème de la vérité peut se confondre avec celui de la justice.

C'est sans doute cette forme de combat pour lavérité qui est la plus originale et qui a le plus contribué à la gloire des philosophes. II - LA DIVERSITÉ DES MOYENS A.

Convaincre la raison est naturellement le moyen essentiel auquel les philosophes ont recours, « employant tout àtour les armes (de) l'érudition, la compilation la plus savante et la plus vaste ».

De là, parmi les formes de cettelittérature, la place toute nouvelle que prennent les dictionnaires.

Le Dictionnaire historique et critique de Bayle,rédigé entre 1695 et 1697, publié en 1702, est le modèle de tous les autres, et notamment du Dictionnairephilosophique de Voltaire (ou La Raison par alphabet), conçu en 1752, qui paraît en 1764 et comporte 614 articles.Mais le monument le plus représentatif de ce genre est évidemment l'Encyclopédie, dont le Discours préliminaire(1751) définit le double caractère d'encyclopédie et de dictionnaire raisonné.

La publication de l'Encyclopédie ouDictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers constituera pendant une vingtaine d'années (de 1751 à1772) une forme essentielle du combat pour la vérité.

Ce recours à l'érudition se retrouve dans le domaine nouveaude l'exégèse, qui devient une arme contre l'Église, et dans le genre plus traditionnel, mais renouvelé de l'histoire :Fontenelle, Histoire des oracles, Montesquieu, Considérations, Voltaire, Essai sur les moeurs.

Les philosophes usentencore de bien d'autres genres pour instruire le lecteur, qu'il s'agisse de vulgarisation scientifique comme lesEntretiens sur la pluralité des mondes de Fontenelle, ou de traités philosophiques ou politiques tels que l'Esprit desLois de Montesquieu ou le Contrat social de Jean-Jacques Rousseau. B.

Soulever les passions par les armes de la polémique.a) Le combat pour les idées avec les armes de la raison cède parfois la place à l'appel aux passions; il prend uncaractère plus personnel et d'une actualité plus immédiate.

La lutte pour la vérité devient une lutte contre lemensonge, mais aussi contre les adversaires des philosophes qu'il s'agit de réfuter ou de ridiculiser.

Voltaire donnantà Helvétius une leçon de tactique philosophique déclare (15 sept.

1763) : « Rendez vos ennemis odieux et ridicules.» Ce défenseur de la vérité n'hésitait d'ailleurs pas à recourir au mensonge et disait à Thieriot (21 oct.

1736) : « Lemensonge n'est un vice que quand il fait du mal; mais c'est une très grande vertu quand il fait du bien.

Il faut mentircomme un diable, non pas timidement, non pas pour un temps, mais hardiment et toujours.

» On préférera pourtantles circonstances où Voltaire, pour défendre les victimes de l'injustice, fait appel aux passions généreuses : l'équité,la tolérance et l'humanité en faveur des victimes des erreurs judiciaires, des serfs du Jura, etc. b) Cette lutte où Voltaire se distingue particulièrement, justifierait à elle seule l'appellation de « multiforme » que luidonnait D'Alembert.

Dans ce combat presque quotidien, c'est sans doute le journalisme, ce « pamphlet du jour », qui. »

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