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Description : Usage et utilité dans le roman

Publié le 05/09/2018

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De plus, la description dans ces textes vise à mettre en place une ambiance particulière ou un univers spécifique. Dans le texte de Chateaubriand, la description a un rôle symbolique, elle met en avant les éléments que Boabdil abandonne dans son exil, il quitte « le royaume de ses pères » et les « tombeaux musulmans ». On voit ainsi la tristesse et la déchéance de ce monarque, ainsi que la nostalgie avec laquelle il abandonne le royaume de ses aïeux. La description symbolise donc ici les sentiments du personnage. De même dans le texte de Flaubert, la description a ce même rôle symbolique, elle sert à mettre en place un univers étrange et tourmenté, avec des « houx »comparé à du « bronze » se hérissant, des « pins symétriques se balançant comme des tuyaux d’orgue ». La description montre le caractère casi-métallique des arbres et crée ainsi un univers mystérieux. Toutefois, ladescription montre un paysage vierge et soyeux avec des « bouleaux blancs et lisses », ou des « chênes s’étreignant ». La description représente de ce fait « l’état d’esprit du texte », sa « longueur fiévreuse », des arbres « aux attitudes élégiaques » mais aussi comparables à des titans immobilisés dans leur colline. La description a donc ici une partie symbolique qui montre la dualité du paysage, entre tourment et virginité, entre longueur lourde et colère.
Au contraire, dans le texte de Verne, description a un rôle purement informatif. Elle nous décrit les arbres rongés par le temps et cherche à apporter une précision scientifique avec la classification des arbres, « les rubiacées » ou les « légumineux ». Des informations sont données sur leurs origines, ils viennent « du Nord » La description confère donc au texte une valeur scientifique, digne d’une classification des plus « ingénieuse de la botanique terrestre », qui inscrit le roman dans le genre de la science fiction.
La description a différentes fonctions dans chacun de ces textes, un rôle purement informatif décrivant le cadre de l’action, ou un rôle plus symbolique dans le texte de Chateaubriand pour montrer l’état d’esprit du personnage, ainsi que dans Flaubert où la description montre le paysage tourmentée et crée une atmosphère mystérieuse et inquiétante ; tandis que la description de Jules Verne a un but principalement didactique. Les textes du corpus nous montrent donc différentes fonctions de la description.

« sentiment que le lecteur perçoit suite à cette description. De plus, la description peut permettre à l’auteur de créer une atmosphère particulière, immergeant ainsi le lecteur dans l’ambiance que cherche à transmettre l’auteur.

Cette atmosphère peut ainsi rendre le lecteur plus réceptif à une idée particulière et ainsi renforcer la portée argumentative ou sentimentale du roman.

Dans le Colonel Chabert encore une fois, la description de la situation vécue par le colonel blessé et laissé pour mort sous un amas étouffant de cadavres de soldats tués lors de la bataille d’Eylau imprègne le lecteur de l’ambiance macabre et sordide qui va le poursuivre ensuite tout au long du récit.

Par cette description, Balzac renforce le caractère tragique de son roman.

Le lecteur s’émeut et grâce à la compassion qu’il éprouve pour le Colonel Chabert, il perçoit plus facilement la critique de la société émise par Balzac. La description peut également permettre à l’auteur d’exprimer son opinion sur un thème particulier à l’aide du vocabulaire qu’il emploie pendant celle-ci.

En effet, lorsque Balzac décrit la maison de jeu dans l’incipit de la Peau de Chagrin, par le vocabulaire péjoratif employé et l’atmosphère qu’il crée, le lecteur perçoit son opinion sans qu’une argumentation explicite soit nécessaire.

La description peut également permettre à l’auteur de faire une pause dans la narration pour permettre à l’auteur de commenter l’action, et c’est là encore ce que fait Balzac dans son incipit : le narrateur fait une pause dans son récit et insère une description pour détailler et commenter l’action de Raphaël, son personnage principal. Les nombreuses possibilités offertes par la signification implicite d’une description sont souvent employées dans le romantisme, où l’auteur se sert de la description comme d’un miroir sur son âme, par le biais d’une atmosphère, d’un lieu ou d’un commentaire, le lecteur perçoit les sentiments de l’auteur.

Ainsi, dans Madame Bovary, de Flaubert, les descriptions présentent des paysages souvent tourmentés et ambigus, et cela exprime implicitement ce que ressent l’auteur qui se situe entre deux courants politiques et qui mène une vie elle aussi tourmentée.

Les descriptions ont pour but de donner des détails et des précisions objectives peuvent donc être subjective et exprimer de façon inconsciente ce que ressent l’auteur. Mais la description, qui peut certes permettre à l’auteur de « tout faire rentrer » dans son roman, présente tout de même certaines limites. L’usage de la description doit en effet rester limité, un roman ne contenant que des descriptions de présenterait que peu d’intérêt pour le lecteur, et prendrait plus l’aspect d’un documentaire.

Cela enlèverait le plaisir que l’auteur prend à s’évader de la réalité en suivant les péripéties d’un personnage, et ne lui donnerait plus envie de poursuivre la lecture de son roman.

L’auteur doit donc avoir recours majoritairement à la narration et aux dialogues pour intéresser le lecteur, et doit limiter les passages descriptifs.

Ces passages doivent également apporter des informations utiles au lecteur et doivent avoir un but, pour éviter encore une fois que le roman perde de son intérêt auprès du lecteur. De plus, il est impossible pour l’auteur de faire entrer dans son roman tous les détails, et toutes les précisions qu’il souhaiterait sans alourdir son roman.

Même les naturalistes, dont la caractéristique essentielle est de décrire avec précision des aspects de la société, sont obligés d’occulter certains éléments de leur récit.

Ainsi, dans le Bonheur des Dames, lorsque Zola décrit Paris, il occulte de nombreux détails et précisions qui pourraient être futiles et qui surtout, risquerait d’alourdir considérablement le roman en prenant de la place sur l’action, qui reste l’élément primordial du roman.

Zola a donc du faire un tri dans les informations qu’il souhaitait donner afin de privilégier celles qui selon lui présentait le plus d’intérêt. On peut également voir que l’utilisation régulière de la description peut empêcher le lecteur d’avoir recours à son imagination pour visualiser les lieux où se déroule l’action.

En effet, la description de Paris par Zola dans son roman prive le lecteur de son imagination et le conduit à partager la vision de Paris qu’offre Zola lors de sa description. La description se doit donc d’être utilisée à bon escient par l’auteur, sous peine de créer l’ennui chez le lecteur, mais doit toutefois lui donner suffisamment d’informations. La description offre donc de nombreuses possibilités à l’auteur pour « tout faire entrer » dans son roman : elle permet à la fois d’introduire des détails sur le cadre de l’action et de présenter des éléments nécessaires pour comprendre l’action.

Elle peut également permettre à l’auteur d’exprimer ses sentiments.

Le lecteur peut grâce à elle être plongé dans une atmosphère particulière, ou percevoir un message implicite de l’auteur.

Mais malgré ces nombreuses possibilités et ces avantages, l’auteur doit l’utiliser avec modération pour en obtenir une efficacité optimale ; une trop longue description, trop souvent répétée, pourrait entrainer le roman vers un autre genre : le. »

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