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En quoi L'Alchimiste de Coelho témoigne-t-il d'une foi dans l'homme qui s'apparente et se dissocie de celle de Rabelais ?

Publié le 17/01/2022

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Au début du XVIème siècle, apparaît en Europe un mouvement philosophique, artistique et littéraire : l'Humanisme, basé sur les connaissances et la culture antique et considéré comme une période de lumière qui s'oppose aux ténèbres des siècles précédents. Rabelais, écrivain français est le parfait modèle des humanistes de la Renaissance qui luttent avec enthousiasme pour renouveler, à la lumière de la pensée antique, l'idéal philosophique et moral de leur temps. C'est ainsi que Rabelais oppose « ce siècle si plein de lumière » au « brouillard épais et presque cimmérien de l'époque gothique ». Il est également un profond humaniste car il a foi en l'homme, en ses progrès intellectuels ainsi qu'en témoignent ses oeuvres Pantagruel et Gargantua. Quatre siècles plus tard, Coelho qui est l'un des auteurs vivants les plus lus au monde, publie l'Alchimiste, conte philosophique, traduit dans plus de soixante - six langues et récompensé par de nombreux prix internationaux, qui revendique une foi dans l'homme similaire mais également différente de celle de Rabelais. Dans quelle mesure peut-on considérer que Coelho, dans son oeuvre l'Alchimiste, affiche une croyance dans l'homme semblable à celle de Rabelais ? Et à l'inverse en quoi cette oeuvre exhibe également une foi dans l'homme qui s'en éloigne ? Afin de répondre aux questions ainsi posées, il conviendra dans un premier temps d'étudier les caractéristiques qui témoignent d'une croyance commune dans l'homme de ces deux auteurs, puis de souligner les raisons pour lesquelles leur foi en l'homme diffère.
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« avec eux : « Chacun a sa Légende Personnelle, c'est vrai, mais un jour cette Légende Personnelle sera accomplie.

Ilfaut donc se transformer en quelque chose de mieux, et avoir une nouvelle Légende Personnelle jusqu'à ce quel'Âme du Monde soit réellement une seule et unique chose.

» L'alchimiste devient alors un véritable surhomme, quipeut vivre des siècles.

C'est pour cela que l'Anglais, un des personnages du livre, est à la recherche d'un alchimisteet déclare : « L'univers est fait en une langue que tout le monde peut entendre, mais que l'on a oubliée.

Je cherchece Langage Universel, entre autres choses.

C'est pour cette raison que je suis ici.

Parce que je dois rencontrer unhomme qui connaît ce Langage Universel.

Un Alchimiste.

» Notons, d'ailleurs, que Rabelais est lui-même un grandalchimiste et considère utile d'étudier l'astrologie et l'alchimie ; il estime qu'elles doivent rester subordonnées à lavraie divine science.

Ainsi, nous observons dans son oeuvre Pantagruel, la très célèbre lettre de Gargantua surl'éducation dans laquelle on note l'enseignement préconisé par ce dernier et notamment les matières dont «l'alchimie ».L'Alchimiste de Coelho illustre donc d'évidentes similitudes avec Rabelais quant à la foi en l'être humain puisque lesarguments qu'ils mettent en avant se rejoignent étroitement.

Toutefois, pour similaires que soient ces donnéesinitiales, les différences n'en sont pas moins nombreuses. Rabelais, grand humaniste, a foi dans l'homme, en ses progrès intellectuels.

Il se propose dans Gargantua de mettreen scène un géant qui, après avoir subi l'éducation des Sorbonagres, découvre l'éducation humaniste, qui repose surla soif de la connaissance du monde qui l'entoure, sur des valeurs comme l'honnêteté (notamment intellectuelle), latolérance.

Rabelais rejette les méthodes d'éducation du moyen-âge pour proposer son idéal humaniste en accordantune grande importance à l'éducation.

Rabelais a soif de savoirs et foi en l'être humain ; il pense que si on l'éduquecomme il faut, s'il est instruit, mais également bien dans son corps, et surtout s'il est capable de réflexionpersonnelle, d'esprit critique, l'humanité va évoluer dans le bon sens.

Il imagine que l'humain a des capacitésimmenses, et avec l'imprimerie et les grandes découvertes il considère que ses capacités vont enfin pouvoir êtreexploitées, en rupture avec le moyen-âge obscur.

Selon lui, l'éducation consiste à avoir un apprentissage par lapratique et par soi même, les livres étant de simples supports, ne supposant pas l'exclusivité.

Il revendique unenseignement avec efficacité, un comportement humble et curieux, pour apporter une connaissance dans tous lesdomaines, grâce à l'aspect ludique de l'éducation humaniste, où l'apprentissage n'est pas uniquement livresque.C'est pourquoi, le personnage éponyme de Rabelais, Gargantua est confié à Ponocrates dont le travail consiste àl'instruire rigoureusement de sorte qu'il passe tout son temps à étudier le savoir utile sans perdre une seconde « car(disait Gargantua) la plus vraie perte de temps qu'il connût, était de compter les heures ».

L'objectif de Ponocratesétant de développer son esprit, de le faire devenir un érudit.

Coelho, quant à lui, n'aborde pas le thème del'éducation pour témoigner de sa foi dans l'homme mais celui de la religion qui est très présent tout au long del'histoire.

En effet, Coelho, dans l'Alchimiste a tendance à faire de nombreuses allusions à Dieu, tout est lié à Lui.Santiago renonce à la vie qu'il menait jusqu'à présent et quitte l'Espagne pour un pays dont il ne connaît ni laculture ni les moeurs, guidé seulement par l'idée que Dieu lui enverra des signes et qu'il sera toujours à ses côtésafin qu'il puisse faire les bons choix.

Aussi, il croit au destin « mektoub » et sait donc que ce qui doit arriver,arrivera.

En effet, tout est étroitement lié à Dieu.

En réalité, c'est Lui qui mène en quelque sorte Santiago à son butgrâce aux signes qu'Il lui envoie, notamment lorsqu'Il lui permet de voir le futur, ce qui est assez déroutant puisque« Dieu le révèle rarement, et cela pour une seule raison: c'est un futur qui a été écrit pour être changé ».

Enfin,c'est Lui qui l'aide à se transformer en vent, à la fin.

Ainsi, le concept religieux est omniprésent dans ce contephilosophique.

Chez Rabelais, nous enregistrons également la notion religieuse mais, au contraire, pour en dénoncerson côté figé ainsi que ses règles monacales qui lui semblent stériles, inefficaces.

Par ailleurs, nous notons le portaitde Frère Jean qui se bat avec une bravoure exemplaire et qui est une critique joyeuse du monde religieux dans uncontexte marqué par une tonalité burlesque.

En réalité, il s'agit d'un personnage très représentatif de l'oeuvre.Rabelais a pris Frère Jean comme porte-parole.

Ce dernier est un idéal qui engage la lutte sans attendre de miracle.Rabelais entend exalter une religion lumineuse et efficace qui s'intègrerait à la vie sans se réfugier exclusivementdans la prière.

Il revendique une moralité et conscience qui pourraient se libérer de règles arbitraires,conventionnelles et imposées.De plus, contrairement à Rabelais, l'Alchimiste de Coelho, souligne l'importance des rêves, des doutes maiségalement de vivre sa vie pleinement sans craindre l'inconnu, la souffrance ou l'échec : « personne ne doit avoirpeur de l'inconnu, parce que tout homme est capable de conquérir ce qu'il veut et qui lui est nécessaire.

Tout ceque nous craignons c'est de perdre ce que nous possédons, qu'il s'agisse de notre vie ou de nos cultures.

Maiscette crainte cesse lorsque nous comprenons que notre histoire et l'histoire du monde ont été écrites par la mêmeMain ».

Il pose également la question du sens de la vie ainsi que de l'importance des signes car «dans la vie, toutest signe ».

Nous comprenons de même la nécessité de vivre notre « Légende Personnelle », de ne jamaisabandonner avant d'avoir atteint notre objectif et de persévérer car «quand on veut une chose, tout l'Universconspire à nous permettre de réaliser notre rêve ».

En effet, le fil rouge du texte semble être principalement lapoursuite de "son rêve" et le fait qu'il nous faut aller au bout de ce rêve malgré les épreuves car «il n'y a qu'unechose qui puisse rendre un rêve impossible, c'est la peur d'échouer».

Ce livre nous apprend à faire confiance à la vieet aux signes qu'elle nous envoie et à toujours aller de l'avant sans redouter la douleur puisque « craindre lasouffrance est pire que la souffrance elle-même ».

Enfin, nous découvrons le fait que chacun d'entre nous, chacundes éléments présents dans l'Univers font partie de « L'Âme du Monde » et ainsi que « notre histoire et l'histoire dumonde ont été écrites par la même Main ».

Puis ce livre nous fait prendre conscience de l'importance de prêterattention à notre coeur car «personne ne peut fuir son coeur.

C'est pourquoi il vaut mieux écouter ce qu'il dit ».

Cesthèmes du rêve et de la vie elle-même ne sont effectivement pas abordés chez Rabelais, d'où une conception de lafoi dans l'homme novatrice et originale chez Coelho.Enfin, on s'aperçoit que la croyance en l'homme de Coelho se dissocie parfaitement de celle de Rabelais dansl'écriture.

En effet, Rabelais est un bon vivant qui aime l'humour (notamment l'humour scatologique avec denombreux détours par des tournures quelque peu obscènes) et les plaisirs de la vie.

Ses oeuvres sont à la fois drôles. »

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