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Eugène Ionesco, Notes et contre notes, N.R.F., Gallimard.

Publié le 05/11/2016

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Je n'affirmerai point que de nos jours l'on ne pense pas. Mais on pense sur ce que quelques maîtres vous donnent à penser, on pense sur ce qu'ils pensent, si on ne pense pas exactement ce qu'ils pensent, en répétant ou en paraphrasant. En tout cas, on peut observer que trois ou quatre penseurs ont l'initiative de la pensée et choisissent leurs armes, leur terrain; et les milliers d'autres penseurs croyant

Vous ferez, selon votre préférence, un résumé ou une analyse de ce texte. Vous choisirez ensuite dans ce texte un problème auquel vous attachez un intérêt particulier, vous en préciserez les données et vous en exposerez, en les justifiant, vos propres vues sur la question.

1. Ce passage d’Eugène Ionesco peut donner l 'impression d'une pensée répétitive : en réalité elle procède plutôt par glissement implicite d’une idée à une autre, sans transition. Une analyse ne rendrait guère compte de cet entrelacs subtil de propositions et obligerait à décomposer un texte qui se veut avant tout une unité. Le résumé devra, lui, s’efforcer de ne rien abandonner des différentes subdivisions du raisonnement de l’auteur de la Cantatrice chauve.

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« penser se débattent dans les filets de la pensée des tr ois autres, pri sonn iers des termes du problème qu'on leur impose.

Le problème imp osé peut avoir son impor tance.

Il y a aussi d'autres problèmes, d' autres aspects de la réalité, du monde : et le moins qu'on pu isse dir e des maîtres à penser, c'est qu'ils nous enferment dans leur doc­ torale ou moins doctor ale subjectivité qui nous cache, comme un écran, l'innom brable variété des perspectives possibles de l'esp rit.

Mais penser par soi même, découvrir soi même les problèmes est une chose bien diffi cile.

Il est tellement plus commode de se nourrir d'alimen ts préd igérés.

Nous somme s ou avons été les élèves de tel ou tel profes seur.

Celui ci nous a non seulement instruits, il nous a fait subir son inf luence, sa façon de voir, sa doc trine, sa vérité sub­ jective.

En un mot, il nous a« formés ».

C'est le hasar d qui nous a formés :car si le même hasard nous avait inscrits à une autre école, un autre professeur nous aurait faço nnés inte lle ctuellement à son im age, et nous aurions sans doute pensé de mani ère différente.

Il ne s'agit certaine ment pas de repousser les donné es qu'on nous pr ése nte et de mépriser les choix, les formules, les solu tions des autres :cela n'est d'ailleur s pas possi ble; mais on doit repenser tout ce qu'on veut nous faire penser, les termes dans lesquels on veut nous faire penser , tâcher de voir ce qu'il y a de subjectif, de parti culier dans ce qui est prése nté comme objectif ou génér al; il s'agit de nous méfier et de soume ttre nos propr es ex aminate urs à no tre li bre examen, et de n'adop ter ou non leur point de vue qu'après ce trava il fait.

Je crois qu'il est préfér able de penser maladroitement, cour tement, comme on peut, que de répéter les slogans infé rieur s, moy ens ou sup érieurs qui courent les rues.

Un homme fûtil so t, vaut qu and même mieux qu'un âne inte lligent et savant; mes petites décou­ vertes et mes pla titudes ont davantage de valeu r, conti ennent plus de vérités pour moi que n' ont de signif ication pour un perr oquet les br illants ou sub tils aphorismes qu'il ne fait que répéter.

Les jeunes, surtout, sont l'objet de sollici tations de toutes sortes, et les foules.

Les politiciens veulen t ob tenir des voix, les maîtres à penser sont en quête de disciples :un maître à penser prêchant dans le dés ert, ce ser ait trop risible; on veut agir sur les autres, on veut les avoir, on veut être suivi, on veut forcer les autres de vous suivre, alors qu'au lieu d'imposer ses idées ou ses passions, sa person na­ lité, c'est la person nalité des autres qu'un bon maître devrait essayer d' aider à dév elopper.

Il est, je sais, bien diffi cile de se ren dre comp te dans quelle mesure l'id éologie d'un idéologue est ou n'est pas l'ex pr ession d'un désir d'affi rmati on de soi, d'un e volon té de puissance per sonnelle; c'est bien pour cela qu'il n'en faut être que plus vigilan t.

Eugène Ionesco, Notes et contre notes, N.R.F., Galli mard.

Vous ferez, selon votre préfér ence, un résumé ou une analyse de ce texte.

Vous choisir ez ensui te dans ce texte un problème auquel vous attachez un intérêt particulier , vous en préciser ez les données 24. »

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