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Explication de texte Montaigne, Essais, 1,26 (commentaire)

Publié le 07/09/2012

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montaigne

Il y a aussi le recours à des images concrètes et séduisantes (parfois amusantes) propres à insérer ces principes pédagogiques abstraits dans le concret le plus courant et le plus parlant: la métaphore amusante du gavage (ligne 10-11), les métaphores alimentaires à la ligne 38-40 et dans le verbe « goûter« de la ligne 14, et également le recours aux images empruntées au lexique équestre, ligne 13 : «le mettre sur la piste «,et ligne 20 : «il est bon qu'il le fasse trotter devant lui pour juger de son allure H. «, signe de connivence culturelle et sociale avec le public aristocratique essentiellement visé ici à travers la destinataire Diane de Foix, comtesse de Gurson, puisqu'on sait que la cavalerie était par excellence la pratique favorite de la noblesse et était même largement un signe distinctif de cette noblesse. 

 

Il y a également le recours un peu paradoxal (mais discret) à l'argument d'autorité (les philosophes Socrate et Arcésilas à la ligne 17, le philosophe Platon à la ligne 38), sans doute pour se « couvrir« vu le caractère très original et dérangeant à l'époque des idées ici défendues. 

 

Il y a enfin, démarche plus habile que rigoureuse, un ton qui est d'abord assez doux et insinuant (avec le verbe « vouloir «, qui exprime un simple souhait, et qui est de surcroît mis ici au conditionnel, mode de l'atténuation), puis, peu à peu, de plus en plus directif, avec des subjonctifs à valeur impérative. NB de même l'habileté de Montaigne qui laisse dans le flou l'identité du « on « et met aussi le lecteur dans son camp à travers l'adjectif possessif« nos« (dans « on ne cesse de criailler à nos oreilles«). 

montaigne

« Un recours prédominant auxfaits -en l'occurrence: les pratiques pédagogiques de son tempspour préparer par avance la nécessité d'une autre pédagogie. Ces premiers éléments rattacheraient donc plutôt ce texte à une démarche de conviction, chose d'autant plus notable que c'est plutôt une originalité de la part deMontaigne, qui est en général plutôt habitué à laisser courir sa plume « à sauts et à gambades» comme on l'a vu dans l'extrait des Essais, III,9. Mais à côté de ces premières caractéristiques, d'autres composantes de ce texte lui donnent justement une allure qui le rattache en partie à une démarche depersuasion, plus familière à Montaigne.

En effet: Il y a d'abord le recours à la formule-choc qui claque et fait mouche: ainsi la tournure « une tête bien faite que bien pleine» a eu un tel succès qu'elle a accédé au statutde quasi-proverbe au fil des siècles (ligne 7, mais aussi ligne 5). Il y a aussi le recours à des images concrètes et séduisantes (parfois amusantes) propres à insérer ces principes pédagogiques abstraits dans le concret le plus courantet le plus parlant: la métaphore amusante du gavage (ligne 10-11), les métaphores alimentaires à la ligne 38-40 et dans le verbe « goûter» de la ligne 14, et égalementle recours aux images empruntées au lexique équestre, ligne 13 : «le mettre sur la piste »,et ligne 20 : «il est bon qu'il le fasse trotter devant lui pour juger de son allureH.

», signe de connivence culturelle et sociale avec le public aristocratique essentiellement visé ici à travers la destinataire Diane de Foix, comtesse de Gurson,puisqu'on sait que la cavalerie était par excellence la pratique favorite de la noblesse et était même largement un signe distinctif de cette noblesse. Il y a également le recours un peu paradoxal (mais discret) à l'argument d'autorité (les philosophes Socrate et Arcésilas à la ligne 17, le philosophe Platon à la ligne38), sans doute pour se « couvrir» vu le caractère très original et dérangeant à l'époque des idées ici défendues. Il y a enfin, démarche plus habile que rigoureuse, un ton qui est d'abord assez doux et insinuant (avec le verbe « vouloir », qui exprime un simple souhait, et qui est desurcroît mis ici au conditionnel, mode de l'atténuation), puis, peu à peu, de plus en plus directif, avec des subjonctifs à valeur impérative.

NB de même l'habileté deMontaigne qui laisse dans le flou l'identité du « on » et met aussi le lecteur dans son camp à travers l'adjectif possessif« nos» (dans « on ne cesse de criailler à nosoreilles»). Conclusion: Un texte qui est d'abord un document intéressant historiquement sur les pratiques pédagogiques de l'époque de Montaigne. Un texte intéressant aussi dans l'histoire des idées pédagogiques puisqu'avec une remarquable avance sur son temps, ce texte contient un fonds d'idées qui sontaujourd'hui encore à la base de notre enseignement -à une importante réserve près: la pédagogie que prône ici Montaigne reste conçue pour un individu, et reste doncaristocratique et élitiste, et donc Montaigne n'a pas eu ici l'intuition d'une éducation adressée à une masse, fondamentale à notre époque. Ce texte présente enfin l'intérêt d'être original par sa démarche argumentative, moins« à sauts et à gambades» que dans la plupart des textes de Montaigne: cela est liéà la nature particulière de ce texte, qui était à l'origine destiné à une personne bien précise -et de surcroît à une aristocrate comme on l'a vu- et non pas à un vaguelecteur anonyme, d'où donc ici un effort didactique plus net, qui évite cependant la sécheresse.. »

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