Extrait de Quatre vingt treize de Victor Hugo : Les rues de Paris en ce temps là
Publié le 17/01/2022
Extrait du document


«
b.
La volonté de recréer une époque entière
Nous pouvons à ce titre interpréter ce texte comme le théâtre d'une tentative pour recréer une époque entière.
Leprocède littéraire de la parataxe joue a cet effet un rôle très important.
La parataxe est un mode de construction de phrases par juxtaposition, sans mot de liaisons pour expliciter le rapport syntaxique de subordination ou decoordination qui les relie.
Ce procède littéraire est largement employa dans notre extrait, dans la mesure où Hugojuxtapose un grand nombre de notations au moyen de points virgules :
On vivait en public ; on mangeait sur des tables dressées devant les portes ; les femmes assises sur les perronsdes églises faisaient de la charpie en chantant la Marseillaise ; le parc Monceaux et le Luxembourg étaient deschamps de manœuvre ; il y avait dans tous les carrefours des armureries en plein travail, on fabriquait des fusilssous les yeux des passants qui battaient des mains ; on n'entendait que ce mot dans toutes les bouches :Patience.
Le procédé de la parataxe peut donc passer pour un procédé qui vise à recréer l'atmosphère de l'époquerévolutionnaire.
Hugo passe en effet d'une information à l'autre sans qu'il y ait de veritable lien logique entre elles,comme s'il prétendait retranscrire la fièvre d'une époque en marche, en mouvement.
II.
Une représentation pittoresque de l'époque
a.
Une présentation objective des faits
Par ailleurs, il faut bien voir avec quelle rigueur Hugo s'efforce de donner des informations sur la période qu'ildépeint.
En effet, il ne prétend nullement donner une interprétation personnelle des faits qu'il énonce, ces notationsappartiennent davantage au genre de la constatation.
Tel est par exemple le cas dans le passage suivant :
Il y avait dans tous les carrefours des armureries en plein travail, on fabriquait des fusils sous les yeux despassants qui battaient des mains ; on n'entendait que ce mot dans toutes les bouches : Patience.
Hugo cite des paroles (« Patience ») ou présente des faits, mais s'efface globalement de la scène qu'il représente.
b.
Une constante recherche du pittoresque
Cependant, en dépit de cette relative neutralité du romancier, celui-ci ne laisse pas d'être particulièrement intéressépar ce qui relève du pittoresque.
En effet, les notations qu'il rapporte sont principalement celles qui touchent à unecertaine couleur de l'époque, celles qui faisaient d'elles une période frappante pour ses comportements hors ducommun, pour l'énergie et l'affairement qui la caractérisait.
A ce titre, l'anecdote du procureur Seran ne laisse pasd'être représentative, puisqu'elle dépeint un homme qui agit de manière surprenante :
Un procureur, nommé Séran, dénoncé, attendait qu'on vînt l'arrêter, en robe de chambre et en pantoufles, et enjouant de la flûte à sa fenêtre.
Personne ne semblait avoir le temps.
Tout le monde se hâtait.
Pas un chapeau quin'eût une cocarde.
Les femmes disaient : Nous sommes jolies sous le bonnet rouge.
Nous dirons donc que si Hugo fait œuvre d'historien en rapportant des faits, c'est d'abord romancier qu'il demeureparce que ces faits visent avant tout à créer une atmosphère, en restituant l'esprit particulier d'une époque pleined'énergie et de comportements hors du commun.
III. L'histoire mythifiée au moyen d'une technique de type pictural
a.
Une peinture héroïsée des événements révolutionnaires
Cependant, il faut bien voir que cette peinture des événements révolutionnaires peut être caractérisée de peinturehéroïsée.
En effet, Hugo ne se contente pas d'exposer des faits, comme pourrait le faire n'importe quel historien, ils'efforce au contraire de faire accéder les événements de l'histoire a une dimension mythique.
Un instrumentemployé à cette fin est celui de la généralisation.
La fin du texte est en effet le theatre de deux élargissementssuccessifs, l'un conduisant à Paris, l'autre à une réflexion sur la monarchie elle-même :
« Paris semblait plein d'un déménagement.
Les marchands de bric-à-brac étaient encombrés de couronnes, de.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Victor Hugo, dans cet extrait des Misérables, décrit le passage d'un convoi de forçats dans les rues de Paris.
- Victor Hugo: convoi de forçats dans les rues de Paris. commentaire composé
- Victor HUGO, Les Chansons des rues et des bois : Jour de fête aux envirous de Paris
- Jour de fête aux environs de Paris - Victor HUGO, Les Chansons des rues et des bois.
- Proposition de correction : Victor Hugo, Notre Dame de Paris, (1831) ch. VIII, t. 7