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Fin de Partie Beckett : "Rien n'est plus drôle que le malheur" affirme Nell. En quoi cette réplique éclaire-t-elle le sens de la pièce ?

Publié le 06/04/2011

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Beckett écrit Fin de Partie entre 1954 et 1956. Cette période de l'histoire est marquée par la guerre froide. Les atrocités    de la seconde guerre mondiale et la lourde menace d'un éventuel conflit laissent peu de confiance en l'avenir de l'humanité et en sa nature. L'existentialisme est le mouvement littéraire et philosophique le plus notable de l'après-guerre, s'appuyant sur l'absurde et tragique condition humaine. Beckett, tout en délaissant les techniques du théâtre conventionnel au profit de Nouveau Théâtre, s'adonne dans Fin de Partie à refléter cette image de l'humanité à travers quatre personnages, et ce avec un pessimisme et une ironie qui lui sont propres. Il s'agit d'étudier le sens de la pièce à travers la réplique de Nell : "Rien n'est plus drôle que le malheur". Nous répondrons en mettant en évidence la situation pathétique des personnages, puis en étudiant comment le comique est employé au service de l'ironie et de la dérision.       

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« manquer.

Nagg et Nell vont jusqu'à se partager un biscuit, faute de "bouillie" (p.21) que réclame Nagg à Hammcomme un enfant (paradoxe car Nagg et le père de Hamm).

Le mot "bouilles" lui-même désigne par sa naturepéjorative de la nourriture sommaire et peu appétissante.

L'auteur souligne que la fin est imminente et inévitable :"Si elles devaient germer elles auraient germé.

Elles ne germeront jamais." Dit Clov (p.26) en parlant des graines. La solitude et l'angoisse viennent accentuer le pathétique de la situation.

En effet, les dialogues sont dénuésd'échanges et de sentiments sensés, à l'exception du couple Nagg et Nell qui laissent apparaître une tendresseréciproque et sincère.

Hamm est le personnage qui semble être le plus atteint de solitude et d'angoisse,probablement par l'insensibilité qui le caractèrise.

Il ne respecte pas ses parents : "Maudit fornicateur !" (p.22); etsemble ne rien ressentir lorsqu'il apprend la mort de sa mère Nell.

De plus, il semble être responsable de la mort de lamère Pegg à qui il a refusé de l'huile pour sa lampe.

Sa dépendance physique apparaît comme étant sa seulemotivation de communiquer avec Clov qu'il ne cesse de solliciter tout au long de la pièce.

Il est au centre dumanque de chaleur : "je suis seul" dit-il (p.15), et apparaît comme un misanthrope : "Eh bien, va l'exterminer !"lance-t-il à Clov en parlant d'un enfant aperçu à l'extérieur (p.101) Nous avons ici mis en évidence la misérable situation des personnages pour justifier que Nell dans sa réplique parlede malheur. Deuxième partie : le comique employé au service de la dérision La situation des personnages est marquée par le désespoir, et ne connait aucune évolution au long de la pièce.Tout est propice à éprouver de la pitié pour les personnages, mais Beckett va donner un autre sens à la pièce en yintroduisant le registre comique.

Celui-ci est à la fois présent dans l'innocente absurdité de la situation despersonnages, bien que ceux-ci par leur sarcasme contribuent largement à leur propre dérision. Le comique de répétition est présent du début à la fin de la pièce, et est l'image, le reflet de la vie des personnagesqui coulent des jours identiques et répétitifs : "Hier ! Qu'est-ce que ça veut dire.

Hier !" s'exclame Hamm (p.60).L'acte de répétition le plus comique et le plus absurde reste le tour de la pièce de Hamm dans son fauteuil, ouencore les montées et descentes incessantes de Clov sur l'escabeau obéissant aux ordres de Hamm.

Cela traduitencore une fois l'enfermement dans le temps, comme si les personnages étaient piégés et que toute tentatived'évasion était futile.

L'apogée du comique de situation est le fait que Nagg et Nell habitent dans des poubelles.

Lesabsurdités se multiplient tout au long de la pièce, dont le sens est parfois éclairé et résumé dans quelques brèvesrépliques : "Si je ne tue pas ce rat il va mourir" dit Clov, ou encore "La fin est dans le commencement, et cependanton continue"; répliques qui peuvent paraître comiques mais traduisent une condition humaine désespérée etirréversible. Le sarcasme des personnages quant à leur propre situation constitue le comique le plus cruel.

Ce comique estsurtout transcrit à l'aide de jeux de mots : "c'est pour la bagatelle ?" ironise Nell quand Nagg la réveille; en effetétant cul-de-jattes tous deux ne peuvent avoir de relations sexuelles et Nell en joue.

Clov, lui, fait de la vie unesouffrance vaine qui n'aboutit à rien de bon :"Tu n'étais pas encore de ce monde" dit Hamm à Clov qui répond : "Labelle époque !" (p.61).

Ce comique sarcastique est plein de cruauté et de pathétisme, et va jusqu'à créer un malaisechez le spectateur/lecteur. Conclusion Beckett nous livre une œuvre qui transmet sa vison de la condition humaine, à savoir négative et sans espoir.L'allusion au malheur de la réplique de Nell "Rien n'est plus drôle que le malheur" éclaire le sens de la pièce car ellesouligne l'absurdité du malheur des personnages, qui par son irréversibilité oblige à être accepté jusqu'à mêmedevenir un objet de jeu, et d'humour.. »

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