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Ionesco écrit : « Apporter un message aux hommes, vouloir diriger le cours du monde, ou le sauver, c'est l'affaire des fondateurs de religions, des moralistes ou des hommes politiques... Un dramaturge se borne à écrire des pièces, dans lesquelles il ne peut qu'offrir un témoignage personnel, affectif, de son angoisse et de l'angoisse des autres, ou, ce qui est rare, de son bonheur... Une œuvre d'art n'a rien à voir avec les doctrines. » Sans vous limiter nécessairement au domaine théât

Publié le 08/03/2011

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   Une bonne connaissance de l'histoire littéraire vous sera nécessaire pour aborder ce sujet traditionnel qui pose le problème de la mission de l'écrivain et de la finalité de l'art. Vous devez donc avoir acquis une vision synthétique sur les diverses conceptions esthétiques, parfois contradictoires entre elles, qui animent le monde littéraire des classiques, des romantiques, des symbolistes, des parnassiens...    La citation semble dans sa formulation même se référer plus particulièrement au domaine théâtral : le mot « dramaturge « apparaît dans l'énoncé mais surtout, bien qu'indirectement, ceux de morale et de politique, notions souvent inséparables du théâtre (cf. la conception classique du théâtre, le théâtre de Sartre ou de Brecht). Cependant, vous pourrez puiser vos exemples dans tous les registres de la littérature et même de l'art en général.

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« troubles, de doute métaphysique, etc.). A cette véritable prise de conscience, Voltaire Hugo, mais aussi les poètes de la résistance (Desnos, Éluard) etMalraux ont répondu par un engagement politique réel.

(Voltaire, quant à lui, s'était fait « le champion de la justice».) Ionesco réfute tout caractère soit didactique, soit philosophique ou moral à l'œuvre d'art, du moins quand cecaractère se veut ostentatoire...

Faut-il pour cela bannir le théâtre de Sartre ou de Camus et plus encore le théâtrede Molière ou de Corneille sous prétexte qu'ils sont porteurs d'une philosophie (dans le cas de Sartre ou Camus) oude concepts moraux ? (C'est, du même coup, réfuter complètement la conception aristotélicienne de la tragédie.) 2.

Certains se sont servis de l'art comme d'un outil.

L'art risque alors d'y perdre son essence, même si la notion d'artreste indéfinissable. 3.

D'autres ne voient en lui qu'une consolation et non une arme de combat.

Une citation de Thomas Mann résumebien ce point de vue : « L'écrivain est le dernier à se faire des illusions au sujet de son influence sur le destin des hommes.

Dédaigneux dumauvais, il n'a jamais pu arrêter le triomphe du mal.

Soucieux de donner un sens; il n'a jamais pu empêcher lessanglants non-sens.

L'art ne constitue pas une puissance, il n'est qu'une consolation.

» Mais, dernière question que l'on se posera, l'intérêt de l'œuvre d'art ne réside-t-il pas ailleurs que dans l'objet detoutes ces controverses ? L'œuvre d'art ne prend-elle pas son véritable fondement, son sens profond, bien au-delàdes questions en somme superficielles de sa destination, dans le mystère même qui accompagne l'élaboration d'unlangage, l'apparition d'un visage au creux même d'une pierre insignifiante et froide... Que l'artiste se veuille un rêveur ou un inquiéteur (Gide), un homme « engagé » ou désireux de fuir le monde, sonœuvre dépassant l'idéologie ou la prise de position qu'elle avait servies saura, de par la fascination qu'elle exercerasur des générations futures d'hommes, survivre au contexte et même créateur qui lui avaient donné la vie. N'est-ce pas la caractéristique la plus intéressante et aussi la plus mystérieuse de toute œuvre d'art : soncaractère d'éternité...

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