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Jean Giraudoux, Amphitryon 38, Acte I, Scène 5

Publié le 24/12/2012

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giraudoux

Giraudoux voudrait bien tenir à l’écart ces dieux jugés trop envahissants. En effet, comme les autres

auteurs du corpus, il revendique pour l’homme d’être fidèle à sa nature, ni ange, ni bête, homme

seulement. Cette humble sagesse séculaire et mesurée est bien difficile à vivre, mais le bonheur est à ce

prix. Le modèle à suivre n’est pas Amphitryon, mais Alcmène, femme moderne qui affirme son

indépendance à l’égard du Ciel. Elle refuse les illusions du rêve pour s’ancrer dans son humanité. Elle

refuse en particulier de devenir immortelle pour se contenter d’un bonheur conjugal fugace mais bien

réel, si appréciable dans sa fragilité. En ce sens, elle refuse la tragédie dont Giraudoux écrivait qu’elle

était « l’affirmation d’un lien horrible entre l’humanité et un destin plus grand que le destin humain : c’est

l’homme arraché à sa position de quadrupède par une laisse qui le retient debout, mais dont il sait toute

la tyrannie et dont il ignore la volonté «. Alors que dans le ciel européen commençaient à s’accumuler les

nuages, Giraudoux voulait encore croire, pour le bonheur de l’humanité, que la Guerre de Troie n’aurait

pas lieu.

giraudoux

« dieux.

Il existe bien une distance sociale entre les deux personnages, mais corrigée par une complicité de circonstance. … qui se transforme en dialogue philosophique… Cet échange comique entre maître et valet se mue peu à peu en dialogue philosophique à la mode du XVIIIe siècle. Un échange sous forme de question / réponse L’extrait est d’abord régi par les interrogations de Jupiter qui veut recueillir l’assentiment de Mercure sur la qualité de sa transformation extérieure.

Ensuite le serviteur reprend la main pour vérifier les dispositions intérieures de son maître.

Il s’agit dans les deux cas de questions ouvertes invitant à la confidence.

Cet interrogatoire serré est destiné à évaluer la conformité à la personnalité d’Amphitryon et plus généralement à un modèle humain.

On peut y discerner également un fonctionnement proche de la maïeutique de Socrate qui cherchait à faire naître dans l’esprit d’autrui, par des interrogations habiles, les pensées qu’il avait lui - même. Une expérimentation Cet examen ne se contente pas de manier des concepts théoriques, il fait appel au registre didactique de l’expérimentation scientifique.

Il émet des hypothèses que l’expérience doit confirmer.

Dans la fabrique divine, l’homme doit passer par quelques tests de réglage pour adopter le bon rythme cardiaque, la dépense optimale de sa force vitale. Jupiter semble se soumettre à un examen d’embauche où le candidat doit répondre à un questionnaire sur sa personnalité, ses motivations, son expérience.

Le séducteur doit convaincre son interlocuteur qu’il possède le bon profil.

Giraudoux suggère non sans humour que le démiurge ignore tout de ses créatures. Le lecteur peut déceler chez lui un agnosticisme souriant. … pour nous présenter une conception de l’homme. Ce jeu de questions et de réponses élabore peu à peu un portrait de l’homme composé d’un corps, d’un cœur et d’un esprit. Un corps Par son corps, résumé dans son cœur physique, cette pompe qui irrigue son être matériel, l’homme appartient au règne animal.

Il est en symbiose avec le chien, le chat, le poisson ou le cheval suivant son rythme cardiaque.

Il existe une continuité dans l’ordre des êtres animés.

Ce corps vieillit en permanence.

Il est le support d’un principe vital, à moins qu’il ne soit lui -même ce principe.

Mercure croit le discerner dans le regard : « Jusque dans ses yeux, je vois la lumière vieillir.

» Par son corps, l’homme est donc mortel, à la différence des dieux qui ne connaissent pas la corruption de la mort1.

Jupiter veut bien se couler dans la peau d’un homme, mais n’est pas prêt à renoncer à son privilège divin : « mes amis mourront, pauvres amis, hélas oui ! Mais pas moi.

» Un cœur L’homme, en tant que part masculine de l’humanité2, se définit aussi comme un être de désir.

L’homme. »

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