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JEU D'ADAM (Histoire de la littérature)

Publié le 31/12/2018

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histoire

JEU D'ADAM (xiie -xiiie siècle). L'Ordo représentations Adae, représenté entre 1175 et 1225, est le chef-d’œuvre du drame liturgique médiéval, genre qui mettait en scène, dans l’église et à leur place « historique », des épisodes de l’histoire sacrée, complétant ainsi le culte sans le remplacer. On y retrouve les principaux caractères de ce théâtre rituel : mélange des chants liturgiques et du jeu dramatique; hiératisme et stylisation de la mise en scène (il ne faut pas être trompé par les nombreuses indications du manuscrit : elles désignent un décor et un jeu d’une extrême simplicité); lieu théâtral enfin, qui, contrairement à ce qu’on a cru longtemps, est sans doute l’intérieur de l’église et non son parvis. Mais, comme on le voit, ce n’est que par son aspect, par sa forme que le Jeu d'Adam se rattache à la tradition. Dès qu’on pénètre dans le texte (ce texte qui, justement, prend pour la première fois une importance considérable), on sent cette tradition éclater de toutes parts. Alors que les drames liturgiques sont des représentations fragmentaires du mythe chrétien (Nativité, Résurrection, par exemple), l'Adam offre un aspect nettement cyclique. Il est en effet formé de la réunion de trois ensembles qui ont pu être, à l’origine, distincts mais qui sont ici revivifiés par une totale unité d’inspiration : le jeu d’Adam et Ève, le jeu d’Abel et Caïn, une procession de prophètes annonçant la venue du Messie et se terminant, comme il est d’usage, par la prédiction du Jugement dernier (ce long sermon final de l’antique sibylle christianisée, parfois refusé par les éditeurs, est indispensable à la structure de la pièce). De la Création à la fin du monde, c’est donc toute l’histoire chrétienne qui est proposée au spectateur, mais une histoire sélective, celle des moments forts du péché humain. Le dessein n’est donc pas, comme dans le drame traditionnel, la représentation objective d’événements sacrés, mais une approche morale de l’aventure humaine. L’homme est alors poussé au premier plan, par le biais de la psychologie et du réalisme. Les héros ne cessent de délibérer et agissent sans déterminisme. Le personnage d’Ève est si fouillé qu’il devient ambigu, du moins pour le lecteur moderne prêt à y voir du féminisme. Le diable, pour tenter la femme, prend les allures d’un séducteur courtois. La pièce enfin a un caractère politique : son premier acte donne en effet l’image non de la création de l’homme naturel, 

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